Des chiens chouchoutés

SAINT-WENCESLAS. Il y a près de 20 ans, alors qu’elle était étudiante en santé animale, Josiane Morel a eu un coup de foudre qui allait orienter son choix de carrière.

Avec trois camarades de classe, dans le cadre d’un travail de fin d’année, elle s’est rendue chez un éleveur de montagnes des Pyrénées, une race de chien qu’elle ne connaissait pas jusque-là. Aussitôt arrivée, aussitôt conquise!

« Plus je posais mes questions, plus j’aimais les réponses. Je me suis alors dit qu’à la fin de mes études, j’adopterais un montagne des Pyrénées. C’est ce que j’ai fait. »

Une fois son cégep terminé, elle a recontacté l’éleveur et adopté l’un de ses chiots. « J’ai commis toutes les erreurs possibles et imaginables avec ce chien-là, en matière d’éducation! », se remémore-t-elle en riant.

Sa maladresse, mais surtout sa soif de s’améliorer, l’a incitée à garder un contact étroit avec les propriétaires de l’élevage. « Je leur posais plein de questions et leur donnais des nouvelles. Parfois, je me rendais au chenil pour me procurer des accessoires. Ils ont vu mon intérêt et l’étincelle dans mes yeux alors un jour, ils m’ont proposé de reprendre leur élevage. »

Elle n’avait que 22 ou 23 ans à l’époque. Malgré tout, elle a sauté à pieds joints dans le projet. Durant un an, elle a appris les rudiments du métier à leurs côtés. « J’avais la base en santé animale. Mais être éleveur, ça demande plus que ça. C’est avoir une connaissance approfondie de la race, offrir un bon service à la clientèle, donner de la formation… Je partais de zéro sur pas mal d’aspects », confie-t-elle.

Elle s’est investie à 100%. « Pendant un an, je les ai suivis en salons canins, dans divers événements et dans des compétitions. J’étais présente quand ils donnaient une formation au client avant l’adoption (marche en laisse, entretien de la cage, entretien du pelage, le jappement, la stimulation mentale, etc.). J’écoutais, j’apprenais; je prenais vraiment leur couleur. Puis, au bout d’un an, ils m’ont dit que j’étais prête ».

C’est en 2009 qu’elle a repris officiellement l’élevage. Elle l’a déménagé à Saint-Wenceslas, où sa famille détient plusieurs bâtiments agricoles. 

Passionnée

L’élevage Pyrénées du Pignon Rouge compte aujourd’hui une vingtaine de chiens. « On est allé chercher d’autres génétiques. On a adopté aux États-Unis, en Ontario et en France », mentionne Josiane, qui a embauché trois employées au cours des dernières années pour l’aider. 

Parallèlement à son élevage, elle a travaillé dans une clinique vétérinaire durant une dizaine d’années. Elle a aussi suivi un cours en toilettage afin d’offrir ce service, de même que des cours en comportement canin pour élargir son éventail de connaissances. 

Son élevage demeure l’un des rares au Québec. « Quand j’ai repris le Pignon Rouge, il y avait cinq éleveurs de montagnes des Pyrénées au Québec. Je pense que maintenant, on n’est que deux. »

La Belle de Sébastien

Les montagnes des Pyrénées sont de gros chiens blancs à poils longs. Pour bien se le figurer, il suffit de penser au chien qui tient la vedette dans le film « Belle et Sébastien ».

« Ce sont des chiens calmes, patients et protecteurs, dans le sens qu’ils surveillent les plus vulnérables. Ils sont d’excellents chiens en zoothérapie, pour les familles et pour les fermiers qui ont des troupeaux. D’instinct, ils veillent à la sécurité de ceux qu’ils côtoient sans pour autant être des chiens agressifs ou d’attaque. Ils décèlent facilement le danger. Ils surveillent leur environnement et avertissent leur entourage de tout ce qui est anormal », décrit Josiane. 

Des chiens chouchoutés

Bon an mal an, l’élevage Pyrénées du Pignon rouge met en adoption – sur réservation – une cinquantaine de chiots. 

« Les mamans accouchent chez nous, à la maison, pour que les chiots soient déjà en contact avec un environnement de maison et tous les bruits que cela implique : les enfants, la balayeuse, la laveuse, la sécheuse…. Les chiots sont manipulés dès leur naissance. Puis, vers l’âge d’un mois, ils sont transférés au chenil. Ça correspond à peu près à l’âge où, à l’état naturel, les canidés vont sortir découvrir le monde extérieur. Ils vont voir qu’il y a d’autres chiens, d’autres odeurs et apprendre le langage canin.  Ça fait en sorte que lorsqu’ils quittent le chenil, ils sont socialisés », explique Josiane.

De leur côté, les parents sont chouchoutés. « Une fois par mois, tous nos chiens passent à la table de toilettage. En même temps, on procède à un examen sommaire pour voir s’il n’y a pas un bobo ou une masse qui a poussé, par exemple. Ça nous permet de garder un suivi sur leur état de santé. Tout est fiché et daté. »

L’an dernier, les enclos extérieurs du chenil ont été refaits. Une deuxième phase sera réalisée cet été. Elle permettra d’en doubler la superficie. « Ce n’est pas parce que les chiens manquent d’espace », avise Josiane. « C’est vraiment juste une dépense pour leur bien-être! »