«C’était extrêmement triste»

VICTORIAVILLE. Le maire Alain Rayes a manqué de mots pour décrire l’atmosphère des funérailles régimentaires des trois policiers de la GRC tués à Moncton le 4 juin, dont Dave Ross, originaire de Victoriaville. «C’était extrêmement triste», dit le maire, évoquant un Colisée de Moncton plein à craquer, le lourd silence troué par les gémissements du Berger allemand (Danny) du maître-chien Ross, seul chien admis dans l’enceinte.

Le maire s’est rendu à Moncton mardi en compagnie de Martin Leblond, directeur du service de la sécurité publique de la Ville et de Charles Verville, coordonnateur du service des communications.

M. Rayes se devait, croit-il, de se rendre jusqu’à Moncton pour aller offrir à la famille de Dave Ross tous les messages de sympathie formulés par la population. «On a eu une vague de messages et comme tout le monde ne pouvait aller à Moncton, j’avais cette responsabilité de m’y rendre pour les transmettre à la famille.»

D’ailleurs, souligne le maire, la Ville réunira, dans deux albums, tous les messages qu’elle a reçus de la population par courriels ou par les réseaux sociaux et les remettra aux parents de Dave Ross, sa mère, Hélène Rousseau et son père, Yvon Ross.

M. Rayes a pu les rencontrer là-bas, de même que l’épouse du disparu, Rachael et leur garçonnet de 19 mois, vêtu comme un petit agent de la GRC. Enceinte, la jeune veuve paraissait encore sous le choc, même si depuis la mort de son mari, les gens de la GRC lui assurent un support quotidien, a constaté le maire.

Trois salles privées avaient été aménagées pour que les familles puissent se réunir et accueillir les condoléances. C’est là que M. Rayes a remis aux familles le drapeau de Victoriaville.

Si la longue entrée des trois cercueils a constitué un moment d’une tristesse inouïe, le moment le plus difficile de la cérémonie reste celui, final, de la remise du chapeau et du drapeau canadien aux trois épouses, raconte Alain Rayes.

«Pour les familles, il devait tout de même être réconfortant de voir autant de monde réuni, plusieurs milliers de personnes – on parlait de près de 10 000 –, 80 à 90% étant des policiers de tout le pays, même des États-Unis et de Londres.»

Le premier ministre du Canada était présent ainsi que plusieurs premiers ministres de provinces et chefs de parti. «Nous sachant de Victoriaville, des gens comme Philippe Couillard et Justin Trudeau nous offraient leurs condoléances, soulignant ainsi le fait que ce deuil touchait aussi la communauté de Victoriaville.»

Le maire ne savait pas où serait inhumé le gendarme victoriavillois de 32 ans. Il dit que la Ville demeure ouverte aux demandes que pourrait lui faire la famille. «On va laisser la poussière retomber avant de contacter les parents et voir avec eux si l’on peut faire quelque chose.» Mais ils préféreront peut-être vivre leur douleur et leur deuil en privé après une cérémonie d’une telle ampleur, pense le maire.

Quoi qu’il en soit, il y avait un peu de Victoriaville dans cette cérémonie, les trois cercueils des policiers ayant été fabriqués par la victoriavilloise Fournitures Funéraires, des cercueils de modèle Dominion comme celui utilisé pour rapatrier d’Europe la dépouille du soldat inconnu en mai 2000.

Les mots d’Yvon Ross Dans L’Acadie nouvelle, le journal de Moncton, mardi jour des funérailles, on pouvait lire ces quelques lignes touchantes du père de Dave Ross, Yvon Ross. «Par-dessus tout ce qu’il a fait, il y a ce qu’il est Oui, un fils respectueux, Oui, un fils responsable, Oui, un fils attentionné envers Rachael et Austin. Mais surtout, mon fils, mon fils Le destin a voulu que Dave décède à 32 ans. Que puis-je ajouter? Dieu a donné, Dieu a repris, Que Dieu soit béni! Adieu mon fils.»