Comprendre et vivre avec le TDA/H: un débat de société

SANTÉ. Étant donné qu’un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) se passe dans la tête de la personne atteinte, c’est difficile pour les gens autour de bien saisir la problématique.

«Par exemple, si on est dans un restaurant et qu’on voit un enfant trisomique, on aura souvent le réflexe de se dire «Ah mon Dieu! J’espère que les parents ont de l’aide.» C’est normal et les situations sont loin d’être similaires. Mais dans le cas d’un enfant qui a la bougeotte et qui parle fort, les gens se diront: «Si c’était mon enfant, je m’organiserais pour le calmer. Les parents le laissent faire ce qu’il veut.» alors que bien souvent, les parents font leur gros possible avec leur jeune atteint d’un TDA», souligne directrice générale de la Clinique multidisciplinaire pour le TDA/H en Mauricie-Centre-du-Québec, Marie-Michèle Lemaire.

Dévouée à cette cause depuis des années, elle croit que comme c’est une problématique qui est invisible, c’est méconnu et ainsi, «c’est bien plus facile de porter un jugement.»

Encadrement serré

Mme Lemaire estime qu’un enfant atteint d’un trouble déficitaire de l’attention sans hyperactivité peut réussir à «surfer dans le système», s’il est bien encadré, alors qu’un jeune atteint d’un TDA avec hyperactivité est facilement repérable, surtout en milieu scolaire.

«Si les parents l’ont bien encadré, c’est possible qu’un jeune ne se rende compte que rendu dans la vingtaine qu’il a un problème de concentration ou de désorganisation. Tant qu’un TDA est bien encadré et qu’il n’a qu’à s’occuper de lui-même, il peut fonctionner assez bien. Si la personne se trouve un chum ou une blonde qui l’aide, ça peut encore aller. Mais généralement, c’est quand les enfants entrent dans le portrait que ça se gâche, puisque le nombre de responsabilités augmente et les oublis sont plus importants, comme oublier l’enfant à la garderie, par exemple. Par ailleurs, à l’âge adulte, on note un bon nombre de séparations, parce que par impulsivité, certains gestes posés sont regrettables et impardonnables.»

La directrice générale croit que «derrière chaque personne TDA/H, il y a une Germaine Faut qu’on, c’est-à-dire un parent, «un ami ou un conjoint qui gère et qui mène les projets et qui rappelle à l’individu TDA/H qu’il «faut qu’on» fasse ceci, cela, etc.»

La clé est donc de mettre des outils en place et faire en sorte qu’ils demeurent les mêmes. Selon Marie-Michèle Lemaire, qui a reçu un diagnostic de trouble déficitaire de l’attentio à l’âge de 40 ans, c’est aussi une question d’organisation. «C’est important de consulter des spécialistes qui aideront à trouver les bons outils, puisque chaque cas est différent. Il faut ensuite mettre en place des recommandations pour l’école ou l’employeur et la personne qui a un TDA/H doit savoir quels sont ses besoins.»

À titre d’exemple, elle explique qu’un employé peut demander à son patron de changer de quart de travail, s’il juge qu’il serait plus efficace à un autre moment de la journée, ou encore, qu’il a besoin de porter des coquilles sur les oreilles pour rester concentré sur ses tâches à accomplir, sans être distrait par les autres bruits ambiants.

Spécialistes

Une quarantaine de spécialistes oeuvrant dans divers domaines travaillent à la Clinique multidisciplinaire pour le TDA/H en Mauricie-Centre-du-Québec, ce qui permet de répondre à chaque besoin. «C’est qu’un déficit de l’attention peut se traduire de différentes façons: troubles de langage, d’apprentissage, etc., exprime Marie-Michèle Lemaire. C’est pourquoi on vise large en ayant à notre disposition des ergothérapeutes, psychoéducateurs, orthophonistes, psychologues, un travailleur social, une ostéopathe, et plusieurs autres. On s’assure de fournir les bons soins qui répondent aux réels besoins du patient.»

Elle ajoute qu’une rencontre avec un spécialiste permet de travailler au-delà du déficit d’attention. L’intervenant pourra outiller la personne atteinte au niveau de ses relations avec les autres, les impacts de son TDA/H, ses émotions, son travail ou école, l’estime de soi, …

Suivez Joanie Mailhot sur Twitter: @Jo_Mailhot