«C’est un choix idéologique» -Claire Bolduc

POLITIQUE. Si elle espère que la lettre envoyée au premier ministre Philippe Couillard pourra faire bouger les choses, la présidente de Solidarité rurale du Québec doute de la volonté du gouvernement de prolonger sa relation avec l’instance-conseil.

La missive demande qu’il intervienne de toute urgence auprès du ministère des Affaires municipales. Celui-ci a décidé de bloquer un chèque de près de 400 000 $ qui devait permettre d’assurer la transition jusqu’au 31 mars 2015.

Sans intervention, cette situation sonnerait le glas pour la dizaine d’employés qui ont déjà été avisés que leur emploi prendra fin à compter du 8 décembre prochain.

«Avec les informations que nous avons, nous avons pris les mesures qui s’imposent. Si nous avons des nouvelles différentes, nos employés seront rappelés», assure la présidente de SRQ, Claire Bolduc, qui doute toutefois que les Libéraux reviennent sur leur décision de couper un montant de 750 000 $ au budget de l’organisme.

«C’est un choix idéologique que prend le gouvernement. Ce n’est pas lié à une question de budget, parce qu’il prend cette somme pour créer une chaire de recherche sur la ruralité. Il y en a déjà quatre au Québec. On se demande à quoi servira une cinquième, déplore-t-elle. Notre rôle était justement de faire le lien entre la recherche et les besoins réels pour les traduire en actions concrètes.»

À titre d’instance-conseil en ruralité, SRQ devait poser un regard critique sur les projets de loi, les règlements ou les orientations prises par le gouvernement. «Nous étions mandatés pour réfléchir à ce que ça pouvait avoir comme impacts dans les régions, proposer autre chose de mieux adapté et émettre des opinions», indique la présidente.

Celle-ci croit que le gouvernement Couillard rejette le modèle proposé par l’instance-conseil qui mise sur la participation citoyenne pour développer les communautés rurales du Québec. «Nous avons un discours porteur et mobilisateur pour que l’on s’occupe de nos communautés, pas uniquement du milieu des affaires», souligne Claire Bolduc.

«On a compris que notre message dérange. À ce point que le gouvernement a même refusé de nous rencontrer depuis qu’il est au pouvoir; qu’il a pris cette décision sans même constater tout le travail que nous avons fait et son importance pour le développement rural.»

Fondé en 1991, SRQ agissait à titre d’instance-conseil auprès du gouvernement depuis 1997. Cette décision met ainsi fin à une relation de près de 20 ans avec une organisation qui a conseillé les gouvernements de Lucien Bouchard, Bernard Landry, Jean Charest et Pauline Marois.

«Nos employés sont déçus, mais nos administrateurs sont offusqués, note la présidente. C’est une façon odieuse de traiter une organisation qui a fait ses preuves sur le terrain et auprès des gouvernements qui se sont succédé au fil des ans».