Le Tribunal des animaux : punir les crimes contre la non-humanité

FORTIERVILLE.  L’auteur prolifique Camille Bouchard récidive auprès des jeunes avec son dernier roman, Le Tribunal des animaux. Bien que fictif, ce récit dépeint des réalités qui ont surpris l’auteur quant au traitement des animaux de boucherie. Soucieux de sensibiliser ses lecteurs adolescents, M. Bouchard les fait entrer dans la peau de Marquise, une poule vivant sur une ferme bio qui s’engage dans une enquête auprès des animaux des fermes voisines et qui découvrira les sévices qu’ils subissent.

« Je ne connaissais pas vraiment de quelle façon on traitait les animaux de boucherie, ceux qu’on mange et qu’on achète à l’épicerie. J’ai tout le temps eu dans l’idée que dans nos sociétés civilisées, on avait une approche humaine et qu’on imposait quand même une certaine qualité de vie aux animaux de boucherie. Mais non, ce n’est pas vrai. J’avais tout faux! », se désole l’auteur.

« Je suis quand même quelqu’un qui est sensible au bien-être animal. Le sujet est pénible. C’est sincèrement une des recherches les plus difficiles que j’ai faites dans ma vie, et quand j’ai commencé à découvrir la manière dont les animaux étaient traités, j’ai trouvé ça dur ».

Sans toutefois faire la promotion du végétarisme, car M. Bouchard est un consommateur de viande, il dénonce la maltraitance des animaux dans un véritable plaidoyer pour le bien-être animal par les atrocités que subissent ses personnages : vache laitière entravée, poule pondeuse encagée, veau écorné et castré, truie reproductrice confinée.

Pour ce faire, Camille Bouchard s’est lancé l’intéressant défi de faire entrer ses lecteurs dans le monde de ces animaux par l’anthropomorphisme. « Je voulais que mon lecteur ressente ce que ressent l’animal devant les situations dans lesquelles il se retrouve, je voulais que mon lecteur soit dans la tête de cet animal. Il fallait donc que mon personnage principal ce soit un des animaux », explique-t-il. Il voulait éviter toutefois de recréer un style qui ne correspondait pas à son public cible. « J’avais peur que ça fasse un peu Walt Disney avec des animaux qui parlent. J’avais peur que ça fasse un peu niaiseux! », dit-il en riant, révélant avoir énormément travaillé cet aspect de son récit.

Dans Le Tribunal des animaux, Marquise et les victimes qu’elle rencontre sur son chemin sont prêts à se faire justice. Lorsqu’elles découvrent les atrocités qu’elles subissent, elles tenteront de monter un tribunal international antispéciste. « J’ai fait un gros parallèle avec notre Cour pénale internationale de justice, qu’on utilise présentement pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité. Alors, les animaux décident de monter un tel tribunal pour les crimes contre la non-humanité », explique le Fortiervillois.

Ouvrir les horizons de ses lecteurs

Camille Bouchard, qui écrit principalement pour les jeunes, a plus d’une centaine de romans de publiée en carrière. Sa tête est foisonnante d’idées pour sensibiliser les jeunes à toutes sortes de sujets, et c’est ce qui constitue son principal moteur de motivation. « Tu pars avec un jeune qui essaie d’apprendre la vie, qui veut devenir un bon adulte plus tard, quelqu’un de solide, quelqu’un qui va être capable d’améliorer la société. Alors, j’aime arriver avec des sujets difficiles, des sujets de société qui sont à corriger », explique l’auteur.

Auparavant, il a rédigé beaucoup de romans historiques, car l’Histoire du passé aide les gens du présent à prendre des décisions éclairées afin de ne pas répéter les mêmes erreurs. D’ailleurs, un roman devrait sortir dans les prochains mois traitant de la montée de l’extrême droite. Il a également publié sur les sujets du trafic de drogue et des responsabilités qui en découlent, ou encore sur les voyages afin de sensibiliser les adolescents aux disparités sociales. « Je parle toujours de sujets qui, au point de vue de la société, vont aider les jeunes à devenir des adultes meilleurs », assure-t-il.

« J’essaie d’ouvrir les horizons des adolescents et de les amener un peu plus loin. Je trouve que ça m’a manqué, moi, quand j’étais ado! J’aurais aimé avoir accès à une littérature qui aurait pu m’ouvrir les yeux plus tôt », conclut-il.