Une mission beaucoup plus large que celle perçue par la communauté

PIERREVILLE. Au cours des dernières semaines, les citoyens du Bas Saint-François étaient invités à signer une pétition réclamant une rencontre avec les administrateurs de la Fondation Santé Bas Saint-François afin de leur demander des éclaircissements et connaître la direction qu’ils entendaient prendre avec les fonds amassés auprès des donateurs.

Les instigateurs de cette pétition, qui a récolté 39 signatures, se disaient « inquiets sur ce qui semble être un conflit en voie de développement ».

Une rencontre aura lieu avec le porte-parole du groupe de citoyens inquiets, Pierre Levasseur. Selon ce que nous avons pu constater en suivant l’évolution du dossier, et au terme de quelques recherches complémentaires, c’est une perception erronée de la mission réelle de la Fondation qui serait à l’origine de certaines tensions et incompréhensions.

Cette mission, rappelons-le, consiste à augmenter l’accessibilité des soins de santé dans la région du Bas Saint-François et de ses environs, et de faire la promotion de la santé dans un contexte de bienveillance.

En soi, la définition est claire. Le hic, d’où origine probablement toute la confusion, c’est que la Fondation a été créée par des administrateurs de la Coopérative de Solidarité Santé Shooner-Jauvin (directeur général et présidente du conseil d’administration de l’époque), à un moment où la coop vivait une situation précaire. C’était en 2017-2018.

Désireux de préserver les soins de santé dans le secteur, ils ont approché la Fondation communautaire du Saint-Maurice, un organisme philanthropique agréé qui vient en aide à des individus ou des regroupements désireux de créer leur propre fonds. Ils se sont affiliés à elle pour créer la Fondation Santé Bas Saint-François. Cela leur a fourni le moyen d’appuyer des activités de bienfaisance et de contribuer aux besoins variés, et nombreux, en matière de soins de santé dans le Bas Saint-François.

Étant donné que la Coopérative de santé Shooner-Jauvin est le principal fournisseur de soins de santé dans le Bas Saint-François, il n’est pas étonnant que la Fondation l’ait supportée en priorité, en contribuant d’abord au projet de mini-urgence. Ce projet permettait notamment d’amener trois médecins à Pierreville et de les équiper d’appareils médicaux et informatiques de pointe.

Puis, pour permettre aux personnes âgées d’accéder plus facilement et en toute sécurité à la Coopérative, à la pharmacie et à l’épicerie, la Fondation a par la suite supporté un projet de trottoir chauffant (« Le trottoir de la santé »), doté d’un débarcadère.

Plus récemment, la Fondation a reçu une demande pour supporter une superinfirmière et d’autres professionnels de la santé œuvrant dans le privé, par le biais d’achats d’équipement et de matériel (exclusivement). Elle a décidé d’appuyer cette demande dans l’optique de bonifier l’accès aux soins et aux services de santé de proximité, en toute concordance avec sa mission. En retour, la population peut désormais bénéficier d’une consultation d’urgence mineure à faible coût (50$). D’ailleurs, la Fondation a adapté cette année son formulaire de dons pour départager ceux faits pour le public de ceux destinés au privé.

C’est ce virage vers le privé, jumelé au déménagement de la Fondation dans l’ancien Centre d’action bénévole de Saint-François-du-Lac (en raison d’un manque d’espace dans les locaux de la Coop), qui a alarmé certains citoyens et mené au dépôt de la pétition.

Inquiets pour l’avenir de la Coopérative de santé, ces citoyens ont commencé à s’interroger sur les intentions de la Fondation et à débattre ouvertement de ses décisions, étant intimement convaincus qu’elle était « le bras financier de la Coop Santé (…) » et que « tous les dons perçus doivent servir à cette fin (obligation de soutenir financièrement le personnel médical dans ses demandes d’achat d’équipements, de combler les besoins financiers de la Coop nécessaires à son bon fonctionnement et autres types de dépenses usuelles nécessités par ses opérations) », comme le mentionnait Pierre Levasseur dans nos pages, la semaine dernière. 

Or, il est important de souligner que la Fondation et la Coop Santé sont deux entités différentes et indépendantes, dotées chacune de leur propre conseil d’administration. Leurs décisions sont prises de sorte à répondre d’abord, et le mieux possible, à leur mission respective. Elles ne sont actuellement pas liées l’une à l’autre par un contrat.