Des centaines de poissons morts dans la rivière Nicolet

La canicule qui a sévi la semaine dernière a entraîné la mort de centaines de poissons dans la rivière Nicolet. La baisse du niveau de l’eau et son réchauffement marqué auraient contribué à cette vague de mortalité auprès des meuniers noirs, des chevaliers rouges, des ouitouches et des menés.

C’est un citoyen de Ste-Monique, Claude Lemire qui, après avoir aperçu tous ces poissons flottant sur la rivière Nicolet à environ cinq kilomètres en amont du pont de Ste-Monique, en a fait part à la Corporation pour la promotion de l’environnement de la rivière Nicolet (Copernic), dont il est administrateur.

 

Selon le géographe de Copernic, Raphaël Fort, la succession de trois épisodes climatiques serait à l’origine de cette vague de mortalité. Tout d’abord, le peu de neige tombé cet hiver, la sécheresse de juin ensuite et, enfin, la canicule au début du mois de juillet. «Comme la rivière Nicolet est une rivière de surface qui n’a pas de recharge souterraine, l’eau a rapidement baissé et s’est réchauffée», note-t-il.

Du jamais vu

Pour expliquer la mort des poissons, on pense que le réchauffement de l’eau aurait pu faire diminuer l’oxygène dissout dans l’eau. «Je n’avais jamais vu de ma vie une température aussi chaude dans un cours d’eau. La température que j’ai prise avec des équipements spécialisés indiquait que l’eau, à un mètre de profondeur et dans le courant, était à 35,2 degrés, ce qui est énorme», explique M. Fort.

 

Quant au taux d’oxygène dissout, le géographe a noté un taux oscillant entre 25 et 30%, ce qui est très faible, car celui-ci a été enregistré dans le courant, où il y a un brassage de l’eau et où elle est censée être davantage oxygénée. «C’est le même taux que l’on retrouverait dans un lac en profondeur! Et la vie aquatique peut être en péril à partir de 50 et 55%, renchérit-il. D’ailleurs, les menés ne meurent pas habituellement lorsque la température de l’eau se réchauffe», soutient-il. Or, la semaine dernière, des centaines d’entre eux flottaient sur la rivière Nicolet, bel et bien morts.

Selon le biologiste Yves Mailhot au ministère de Ressources naturelles et de la Faune, il est normal que les poissons ne puissent endurer un tel environnement. «Dans ces circonstances, les poissons atteignent leurs limites. Les poissons sont des animaux à sang froid qui ne peuvent pas réguler leur température interne. S’il fait trop froid, ils tombent amorphes, s’il fait trop chaud ils tombent amorphes», explique-t-il, visiblement surpris par les résultats obtenus par les analyses de M. Fort.

Une baignade hasardeuse?

Selon M. Fort, il est important, surtout pour le bien-être des jeunes enfants, de se renseigner adéquatement avant de se baigner dans les cours d’eau.

En effet, des taux de coliformes fécaux élevés peuvent entraîner chez certains enfants à la peau sensible de la dermatite et l’apparition de plaques rouges sur leur peau. Dans des cas plus rares, certaines personnes pourraient aussi développer une irritation de leurs muqueuses, soit au niveau des oreilles, de la bouche ou du nez. «Notons d’ailleurs que la rivière Nicolet reçoit l’eau des champs où de l’épandage a lieu», souligne M. Fort. Cependant, il est difficile pour le grand public d’obtenir l’état de la qualité des cours d’eau dans la région. «Il s’agit d’une lacune», dit le géographe de Copernic.

À preuve, malgré de multiples appels logés la semaine dernière à la direction régionale de la Mauricie et du Centre-du-Québec du ministère du Développement Durable, de l’Environnement et des Parcs, aucune réponse n’a pu être obtenue au sujet de la salubrité de l’eau de la rivière Nicolet. En effet, aucun expert n’a été en mesure de retourner nos appels avant que le journal parte en impression hier.