Les impacts de la nouvelle consigne

RÉGIONAL.  Le Québec procède actuellement à la modernisation de sa consigne. Depuis six mois (1er novembre 2023), toutes les bouteilles et les canettes sont passés à une consigne de 10 cents, et dès le 1er mars 2025, la consigne s’élargira à la totalité des contenants de boisson de 100 ml à 2 litres en aluminium, en verre, en plastique ou multicouche, comme les bouteilles de vin et de spiritueux, les bouteilles d’eau et les cartons de lait ou de jus. 

Dans la première phase, soit depuis le 1er novembre dernier, la consigne a également été élargie à toutes les boissons vendues dans des contenants d’aluminium de 100 ml à deux litres. De plus, si les supermarchés à grande surface de plus de 375 mètres carrés n’ont pas le droit de refuser les consignes, ceux de moins de 375 mètres carrés ont le choix de prendre ou non les consignes, à condition de l’afficher.

« Avec l’ensemble des partenaires de la chaîne de récupération, nous mettons tout en œuvre pour accueillir de nouveaux volumes et hausser le taux de récupération de 73 % à 90 % à terme », signale Normand Bisson, président-directeur général de l’Association québécoise de récupération de contenants de boissons (AQRCB).

Actuellement, quelque 2,5 milliards de contenants de bière et de boisson gazeuse sont visés par la consigne. À terme, le nombre de contenants de boisson consignés grimpera à environ 5 milliards.

La situation dans la région

Comme certains types de contenants supplémentaires sont désormais consignés, on pourrait s’attendre à un volume supplémentaire de retour. En épicerie, cela semble plutôt difficile d’évaluer l’impact réel de l’augmentation de la consigne, mais rien ne semble significatif. « C’est sensiblement la même chose! C’est peut-être une petite hausse, mais ça ne paraît pas », confirme Michael Dubuc, propriétaire du Metro Dubuc à Deschaillons-sur-Saint-Laurent.

Difficile également de donner l’heure juste du côté du Shell – Super Soir Nicolet qui vient tout juste de changer de ramasseur pour les contenants consignés et qui se déplace à une fréquence plus élevée, réduisant ainsi le temps d’entreposage. C’est d’ailleurs ce nouveau partenariat avec Pepsi qui a convaincu l’établissement de continuer à accepter les consignes, malgré sa superficie inférieure à 375 mètres carrés. 

Au dépanneur Super Soir Covris Coop Gentilly, on pourrait également se tourner davantage vers Pepsi si l’augmentation devenait problématique, étant donné leurs limites physiques d’entreposage. « Je dirais que ça a peut-être augmenté du tiers », estime Céliane Marcotte, gérante du dépanneur. Elle ne souhaite pas arrêter d’offrir ce service, qu’elle juge essentiel dans la région, à condition que les clients soient coopératifs. « On ne peut pas mélanger les formats dans les sacs. Au début, j’en ai eu que les formats étaient tous mélangés, mais ça n’a pas été long que tout le monde a compris la consigne! Sinon, je ne les reprendrais pas, car je devrais payer un employé pour démêler les sacs », explique Mme Marcotte.

Alors qu’elle observe peu de retours de contenants nouvellement consignés, elle a plutôt observé une recrudescence des retours des bouteilles de plastique de deux litres. Elle croit que les gens les ramenaient peu lorsqu’ils n’avaient qu’une valeur de 5 cents, en prenant davantage de place dans les sacs que les autres contenants.

Chez Accommodation Boisclair de Saint-Léonard-d’Aston, cependant, la décision a été prise de ne plus prendre les contenants consignés dès le 1er novembre 2023. « J’avais l’opportunité de le faire et je l’ai fait, parce que mon dépanneur n’est pas très grand, explique Louise Boisclair, propriétaire. Avec l’élargissement de la consigne, il faut quasiment avoir un entrepôt! Présentement, ce n’est pas si pire juste pour les canettes, mais quand les bouteilles de vin et toutes les autres bouteilles vont être consignées, il faudra beaucoup de place », ajoute-t-elle. Elle estime aussi que les citoyens peuvent facilement obtenir ce service ailleurs dans la municipalité.

Dans la communauté

Plusieurs organismes à but non lucratif de la région bénéficient de manière très positive de l’augmentation de la consigne au Québec. En effet, la collecte des bouteilles et canettes est une façon populaire pour plusieurs d’entre eux de financer leurs activités, comme c’est le cas de la Maison Le Tag de Bécancour ou encore le 53e groupe Scout de Saint-Célestin.

Et si certains craignaient que les gens soient plus réticents à donner les canettes et bouteilles étant donnée leur plus grande valeur, ils ont été bien heureux de constater que la générosité de la population ne s’est pas amoindrie.

Chez La Clef de la galerie, organisme de Fortierville, on procède à trois collectes annuelles. Lors de la toute première collecte effectuée après les modifications du 1er novembre, l’organisme a ni plus ni moins doublé ses profits. « Ça a eu un impact considérable!, confirme Sandra Bouffard, directrice générale de La Clef de la galerie.

« Ces sous sont pour les jeunes de la Maison des jeunes. Ils sont rendus à un certain montant dans leur coffre. Avec l’achat de notre nouvelle maison, ils vont pouvoir penser à, par exemple, acheter une télévision. Ils vont pouvoir se gâter un petit peu! Et c’est eux-mêmes qui prennent la décision à savoir comment ils vont dépenser leur argent », ajoute Mme Bouffard.

Certaines écoles de la région se servent de collectes de canettes pour financer les projets, comme c’est le cas de l’École la Jeunesse de Sainte-Perpétue qui investit dans son programme d’Agri-Culture-Études.

« Les collectes de canettes permettent de pallier un petit peu le manque de ressources financières en éducation », indique Nancy Proulx, enseignante à l’École la Jeunesse et accompagnatrice au projet Agri-Culture-Études.

Alors que leurs deux collectes annuelles permettaient au programme d’amasser entre 2000$ et 3000$, leur toute première collecte depuis l’augmentation de la consigne leur a permis d’atteindre les 6200$. « C’est un montant quand même assez respectable! », lance Mme Proulx.

Ces fonds seront investis dans un projet de classe extérieure, ce que Mme Proulx confirme être un projet assez onéreux. « Alors je sais à quoi vont servir les sous, c’est certain! », assure l’enseignante.