Réouverture des salles: des réactions du milieu

COVID-19. L’annonce la réouverture des salles de spectacle à compter du 22 juin 2020 par la ministre de la Culture Nathalie Roy a suscité des réactions mi-figue, mi-raisin auprès des gestionnaires du milieu culturel au Centre-du-Québec.

«Ce que la ministre a annoncé est un premier pas pour faire repartir la machine des arts de la scène, mais pour une salle comme le Théâtre Belcourt, ça n’aide pas vraiment notre situation actuelle. Présenter un spectacle avec une capacité maximale de 50 personnes n’est malheureusement pas une avenue si aucune aide financière n’est apportée. Ce serait un spectacle présenté à perte, et avec notre situation financière présente, ce serait de mettre à risque la pérennité du Théâtre», explique Alexandra Carignan, directrice générale du lieu de diffusion culturelle située à Baie-du-Febvre en ajoutant que les pertes avoisinent les 75 000$ depuis le début de la pandémie. Une diminution de revenu qui représente 25% de leur budget annuel.

Il est clair qu’un certain retour à la normale est également bienvenu pour le Centre des arts populaires, mais l’arrêt a fait mal. «Toute la saison printanière est perdue (environ 25 000$ de revenus nets). Dans les faits, nous ne sommes pas avant tout une salle de spectacles, nous sommes surtout un très grand centre communautaire où se donnent plusieurs cours de toutes sortes (tai-chi, yoga, danse, dessin, dentelle, tissage, etc.). La commission scolaire de La Riveraine donnait également des cours à des adultes… Toutes ces activités se tenaient dans les salles périphériques situées tout le tour de la grande salle. Quant à la grande salle justement, elle sert normalement à de grandes rencontres (Journée des dentellières et des brodeuses, Fête des semences, Rendez-vous des peintres…), mais aussi des mariages, quelques concerts et des soupers pour plus de 200 personnes… L’été, toutes nos activités (sauf les mariages) tombent un peu à l’arrêt», indique Bernard Brochu, directeur général de la salle située à Nicolet. «Dans ce contexte, l’annonce change bien peu de choses, car je doute que les mariés aiment n’avoir qu’un mariage à 50 personnes».

Si le nombre de spectateurs permis venait à augmenter, cela ne changerait pas grand chose pour Alexandra Carignan du Théatre Belcourt. «Notre salle a 330 places. Nous ne pouvons accueillir que 47 spectateurs avec une distanciation de 1,5 mètre. Nous nageons dans un univers d’inconnu puisque même si ma programmation d’automne est décidée, ce n’est pas le moment de la lancer, et nous ne savons même pas sous quelles conditions précises nous pourrons présenter des spectacles en septembre», souligne la directrice, tout en comprenant que Québec veut déconfiner rapidement. «Pour nous, une annonce à une semaine d’avis n’est pas viable. Mettre une programmation en vente est un calendrier de plusieurs mois. Plus le temps avance, plus l’automne semble incertain pour une programmation au Belcourt».

L’incertitude est la même à Nicolet. «Je suis heureux de l’annonce, mais il y a encore beaucoup d’inconnu. Pourrais-je tenir le Rendez-vous des peintres en novembre? Normalement, les inscriptions devraient être reçues avant le 30 juin. Pour l’instant, une seule artiste s’est inscrite», constate Bernard Brochu.

Rappelons, pour le moment, qu’il est permis de tenir des rassemblements intérieurs dans les lieux publics en respectant une distance de 2 mètres entre les personnes, à raison d’un maximum de 50 spectateurs. Cette règle s’applique dans les lieux de diffusion et pourrait être adaptée selon l’évolution de la pandémie. Effectivement, la santé publique évalue présentement la possibilité d’augmenter la capacité maximale à 250 spectateurs ou usagers au cours des prochaines semaines.

Dans les lieux où les personnes seront assises et n’auront à se déplacer que pour accéder au lieu ou en sortir, comme les salles de spectacle, les théâtres et les cinémas, une distanciation physique de 1,5 mètre sera autorisée. Cette règle de distanciation physique de 1,5 m ne s’applique qu’aux spectateurs ou aux usagers.

Dans le cas des artistes et des travailleurs culturels, tous les établissements devront s’adapter aux règles sanitaires édictées par les autorités de santé publique et la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).