À la mémoire des tailleurs de pierre

PATRIMOINE. Un ancien atelier des tailleurs de pierre, une activité économique qui recèle une longue tradition à Deschaillons-sur-Saint-Laurent, est entre bonnes mains.

André Gagon, un retraité de la commission scolaire La Riveraine et un passionné de la conservation du patrimoine, s’est donné comme mission de préserver l’âme de ce lieu.

Lorsqu’il a acquis le bâtiment, en 2006, il n’était plus un atelier depuis plusieurs années, mais servait plutôt pour de l’entreposage de matériel et de remisage pour des pièces de granit. «Il était à 90% sur la terre et sur la roche», raconte-t-il.

Depuis, il a complètement revampé l’atelier pour y a aménager un loft tout en conservant le plus possible son cachet intérieur. Il a d’abord fait relier les systèmes municipaux, avant de rendre le tout habitable et de donner au bâtiment une plus fière allure. Il reste encore quelques travaux de finition, mais on peut déjà dire que tout un travail a été réalisé!

Le plafond est resté intact avec des planches et des poutres, tandis qu’un élément mécanique qui servait à manipuler les roches se trouve encore à l’intérieur et sert d’élément de décor. Il s’agit d’un palan en bois avec lequel les travailleurs pouvaient soulever la pierre et la faire tourner à 360 degrés selon leurs besoins.

L’apparence à l’extérieur a aussi été conservée en grande partie avec un toit en tôle et des murs en bardeau, mais un peu de peinture a été ajouté pour lui donner un peu d’éclat. «Il y a aussi 90% des fenêtres et deux portes qui sont celles d’origine», souligne André Gagnon.

Un peu d’histoire

Cet atelier a appartenu à la famille Lemay qui a vu passer six générations à Deschaillons, dont au moins cinq étaient des artistes de la pierre… une activité économique qui se sera passée de père en fils pendant plus de 175 ans.

De Joseph Lemay, qui s’y est installé autour des années 1803, à Onézime qui a été maçon et briquetier jusqu’en 1891, en passant par Joseph-Onésime dit James Lemay dit Poudrier, qui a été maçon puis tailleur de pierre durant toute leur vie.

Alcide a ensuite pris la relève pour devenir marbrier et propulser l’entreprise. Il a inauguré son atelier, en 1906, avec quatre employés, pour devenir un spécialiste des monuments funéraires à la grandeur de la province et même à l’international.

Il a aussi participé à la construction de l’église Saint-Jacques de Montréal, dont certaines parties sont conservées devant l’Université de Montréal. Il a aussi pris part à la reconstruction de la sacristie de l’ancienne église.

Il a ensuite passé le flambeau à Jean-Noël qui a pris la relève à partir de 1940 après avoir fait son cours classique. Lui et son fils Michel ont été le sujet du film «Les tailleurs de pierre» produit par l’Office national du film, en 1977.

Le film de Louis Plamondon (pas le député de Bas-Richelieu-Nicolet-Bécancour) présente l’ardeur, la patience et la passion de cette famille à travers leurs témoignages.

 

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