Unis pour le meilleur et pour l’amour de l’horticulture

SAINT-SYLVÈRE.  Au milieu des années 80, Johanne Bélanger et Daniel Bathalon ont fait l’acquisition de leur maison à Saint-Sylvère ainsi que d’un vaste terrain de 500 par 1300 pieds, à l’époque presque entièrement recouvert de conifères et de foin. En près de 40 ans, malgré les embuches qui ont pu se mettre dans le chemin de leur bonheur, ils ont cultivé à la fois leur amour et leur terrain grâce à leur passion commune de l’horticulture, et ont créé les Jardins Jo-Dan.

« Le rêve de mon mari lorsqu’il était jeune, avant même de rencontrer une fille, c’était d’avoir une maison avec des fleurs tout autour!, lance d’emblée Mme Bélanger. Je ne sais pas s’il avait vu ça aussi grand! », ajoute-t-elle en riant.

Leur jardin a commencé très humblement par un petit rond de concombres et quelques fleurs en périphérie. « À côté, c’était un champ de vaches. Eh bien les vaches ont sauté la clôture et sont venues manger mes affaires! », se rappelle Mme Bélanger.

« Je semais des fleurs, et je n’étais pas bonne! », enchaine-t-elle. Puis, en 1988, à la vue d’une petite annonce dans Le Courrier Sud, elle a appris que des cours en horticulture se donneraient à Nicolet. Elle s’est inscrite pour la somme de… 5$! Et pendant un an et demi, l’autobus passait la prendre pour qu’elle acquière toutes les connaissances dont elle rêvait pour faire pousser des fleurs chez elle. Johanne Bélanger fait donc partie de la toute première cohorte du programme.

Mme Bélanger a alors semé des fleurs. « Je vendais ça au chemin! », raconte-t-elle. Puis, en 1990, elle a commencé à travailler en horticulture pour Roger Janvier, à Trois-Rivières, un spécialiste de la taille des conifères. C’est grâce à son expertise que la nouvelle horticultrice a appris l’art topiaire, soit celui de tailler architecturalement les arbres, plus précisément, dans son cas, le thuya.

De son côté, Daniel Bathalon était à l’époque contremaitre dans un moulin à scie. En 1999, il a eu un accident qui lui a couté la moitié de sa main droite. S’en est suivi une dépression, car il était désormais incapable de travailler. Il a dû faire de la physiothérapie, de l’ergothérapie, et subir deux opérations. Pour passer le temps, il a « poussé la tondeuse » afin de défricher, autant que faire se peut, l’immense terrain.

En 2002, lorsque M. Janvier est décédé, Johanne Bélanger a décidé de lancer sa propre entreprise afin de poursuivre ce que son ancien patron lui avait appris à faire : de la topiaire. Elle s’est lancée en entreprise et a amené son conjoint avec elle dans son aventure!

Ceux qui se promènent dans les rues de Trois-Rivières ont de fortes chances de tomber sur les œuvres de Johanne Bélanger et Daniel Bathalon, car de moins en moins d’entreprises donnent dans l’art topiaire : des spirales, des cœurs, de petits chiens…

« Pour la taille, c’est beaucoup de travail et, surtout, du talent. Tous les tailleurs travaillent avec une machine, alors que nous, on travaille tout à la cisaille. C’est plus joli pour la finition. On est capable de faire du droit, on est capable de faire des cubes!, explique Mme Bélanger. Daniel, avec le talent qu’il a, il n’avait pas besoin de cours, lui, ajoute-t-elle, en soulignant l’instinct qui habite son conjoint. Il est meilleur que moi! »

Les Jardins Jo-Dan

Après quelques décennies de travail dans leur jardin, Johanne Bélanger et Daniel Bathalon ont entièrement aménagé leur terrain.

« On y retrouve une petite plantation d’épinette dans laquelle on a ajouté des feuillus. On s’est aménagé des sentiers et on a une voiturette de golf pour ceux qui sont à mobilité réduite, mais qui veulent visiter », explique Mme Bélanger.

« On se définit comme un jardin indigène, alors on retrouve des plantes sauvages, comme de la verge d’or, par exemple, parmi lesquelles on va intégrer de l’ornemental », explique l’horticultrice.

Le couple mise beaucoup sur la récupération et va souvent ramener des plantes dont les clients ont décidé de se débarrasser. « C’est vraiment un jardin à petit budget, mais de temps en temps, on se paye du luxe », explique l’horticultrice. On ne peut cependant pas dire qu’il manque d’amour! Au fil de nos pas dans les Jardins Jo-Dan, on peut croiser plusieurs plates-bandes, un grand espace vert pour que leurs petits-enfants jouent au soccer, un coin entouré d’une haie de cèdres taillée pour y allumer des feux de joie, des sentiers aménagés, dont un de lutins, et des lieux de repos, comme des hamacs, en plus de toute la végétation si chèrement entretenue par le couple.

On peut même rencontrer de précieux arbres portant le nom de ceux qui les leur ont offerts : Lise, Roxanne, Claude… Ces arbres, ils les ont imaginés et regardé grandir avant d’enfin voir le résultat tant attendu, 20 ou 25 ans plus tard. Un travail et une passion qui demandent de la patience!

« On craint le jour où on va être obligé de laisser tomber et de tout vendre, parce qu’on ne sait pas s’il va y avoir de la relève. Mais on est encore en forme! On se dit que l’horticulture, ça doit garder jeune! », conclut Mme Bélanger.