Le premier bébé de la Maison de naissance de la Rivière a 20 ans!

NICOLET. 21 décembre 2003. Cette date marque un tournant pour la Maison de naissance de la Rivière à Nicolet, alors qu’à 21h21 y naissait le tout premier bébé de son histoire, Nicolas, dans la chambre nommée La Boisée.

Nicolas célèbre son 20e anniversaire cette année, tout comme la maison de naissance située à Nicolet. Habitant à l’époque à Saint-Norbert-d’Arthabaska, Nancy Tremblay et Martin Leblanc attendent leur premier enfant ensemble. Cependant, Nancy, qui a déjà vécu deux accouchements auparavant, se questionne à savoir si son suivi de grossesse avec un gynécologue lui convient réellement.

« Mes deux premiers accouchements, je les avais vécus au Lac-Saint-Jean, avec des omnipraticiens. Avec un gynécologue, c’était différent. Le suivi était moins personnalisé et plus expéditif, mentionne Nancy. J’allais à mon rendez-vous et j’attendais une heure et demie dans la salle d’attente pour voir le gynécologue pendant dix minutes. Et au troisième bébé, je n’avais pas nécessairement de questions techniques », ajoute-t-elle.

Ce que Nancy espérait réellement comme suivi, c’était quelque chose de plus humain et axé sur ce qu’elle vivait en tant que femme qui s’apprête à donner naissance. Alors qu’elle s’interroge sur l’existence d’un tel suivi, elle ignore tout encore de la légalisation de la pratique sage-femme ou encore du baccalauréat désormais offert à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Après quelques recherches, elle découvre la Maison de naissance de la Rivière et obtient rapidement un suivi.

À la première soirée d’informations, Nancy et son conjoint, Martin, tombent sous le charme de l’établissement, des sages-femmes présentes et des valeurs qui y sont véhiculées.

Le couple a d’ailleurs de très beaux souvenirs de cette naissance. « On est seul, peu dérangé, dans un environnement calme, les lumières tamisées. Tout se fait tranquillement et naturellement, et on est seulement dans l’attente. Quand Nicolas est arrivé, il ne pleurait pas. On s’est occupé de lui, on l’a emmailloté, raconte Martin. Je me souviens qu’à minuit, on était tous les deux couchés dans le lit avec le bébé entre nous. On a passé la nuit comme ça et il a fait sa nuit presque au complet. »

« Je me dis que c’est incroyable le nombre de femmes qui se privent de ça, alors que ça peut être merveilleux et paisible d’accoucher », ajoute le papa de Nicolas.

Martin a également été heureux de la place qui est laissée au père en maison de naissance. « On est beaucoup plus équipé en tant que père pour accompagner notre femme, notre conjointe, dans sa grossesse, avec toutes les informations que l’on reçoit, assure-t-il. À chaque rendez-vous, j’étais là. Je savais que j’avais la possibilité de jouer un rôle beaucoup plus important que si j’avais été en milieu hospitalier. »

Une philosophie marginale

Si la décision de Nancy Tremblay et de Martin Leblanc d’accueillir leur enfant en maison de naissance est marginale, d’autant plus il y a 20 ans, leur entourage n’est pas réellement surpris. « Ma mère m’a dit : Tu fais toujours des choix qui ne sont pas comme les autres!, lance Nancy en riant. Je me souviens que ça l’intriguait, mais ça ne l’inquiétait pas. Je lui avais tout expliqué. »

« J’ai toujours eu confiance en mon potentiel, aussi. Quand j’ai donné naissance à mon premier enfant à 19 ans, je ne voulais pas d’épidurale ou d’épisiotomie. Même si j’étais à l’hôpital avec un médecin, je voulais un accouchement naturel. Intérieurement, je me disais que mon bébé allait avoir mal quand il allait passer. Ce n’était pas vrai que j’allais me faire geler et que je ne l’accompagnerais pas là-dedans, que je ne serais pas en connexion avec lui. Je voulais le vivre jusqu’au bout avec lui », témoigne-t-elle.

« Quand on est accompagné par une sage-femme, personne ne fait de choix pour nous. Rien ne se fait de manière systématique, sauf s’il y a une situation d’urgence à l’accouchement. On nous explique, on est toujours informé et on nous enseigne des sources fiables qu’on peut utiliser pour aller s’informer davantage. Par la suite, on est plus outillé pour prendre des décisions tout au long de la vie de l’enfant, pour les vaccins ou pour le choix de l’école, par exemple », affirme Nancy.

Tellement interpellée par cette philosophie, Nancy a même entrepris le baccalauréat en pratique sage-femme. Même si après trois ans elle a dû abandonner pour des raisons personnelles, elle a été par la suite intervenante périnatale. « C’est ce que je voulais faire de ma vie : accompagner les femmes à mettre au monde leurs enfants dans les conditions qu’elles souhaitent, et les aider à découvrir leurs forces. Je voulais faire réaliser aux parents qu’ils ont tout ce qu’il faut pour non seulement mettre au monde un enfant, mais qu’ils ont tout ce qu’il faut en tant que femme, en tant que mère, en tant que parent, en tant qu’époux, pour prendre des décisions pour eux-mêmes et pour leur enfant », insiste Nancy.

Le premier bébé

Nicolas avait déjà conscience de son statut de premier bébé de la Maison de naissance de la Rivière. Ses parents avaient été amenés par le passé à parler de leur expérience et, à son 10e anniversaire, la Maison de naissance avait invité Nicolas à participer aux festivités. De nombreuses familles qui avaient donné naissance dans l’établissement nicolétain avaient été invités à témoigner de leur passage. « On nous demandait des phrases qui représentaient la Maison de naissance, et ça nous a rappelé que lorsque j’étais enceinte d’Élodie (la sœur ainée de Nicolas) et que Nicolas n’avait pas encore trois ans, il disait : On s’en va à la Maison de connaissance!, raconte Nancy. Il disait toujours ça! »

En 2023, c’est Nicolas lui-même qui a mentionné à ses parents que si un événement était organisé pour le 20e anniversaire, il était déjà prêt à s’impliquer!