Roman : Aborder la psycho par le divertissement

NICOLET. Le Nicolétain Serge Niquette vient tout juste de faire paraitre son deuxième roman, La Cour du temps, un thriller policier se déroulant à Drummondville. Avant d’être auteur, M. Niquette est tout d’abord un psychologue clinicien, et ce domaine bien à lui ne manque pas de prendre une place de tout premier ordre dans ses histoires. Il s’agit pour lui d’une vitrine de choix pour enseigner et sensibiliser les lecteurs, férus en la matière ou non, à plusieurs aspects du métier.

Dans son œuvre de fiction, le psychologue Jasmin Derome est confronté à une plainte d’agression sexuelle portée par une cliente. L’enquêteur Bruno Lévesque de la Sûreté du Québec assure l’enquête qui le mènera dans les méandres des vérités, alors que le lecteur est plongé dans la complexité d’une relation psychothérapeutique et des dérapages qui peuvent s’y produire. 

« Qu’est-ce qui s’est passé? Comment cette agression sexuelle se serait-elle produite? Est-ce qu’il y a matière à poursuite criminelle ou pas? », soulève M. Niquette.

Plutôt que d’opter pour l’écriture d’essais pour assouvir son désir d’enseigner, Serge Niquette se sert du prétexte du divertissement pour sensibiliser et éduquer au sujet des dérives en psychothérapie. « Si un psychothérapeute n’est pas sensible à tout ce qui se passe implicitement dans la relation, parfois, sans trop s’en rendre compte, des dérives peuvent survenir. Le personnage principal du livre, Jasmin Derome, se retrouve dans une situation comportant des aspects qu’il a mal évalués, mais qui pourtant se passaient bien avec sa cliente », explique l’auteur.

Serge Niquette explique tout d’abord qu’une relation psychothérapeutique est une relation asymétrique et que si le thérapeute n’est pas conscient du « pouvoir » dont il hérite par la force des choses, par la confiance que le client va lui porter, par exemple, cela peut poser problème. « Une relation thérapeutique, c’est une relation qui peut juste évoluer à l’intérieur d’un cadre qui est très spécifique ou qui est très particulier. Un thérapeute, évidemment, ne peut pas devenir l’ami ou l’amoureux de son client. C’est à proscrire absolument. Ce roman présente un peu ce qui se passe quand il y a une confusion de ce point de vue », explique Serge Niquette.

L’auteur mentionne d’ailleurs qu’à sa connaissance, ce type de faute déontologique est la plus fréquente, soit des psychologues qui se sont immiscés dans la vie privée d’un client, qui ont développé une relation amicale ou amoureuse avec un client, ou qui ont eu des relations sexuelles avec l’un d’eux.

Un roman tout en nuances

Ses connaissances et ses expériences en psychologie amènent Serge Niquette à porter une attention particulière à l’élaboration de la psyché de ses personnages qu’il souhaite tout en nuances. « Je trouve qu’on vit dans une ère où on peut tout trancher en blanc ou en noir. Dans le roman, je souhaite que le lecteur ou la lectrice puisse regarder avec beaucoup de nuance tous ces personnages qui ont des blessures, qui ont des aspects bons avec des aspects plus mauvais ou plus difficiles. Je veux qu’à la fin, le lecteur soit bien embêté de trancher. Une fois que l’oncomprend l’ensemble de ce qui est impliqué, ça nous force au gris un peu plus », dit-il.

L’auteur propose d’ailleurs ce qu’il appelle une lecture à trois niveaux. Quelqu’un qui n’aurait aucune connaissance en psychologie pourrait lire l’histoire en éprouvant du plaisir grâce à l’intrigue et aux rebondissements, alors que quelqu’un qui possède quelques notions pourrait approfondir sa compréhension. Finalement, les psychothérapeutes et les psychologues de métier peuvent quant à eux lire à un troisième niveau et appliquer des notions théoriques, comme l’identification projective ou le transfert ou le contre-transfert amoureux ou érotique. « Mais tu n’as pas besoin de notions pour comprendre l’histoire! », rassure M. Niquette.

Les contacts du monde policier

Si Serge Niquette avait déjà les connaissances en psychologie étant donné son métier, c’est grâce à une amitié qui perdure depuis plus de 25 ans avec un spécialiste en emploi de la force à l’École nationale de police de Nicolet, Bruno Poulin, qu’il possède quelques connaissances policières.

« Depuis longtemps que j’entends parler d’histoires policières, que j’entends parler d’enquêtes, que j’entends parler de tout ce qui est complexe, souligne M. Niquette. Toutes les discussions que j’ai eues avec Bruno m’ont permis de comprendre un peu mieux ce domaine-là. »

M. Niquette a également la chance de travailler pour l’organisme La Vigile, une maison d’hébergement ayant comme mission de venir en aide aux intervenants en situation d’urgence et leur famille. « J’ai parfois la chance de travailler avec des policiers et des policières, ce qui me permet d’être assez sensible à ce qu’ils vivent, et c’est un milieu que j’aime beaucoup. Ainsi, dans le roman, c’était relativement facile pour moi d’amener toutes ces dimensions d’enquête policière. Je souhaite que ce soit le plus près possible de la réalité! », révèle-t-il.

M. Niquette a aussi bénéficié du soutien et de l’expertise, direct et indirect, d’une collègue psychiatre avec laquelle il travaille régulièrement de concert, Marie-Claude Bilodeau.

Il est possible de se procurer La Cour du temps sur commande dans n’importe quelle librairie ou encore directement chez l’éditeur, Mots en toile.