Le conflit aurait déjà coûté 150 millions à l’Aluminerie de Bécancour

ALUMINIUM. Le lock-out chez ABI a coûté jusqu’à présent plus de 150 millions à ses propriétaires et les pertes de profits s’accumulent, fait valoir le Syndicat des Métallos.

C’est ce qui ressort des résultats du premier trimestre dévoilés, ce mercredi, par Alcoa. Le Syndicat fait valoir que chaque mois que dure le lockout chez ABI équivaut à une perte de profits d’un minimum de 16 millions US pour l’usine, soit plus de 12 millions US pour Alcoa et plus de 4 millions US pour Rio Tinto. À cela, il faut ajouter des coûts liés à l’arrêt et au redémarrage des cuves d’environ 100 millions.

« Combien Alcoa va-t-elle encore perdre avant de revenir à la table de négociations? C’était une mauvaise décision financière dès le départ, puisque l’arrêt et l’éventuel redémarrage des cuves représentent à la base une dépense d’une centaine de millions. On constate que le trou financier se creuse davantage, d’au moins 16 millions par mois et probablement beaucoup plus lorsqu’on considère que l’usine a cessé la production des produits à valeur ajoutée comme des billettes et des plaques d’aluminium », explique le président de la section locale 9700 chez ABI, Clément Masse, qui représente les 1030 métallos en lockout à Bécancour.

Les calculs réalisés par le Syndicat des Métallos s’appuient  sur les statistiques officielles du Commodities Research Unit (CRU). L’estimation de perte de profits mensuels de 16 millions US pour les deux propriétaires est même «très conservatrice», indique-t-on dans le communiqué émis en début d’après-midi, puisqu’elle s’appuie sur le prix à la tonne et les coûts d’opération du site pour des lingots d’aluminium.

Or, les trois quarts de la production habituelle d’ABI sont constitués de plaques et de billettes, des produits à valeur ajoutée sur lesquels les profits sont plus importants que sur les lingots d’aluminium. De plus, les coûts fixes d’opération pèsent plus lourd dans la balance, étant donné que l’usine fonctionne seulement au tiers de sa capacité.

La partie syndicale déplore que dès qu’elle a accepté d’envisager un régime de retraite à financement salarial où le risque repose sur les épaules des travailleurs, la direction d’ABI a rompu les négociations et proposé une offre finale qui a été surprise rejetée par les membres.

Plutôt que de reprendre les négociations sur les points en suspens, soit le financement d’un nouveau régime de retraite et le respect de l’ancienneté dans les mouvements de main-d’œuvre, la direction a décrété un lockout le 11 janvier dernier, rappelle-t-on.

« La mascarade a assez duré. Les 1030 syndiqués et leur famille perdent beaucoup, toute l’économie régionale en souffre, Hydro-Québec a perdu 60 millions de revenus et le compteur tourne. Même ABI se prive de profits de 16 millions US par mois. Alcoa et Rio Tinto doivent cesser l’entêtement idéologique et négocier rationnellement, avec un regard neuf », conclut Clément Masse.