La culture du skate dans l’objectif de Tim Bouvette

BÉCANCOUR.  Après avoir réalisé des publicités pour de grosses entreprises telles qu’Air Maroc, Loto-Québec et Boréale, Tim Bouvette s’est attaqué à son premier court métrage, La petite Floride, qui a multiplié les apparitions dans les festivals avant de finalement décrocher le prix du public lors de la 24e édition du festival Regard.

L’intérêt pour la réalisation est apparu à l’âge de 12 ans alors que Tim recevait en cadeau d’anniversaire sa première caméra. En fait, c’est combinée à une passion pour le skateboard que celle du cinéma est née.

« On a commencé à se filmer entre amis, à faire de petits montages vidéo alliant musique, manœuvres de skate et souvenirs de voyage. De fil en aiguille, cela m’a amené à tourner des documentaires au Canada et en Europe, dont la Suisse et la Suède, pour des compagnies de snowboard », raconte le cinéaste.

Par la suite, Tim Bouvette s’est davantage intéressé à la fiction narrative. C’est ce qui l’a amené à réaliser son premier court métrage de fiction, La petite Floride, dans lequel on retrouve des bribes de la jeunesse de Tim. Entièrement tourné à Bécancour, le film met en scène des adolescents passionnés de skate qui vivront des scènes d’amitié et divers rites de passage.

Avec La petite Floride, qui contrairement à ce que l’on pourrait croire n’a pas été tournée à la plage du même nom pour des raisons de logistiques, Tim souhaite dépeindre de manière réaliste et authentique la culture de la planche (snowboard, skateboard, surf). « Dans l’histoire du cinéma, la représentation de la culture de la planche en général est souvent stéréotypée. Dans un film d’ado, le skateur sera un gars un peu extrême, intense, qui prend de la drogue, mais c’est beaucoup plus complexe que ça », assure Tim.

Les jeunes représentés dans le film rêvent de vivre du skate et de tourner des vidéos, mais évoluent dans un monde éloigné de cette industrie, monde qui se situe plutôt sur la côte ouest américaine. « C’est un univers qui les émerveille, mais qui est à l’autre extrémité du continent, et c’est ce contraste que je trouve intéressant. Je montre des jeunes en skate dans des rangs de campagne, sur de l’asphalte craqué, soit tout sauf du beau béton lisse comme en Californie », illustre le Bécancourois.

L’univers publicitaire

Tim Bouvette s’est également fait approcher à plusieurs reprises pour tourner des publicités, dont sa plus récente création publicitaire pour Boréale. Pour celle-ci, le réalisateur s’est déplacé à La Tuque où il connait bien la communauté de snowboardeurs afin de capter les images qui viendraient mettre en valeur les bières de l’entreprise.

« C’est une histoire de relation! C’est quelqu’un qui m’a référé parce qu’il aimait ce que je faisais. Dans l’image de marque de Boréale, il y a déjà un rapport à la nature, et c’est quelque chose auquel je touche dans mes projets de cinéma. J’étais alors la bonne personne pour ça! », raconte le réalisateur.

Le sommet d’une montagne, quatre kilomètres de motoneige, 18 personnes et trois chiens en plein mois de février. C’est au Club des 3 raquettes, plus précisément au tout nouveau refuge en bois rond du club, que Tim a trouvé l’inspiration. « Les paysages et le lieu donnaient beaucoup de valeur au résultat », dit-il.

Tim Bouvette explique que beaucoup de publicités utilisent déjà l’identité du plein air et que beaucoup d’entreprises s’identifient à ce mode de vie, ce qui rend la tâche difficile lorsque vient le moment de créer quelque chose d’unique.

« On voulait faire quelque chose qui se démarque en faisant ressortir le côté mystérieux de la nature par les textures de bois, de glace, et créer un rythme musical avec les sons. J’exploite aussi le concept du temps qui s’arrête avec l’hyper ralenti qui permet de capter des instants et d’avoir des expressions intéressantes », explique le réalisateur.

Tim souhaitait également s’éloigner des images sensationnalistes et miser plutôt sur la connexion avec la nature en amenant une couche plus authentique à la culture du snowboard, avec la mise en scène d’une vraie snowboardeuse. « Au début des années 2000, tu aurais vu un gars qui fait des backflips avec des filles dans le spa, et ce n’est vraiment pas là qu’on voulait aller! », lance-t-il.

Les projets en développement

Tim Bouvette développe quelques nouveaux projets en parallèle, dont un court métrage de fiction ainsi qu’un long métrage documentaire.

Pour le premier, il s’agit de l’adaptation de la nouvelle littéraire Fille de la ville de Virginie Blanchette-Doucet, tirée du recueil collectif Stalkeuses. « J’ai fait un retour à l’école en littérature et je fais la recherche de mes sujets de film à travers la littérature », révèle-t-il.

« La première fois que j’ai lu la nouvelle, j’ai tout de suite vu le potentiel cinématographique. C’est une personne qui espionne son voisin et il y a beaucoup de choses qui se passent dans l’action, dans le visuel, et c’est intéressant pour le médium du cinéma, raconte-t-il. La voix intérieure dans le roman, il faut que tu arrives à bien la traduire en images et dans les dialogues de façon subtile et en ayant beaucoup de sous-texte. C’est un beau défi! »

« L’histoire se passe sur une terre à bois au Centre-du-Québec. Le personnage est dans une quête de guérison par la connexion avec la nature. Elle se retrouve donc avec un seul voisin, soit une caricature extrême d’un chasseur et braconnier qui prend à la nature sans redonner. Ce que j’aime, c’est de montrer les deux extrêmes là-dedans! », lance Tim.

L’autre projet du moment du cinéaste, un long métrage documentaire, explore la santé mentale dans la culture de la planche. « C’est un documentaire qui s’intéresse à la fine ligne entre les pouvoirs de guérison de la planche et la dépendance destructive que cela peut engendrer, puisque ça devient souvent une échappatoire pour les planchistes. Donc, en plus d’explorer le phénomène, le documentaire participe à un dialogue important sur la santé mentale dans cette communauté internationale qui se questionne beaucoup depuis le suicide du skateur professionnel Ben Raemers. Dans mon film, la quête des personnages est de trouver un équilibre entre les deux, soit entre la guérison et la dépendance », conclut-il.

Il est possible de visionner La petite Floride sur le site web de UnisTV.
Il est possible de visionner la publicité pour Boréale sur Vimeo.