La fresque cachée de Saint-Wenceslas
SAINT-WENCESLAS. Depuis la fin de l’été, l’annexe à l’arrière de la salle communautaire de Saint-Wenceslas arbore une immense fresque représentant l’église et le presbytère locaux. Elle a été réalisée par un résident et artiste de la municipalité, qui a vu tout le potentiel du vaste espace dès qu’il y a mis les pieds, la première fois.
«Quand j’ai vu le gros mur de bois ici, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose, raconte Jean-Pierre Harvey. J’ai commencé à l’automne 2016.»
Il a consacré quelque 200 heures à cette réalisation de 16 pieds de haut par 40 pieds de large, environ. «J’ai fait beaucoup de travail la première année et un peu moins la deuxième. Je voulais la terminer cet été, juste avant que la pétanque intérieure recommence, vu que ça nécessitait de l’échafaudage.»
Mission accomplie: le mur adjacent à la surface de jeu est désormais une œuvre d’art qui fait la fierté du village. Éventuellement, ce sera au tour des autres murs et du plafond de voir leurs feuilles de contreplaqué prendre un peu de couleur. La municipalité prévoit en effet les peindre d’une couleur claire.
«Ce qui serait bien ici, ce serait de tout peindre avec une peinture texturée. Ça couvrirait toutes les imperfections et les joints. En même temps, ça amortirait le son. On pourrait faire ça à la grandeur de l’annexe, avec un petit blanc cassé, par exemple. On pourrait accrocher des tableaux», suggère l’artiste, qui en a discuté avec le maire Réal Deschênes.
«M. Harvey nous a fait cadeau de deux très grands tableaux qu’on va éventuellement mettre en place, mentionne M. Deschênes. C’est dans nos projets de rénover l’endroit. On aime bien l’idée qu’on puisse s’en servir comme lieu d’exposition.»
Jean-Pierre Harvey a également des projets pour le plancher en béton de l’annexe: «Ce serait facile de faire un faux-fini de marbre avec des restants de peinture. Il suffirait de le cirer et, ensuite, on aurait un beau plancher durable.»
L’homme derrière le décor
Si Jean-Pierre Harvey a l’œil aussi bien aiguisé sur le potentiel d’une telle pièce, c’est parce qu’il a signé, durant 33 ans, les décors des productions de Radio-Canada avec d’autres collègues artistes.
«À Radio-Canada, c’était du ciment comme ça qu’on retrouvait au plancher. On y peignait du bois, du marbre et toutes sortes d’autres choses. Toutes les couches s’empilaient et un moment donné, on passait un chalumeau, on grattait tout ça et on recommençait.»
M. Harvey s’occupait aussi des toiles de fond de séries télévisées. «Quand je suis rentré en poste, j’ai fait la dernière toile de Bobino», se souvient l’artiste, qui en a enchaîné d’innombrables autres au fil des ans. Il a notamment réalisé les toiles de fond de <@Ri>Cormoran<@$p>, du <@Ri>Temps d’une paix<@$p> et de <@Ri>Vazymolo<@$p>. «C’était une série pour les jeunes. Il y avait vraiment de beaux décors, avec beaucoup de dessins. On avait eu de bonnes idées!», souligne-t-il fièrement.
À l’époque, c’était la façon de faire: on produisait des murales grandeur nature pour les tournages. «Ça coûtait cher, mais il n’y avait pas d’autres options. Maintenant, le métier est disparu. Ils font imprimer [les toiles de fond]. C’est pas mal moins dispendieux.»
L’équipe de conception a graduellement été réduite et c’est en 2009 que Jean-Pierre Harvey a tiré sa révérence, en même temps que cinq autres collègues. Il se souvient qu’à son entrée en poste, en 1976, ils étaient 35 artistes dans l’atelier de la Société d’État. «Quand je suis parti, il en restait deux. Ils sont demeurés en poste un an ou deux, pas plus. C’est fermé aujourd’hui.»
Coup de cœur
Le Montréalais a abouti à Saint-Wenceslas en 2016. C’est son frère, résidant à Saint-Samuel, qui lui a fait visiter le village alors qu’ils étaient venus chercher des sushis au dépanneur du coin. Il a eu un coup de cœur pour une maison à vendre. Le lendemain, il faisait une offre d’achat pour ensuite acquérir la propriété et s’y installer. «C’est le paradis!», s’exclame-t-il, visiblement heureux dans sa nouvelle vie.