Niona : médiatiquement jeunes et Abénakis
AUTOCHTONE. Au printemps 2016, Valérie Laforce, alors adjointe aux services sociaux de la communauté de Wôlinak et fière abénakise, participe à l’organisation d’un souper pizza pour les jeunes. Cette première rencontre mènera à la création de Niona («nous» en Abénakis), une impressionnante équipe de jeunes autochtones âgés entre 12 et 17 ans basée à Wôlinak et Odanak qui ont à cœur de produire, de conserver et de partager leur culture et leurs actions positives par l’utilisation de moyens technologiques tout en développant leurs habiletés professionnelles et sociales.
«On a fait une rencontre avec les jeunes de Wôlinak pour savoir quels types de projets ils voulaient que l’on fasse dans la communauté. Comment aller les chercher, qu’est-ce qui les intéresse? Les jeunes nous disaient qu’ils aimeraient parler de leur culture en utilisant la technologie pour le faire. C’est de là que part Niona», se souvient Valérie Laforce, qui s’occupe maintenant de ce projet alliant modernité et histoire à temps plein.
Megan Hébert-Lefebvre de Wôlinak était du fameux souper pizza. Comme tous les jeunes ou presque, autochtone ou non, elle est fascinée par la technologie. «On s’est dit pourquoi ne pas partager notre culture sur les médias sociaux? On va se trouver un nom, on va partir ça et on va voir jusqu’où on peut se rendre». Et on est rendu loin, très loin. «Il y a vraiment une demande là-dedans. Beaucoup de monde a de l’intérêt. Au début, on faisant des partages sur Facebook et là, on fait des films!», ajoute celle qui est passée de participante à responsable de l’administration de Niona.
Actuellement en réflexion avec sa collègue Charlotte Gauthier-Nolett d’Odanak sur l’avenir de Niona, on voit loin, sur cinq ou dix ans même. «On veut se faire des bases solides pour devenir peut-être une entreprise, un service qui offre des produits. On aura peut-être nos locaux, nos propres studios « 100% indépendants! »», s’exclament-elles à l’unisson.
Justement, Niona s’inscrit dans un phénomène d’affirmation des Premières nations, une façon de les présenter positivement par les principaux concernés, les autochtones eux-mêmes. «Les gens entendent peu parler de nous et ils en savent peu à notre sujet. C’est pareil même chez certains de nos jeunes de la communauté. On veut se réapproprier notre culture et la diffuser nous-mêmes. On a une part de responsabilité là-dedans», rappelle Valérie Laforce.
Et pour ce faire, on y va d’une grande diversité de productions. «Nous avons fait des dépliants sur la langue et l’histoire. Il y a une exposition en cours à la chapelle de Wôlinak pour les 150 ans du Canada. C’est nous qui avons produit le dépliant. On a fait la conception de dessins sur des tipis. On fait des capsules vidéo. On a un journal qui est en place à Odanak. C’est le journal Salakiwi, ce qui veut dire avenir», présente avec fierté la responsable de Niona.
Les projets continuent d’affluer à la boite de communication abénakise, de plus en plus connue et reconnue. «Les carnavals et les pow-wow nous sollicitent, les organismes aussi. On collabore aussi avec le Conseil de bande. On a un gros projet qui s’en vient pour les deux prochaines années, c’est la route des paniers. On retracera l’histoire du frêne d’hier à aujourd’hui. On va travailler avec des anthropologues et des archéologues. On va s’occuper de faire les entrevues et le montage pour préparer le documentaire. On va également faire le suivi en temps réel de l’évolution du projet avec nos jeunes», confie Mme Laforce.
Les dynamiques Megan et Charlotte en ajoutent. «Avec les écoles, on veut faire de la sensibilisation. Dans notre communauté, on va organiser un «talent show» pour la chanson, la danse, mais aussi la peinture. Dans le fond, on veut que les jeunes nous disent c’est quoi, leur fierté abénakise».
Qui sait, à voir leur enthousiasme communicateur et leurs réalisations impressionnantes pour leur culture, peut-être que les futurs participants diront dans leur chanson ou leur poème: «Moi, de voir des modèles comme Valérie, Megan et Charlotte, ça me fait croire en moi. Je veux être une Abénakise comme elles!»