Exploitation minière : Les élus se questionnent

MRC DE BÉCANCOUR.  La découverte de claims miniers à Bécancour ainsi qu’à Sainte-Françoise a soulevé beaucoup d’inquiétudes chez Lucie Allard, mairesse de Bécancour, et Mario Lyonnais, maire de Sainte-Françoise et préfet de la MRC de Bécancour. Le 2 mai dernier, les élus de la MRC étaient conviés à une rencontre informative avec le ministère des Ressources naturelles et des Forêts afin de répondre à leurs interrogations.

Ce sont une douzaine de claims qui ont été obtenus à Sainte-Françoise.

« Nous avons aussi été rassurés sur les mécanismes qui sont en place pour que des entreprises puissent faire de l’exploration ou de l’exploitation, et sur la panoplie d’autorisations qu’elles doivent recevoir avant de pouvoir procéder. C’est très, très restrictif, mentionne Lucie Allard. D’ailleurs, on a appris qu’au Québec, on est l’endroit où c’est le plus rigoureux au monde pour obtenir un permis d’exploitation ou d’exploration pour une mine.

La prochaine étape au niveau de la MRC de Bécancour sera d’identifier les territoires incompatibles avec l’activité minière, ce pour quoi les élus ont pu soutirer de l’information sur la façon de procéder lors de la rencontre du 2 mai. La MRC souhaite procéder rapidement à cette identification.

« C’est qu’on suspend temporairement toutes les développements de claims pour identifier tout ce qui est protégé. Ils ont beau avoir « claimé », mais est-ce que c’est une zone agricole active? Est-ce qu’il y a des milieux humides? Est-ce un endroit où il y a du tourisme? Est-ce que c’est proche des périmètres urbains? », énumère le préfet.

La MRC de Bécancour souhaite donc procéder à une suspension temporaire et modifier son schéma d’aménagement. « Les gens du ministère nous ont confirmé que c’est une démarche longue, d’entre deux et cinq ans, a mentionné Julie Dumont, directrice du service de l’aménagement de la MRC de Bécancour au conseils des maires du 15 mai dernier. Donc, parallèlement à notre modification de schéma, on peut déposer aussi une demande de suspension temporaire d’une durée de six mois », a-t-elle ajouté.

Les titres miniers, sources d’inquiétudes

Les élus, tout comme les citoyens, ont eu des inquiétudes dès qu’ils ont entendu parler de titres miniers sur leur territoire. « Nous aussi, les municipalités, on ne connait pas les claims, on n’est pas une région dans le nord où il y a déjà des claims », explique Mario Lyonnais.

Après quelques recherches, certains élus ont pu identifier une entreprise qui a obtenu des claims comme étant dans le domaine du lithium. Ce que M. Lyonnais a appris, c’est que l’extraction du lithium se fait essentiellement de deux façons, soit en l’extrayant de la saumure, soit dans des mines à ciel ouvert. « Le ministère des Ressources naturelles nous a appris qu’on ne peut pas exploiter la saumure, car le gouvernement interdit de faire l’exploitation des hydrocarbures, et la saumure est dedans, explique le préfet. Il resterait donc à exploiter la roche dans une mine à ciel ouvert. »

« J’ai discuté avec plusieurs citoyens, et ils me disaient tous que ça ne les intéressait pas d’avoir un trou chez eux », ajoute-t-il.

« On a aussi appris que même si une entreprise a un claim chez vous, il n’y a pas d’obligation de les laisser exploiter le sous-sol chez vous, révèle M. Lyonnais. Déjà, ça rassure les gens, et moi le premier, car je suis également propriétaire de terres où des claims ont été obtenus. »

Ce qui ne peut être contrôlé par les élus ou les citoyens, ce sont les claims sur les terres publiques.

« Le ministère des Ressources naturelles nous a aussi dit qu’il existe 350 000 claims dans la province, mais seulement 20 mines. Ça ne veut donc pas dire qu’on va en avoir une chez nous », dit-il en évaluant les risques.

« Ça a été une rencontre très claire sur nos droits, mais si vous me demandez demain matin si j’en veux une sur ma terre, la réponse est non pour l’instant, tout comme dans la municipalité. Pour la MRC, c’est le conseil des maires qui devra se prononcer en prenant en conséquence les données économiques et écologiques », conclut Mario Lyonnais.