Une forêt gourmande poussera au Musée de la biodiversité

BÉCANCOUR. Déjà doté d’un verger, le Musée de la biodiversité de Bécancour s’apprête à créer sur son terrain une nouvelle forêt nourricière. Il s’agit de son plus récent projet d’exposition; une première au Québec, se targue le directeur général du Musée, Dominic Lamy.

« Des forêts nourricières, il y en a un peu partout. Mais la nôtre sera conçue sous forme d’exposition. On expliquera comment ça fonctionne et on amènera la population à comprendre l’écosystème d’un tel projet. Chaque arbre, arbuste, plante et pollinisateur sera présenté », détaille-t-il.

Le projet est en gestation depuis l’année dernière. « On suit les traces de l’ancienne administration, qui avait déjà réfléchi à un concept de ce genre, ce qui avait mené à la création du Jardin des pollinisateurs« , mentionne M. Lamy. 

Pour l’aider à réaliser sa vision, le Musée s’est allié à des spécialistes du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), comme des agronomes et des ingénieurs. Sur le plan financier, il peut notamment compter sur la Fondation Alcoa et la Ville de Bécancour.

La plantation commencera cet été, fait savoir M. Lamy. « Cette année, on construit l’exposition : on aménage les sols, on plante et on conçoit les panneaux explicatifs. On va travailler pour attirer les bons pollinisateurs et éloigner les mauvais, et s’appuyer sur le concept de la permaculture, c’est-à-dire avoir un environnement qui s’autorégule afin de ne pas avoir besoin d’arroser ni d’utiliser de produits chimiques ou biologiques lors de l’entretien. »

L’exposition devrait être accessible à partir de l’année prochaine. La nouvelle forêt nourricière sera adjacente au verger et englobera le Jardin des pollinisateurs déjà existant.

« Il s’agit d’un projet évolutif, car la production de la forêt dépendra des types d’arbres plantés », souligne M. Lamy. « La maturité de la forêt dépendra beaucoup des espèces. Certaines peuvent prendre plusieurs années avant de produire, et d’autres, seulement un an. Je pense que dans cinq ans, le site ressemblera à ce qu’on se figure comme une forêt. Ce devrait aussi être vers cette période que l’on pourra commencer à goûter à différents fruits à diverses périodes de l’été, et même de l’automne. »

Des poiriers, pêchers, cerisiers, pruniers et noisetiers sont notamment dans la mire du musée, qui envisage aussi planter des framboisiers, bleuetiers, camérisiers et même asiminiers, un arbre fruitier produisant un fruit semblable à une mangue, mais qui goûte un peu la banane. Ce fruit est connu sous le nom de « paw paw« .

« Pour l’instant, on est vraiment dans la phase de préparation. Les plans sont déjà avancés, mais je ne suis pas encore en mesure de confirmer le nombre exact d’espèces végétales qu’il y aura à l’intérieur de la forêt. Mais chose certaine, chacune sera identifiée. »

Dans la vision du musée, le volet éducatif de l’exposition sera poussé plus loin qu’un simple panneau doté d’écriture. « On prévoit aller du côté numérique. Il reste à voir comment on fera pour que ce soit amusant et beau, en plus d’être instructif. »

La forêt nourricière recèle le potentiel de propulser le Musée à un autre niveau, estime Dominic Lamy. « On veut pousser la machine à fond pour vraiment sortir du lot avec ce projet-là. »

Il rappelle qu’actuellement, le musée propose des expositions sur des animaux, sur la préhistoire, et que la venue prochaine de la forêt nourricière lui permettra de mettre en valeur la flore, un aspect incontournable de la biodiversité. « On vit dans un écosystème complet qui fonctionne bien et qui inclut la faune et la flore. On veut parler de tout ça; c’est pile notre créneau », ajoute le directeur général.

Le Musée restera entièrement ouvert durant les travaux.

Revitalisation du verger

Par ailleurs, le Musée est en train de faire une revitalisation de son verger. « Il a plus de 80 ans. Ce sont les frères de l’école chrétienne du Mont-Bénilde qui nous l’ont légué. Les arbres sont magnifiques, mais certains sont rendus à leur fin de vie normale. Il faut en replanter des nouveaux », explique Dominic Lamy.

La configuration du verger sera un peu changée, dans l’optique d’en faire éventuellement un verger biologique. « Présentement, c’est un verger écologique, nuance M. Lamy. On utilise parfois des produits (de synthèse et biologiques) pour l’entretien des pommiers. On souhaite faire une transition vers le biologique sur du long terme. Notre intention, c’est d’obtenir un jour la certification biologique, mais c’est long et assez compliqué. Si on s’y rend, ça ne sera pas demain matin! »