L’Héritage sucré de Marie-Pier Bourassa, Bruno Vincent et Pierre Bourassa

SAINTE-PERPÉTUE. Le temps des sucres est une période de l’année particulièrement prisée chez la famille de Marie-Pier Bourassa. Ce l’est aussi du côté de son conjoint, Bruno Vincent. « Les érablières, ça fait partie de notre ADN depuis qu’on est petits! Les produits de l’érable, le temps des sucres, la bouette, les bottes d’eau; ça fait partie de notre quotidien, au printemps! »

« Mon père, Pierre, fait les sucres tous les printemps depuis qu’il est jeune. Que ce soit chez ses parents ou chez d’autres, ça a toujours fait partie de sa vie. Tellement qu’à une époque, son père lui avait construit une cabane parce qu’il faisait bouillir de l’eau d’érable au milieu du champ! », raconte Marie-Pierre en riant.

Son conjoint et elle ont toujours eu plein de projets en tête. Ils s’en nourrissent. Après l’auto-construction de leur maison à Sainte-Perpétue, ils se sont mis en quête d’une nouvelle réalisation à accomplir. Amateur de chasse et pêche, Bruno a proposé d’acheter un chalet dans le coin de La Tuque. Après discussions, l’option ne semblait pas avantageuse pour le couple présentement. « Je trouvais que c’était beaucoup d’ouvrage pour n’y aller que quelques fois par année, peut-être, vu qu’on travaille encore », mentionne Marie-Pierre.

C’est là que l’idée de démarrer une érablière a surgi. Ça coulait de soi. « On a été élevé dans l’agriculture. Mon père est producteur laitier, et celui de Bruno est producteur bovin. L’agriculture, ça nous a toujours parlé. Et on a tous deux grandi avec la tradition des cabanes à sucre. Moi, avec mon père, et Bruno, avec ses grands-parents, qui avaient une petite érablière. »

Il n’en fallait pas plus pour que le couple entreprenne les premières démarches vers la réalisation de ce nouveau projet. La première étape a été d’en parler à Pierre, à qui ils ont proposé une association. « Mon père a toujours dit qu’un jour, il aurait sa propre cabane à sucre. Je ne pouvais pas faire ça sans lui; c’était impossible! », s’exclame Marie-Pier.

C’est ainsi qu’est né le projet de L’Héritage sucré. Un nom qui en reflète bien le côté familial, tout en mettant en lumière à la fois son créneau et la tradition qui a toujours allumé les familles Bourassa et Vincent.

L’Héritage sucré

C’est en 2022 que tout a été officialisé. Il a d’abord fallu trouver le lot où le projet se concrétiserait. « Notre première offre n’a pas fonctionné. Par contre, on a eu une autre opportunité pour une terre qui avait déjà appartenu à mes beaux-parents. Elle est située à environ un kilomètre de chez nous, sur le rang Sainte-Anne. Ils l’avaient vendue en 2019. Mais malgré la vente, on continuait à y aller, avec l’accord du nouveau propriétaire, pour y faire notre bois de chauffage. Mon père a évoqué avec lui l’idée de construire une cabane à sucre sur ce lot. Le propriétaire lui a proposé de le faire, sachant que lui-même n’en ferait rien. On a alors entamé les démarches pour voir la meilleure façon de concrétiser la chose et garantir notre investissement », raconte Marie-Pierre. 

Le trio a exploré diverses options, comme une location à long terme. Mais au final, l’achat du boisé s’est avéré la meilleure solution. Avec l’aide d’une notaire spécialisée dans le domaine agricole, la transaction s’est réalisée. « C’est là que le projet est devenu réel. On a formé notre compagnie, fait notre plan d’affaires, commencé à chercher du financement, etc. »

En 2023, il ne leur restait qu’à obtenir leur contingent de la part des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ). Pour cela, explique Marie-Pier, il faut croiser ses doigts, une fois la demande déposée: « C’est comme le bingo. Le numéro associé à ton entreprise est dans le boulier et s’il sort, tu cries de joie! C’est vraiment une zone que tu ne contrôles pas. Le contingent, c’est ça qui garantit ton revenu. Si tu ne l’as pas, tu n’es pas vraiment capable d’obtenir du financement. »

Un tirage a été effectué en août dernier, parmi tous les projets de relève. La chance ne leur a pas souri. Une deuxième opportunité de sortir du boulier a suivi en janvier 2024, cette fois parmi l’ensemble des projets soumis à travers la province. « Nous sommes sortis pour 100% de notre potentiel (6184 entailles)! », sourit Marie-Pier.

 C’est donc depuis le 22 janvier dernier que le projet a réellement le vent dans les voiles. « On vise à commencer la production en 2026. D’ici là, on doit aménager le boisé, emmener l’électricité, construire la cabane, installer la tubulure et les équipements, et finaliser toute la paperasse administrative. »

L’Héritage sucré sera une érablière de production, c’est-à-dire que l’eau d’érable qui y sera transformée sera majoritairement vendue à l’association des Producteurs et productrices acéricoles du Québec. Elle n’aura pas de salle de réception. « Nous aurons une petite quantité de produits destinée à la vente directe, mais ce ne sera pas la majeure partie de notre entreprise « , précise Marie-Pier.

Elle souligne qu’il s’agit d’un projet d’investissement avoisinant les 350 000$. Pour le financer en partie, le trio a pu compter sur un soutien de la Financière agricole et sur l’appui de la MRC de Nicolet-Yamaska, qui lui a octroyé un prêt de 145 000$ via son Fonds local d’investissement.

 « On investit beaucoup personnellement dans le projet parce qu’on y croit. C’est très significatif pour nous. On juge qu’on est en train de se former un patrimoine familial. Nos enfants (un garçon de 9 ans et une fille de 7 ans) aiment les grands espaces. Pour eux comme pour nous, ça va être des années formidables », termine Marie-Pier.