Hollywood s’intéresse à Aurore Gagnon

FORTIERVILLE. La tragique histoire d’Aurore Gagnon n’a pas fini de faire parler. C’est maintenant Hollywood qui s’y intéresse avec un film d’horreur qui sera en salle le 24 juillet. Le Courrier Sud a pu interviewer Mehran C. Torgoley, le réalisateur de La malédiction d’Aurore Gagnon. Ayant participé à plusieurs films, l’homme de cinéma était particulièrement excité de pouvoir s’adresser directement aux résidents de Fortierville et des environs via leur hebdomadaire régional.

À LIRE AUSSI: Un tournage fait dans le secret

Q: D’où provient l’idée?

R: «Llana Barron, coécrivaine et l’actrice principale du film, a de la famille à Sainte-Sophie-de-Lévrard. Sa mère a une maison dans le village. Llana y va depuis qu’elle est toute petite. Elle m’a raconté l’histoire d’Aurore il y a plusieurs années. Llana a toujours voulu faire un film sur ce sujet très tragique. Car, une fois que l’on creuse, on découvre que la belle-mère d’Aurore a été libérée de prison. C’est devenu clair qu’il n’y a jamais vraiment eux de justice pour Aurore. Cela nous a donné un angle intéressant pour le film d’horreur.»

Q: Est-ce qu’une partie du tournage a eu lieu au Québec?

R:«Oui, nous avons voyagé dans les environs de Fortierville durant l’été 2019 pour faire du repérage d’endroits pour filmer. Nous y sommes retournés en novembre 2019 pour le tournage. Nous avons eu la permission de filmer à Fortierville, à Sainte-Sophie-de-Lévrard ainsi qu’à l’aéroport de Québec.»

Q: Comment s’est déroulé le tournage?

R:«Je ne dirais pas que cela a été facile. La température est devenue très froide et il s’est mis à neiger. C’était magnifique à filmer, mais la météo a rendu le tournage de 14 jours plus difficile. J’ajoute que les gens de la place étaient tous très aidants et excités à propos du projet. Nous avons inclus le plus possible les habitants quand nous le pouvions pour avoir le feeling de la place.»

Q: Que retenez-vous de l’histoire d’Aurore Gagnon?

R:«C’est une question intéressante. Étant un Américain, j’ai appris l’histoire et la culture canadienne en surface. En apprenant sur l’histoire d’Aurore, je me suis ouvert sur la culture des Canadiens français et leur histoire. Je trouve particulièrement intéressant d’apprendre comment la tragédie d’Aurore est devenue un apprentissage pour la région et que son souvenir est important pour protéger les enfants des générations futures.»

Q: Que répondriez-vous à certains qui vont reprocheraient d’utiliser un drame bien réel pour en faire un divertissement?

R:«L’histoire d’Aurore l’enfant martyre est seulement le début de l’histoire de nos personnages pour notre film. Le film en question n’est pas vraiment à propos d’Aurore, mais plutôt sur trois cinéastes qui, en cherchant pour leur film, se retrouvent emmêlés dans un scénario sinistre. Notre intention n’est pas de faire du sensationalisme sur des évènements qui ont eu lieu il y a 100 ans.»

(Propos traduit par Marie-Laurence Lévesque)

On peut visionner la bande-annonce de La malédiction d’Aurore Gagnon sur le lien suivant :

https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=C1QV1sXYESg&feature=emb_logo

 

 

À propos d’Aurore Gagnon

Née le 31 mai 1909, Aurore Gagnon est la seconde fille de Télesphore Gagnon et de Marie-Anne Caron. Sa mère décède de la tuberculose en janvier 1918. À peine âgée de 10 ans, Aurore Gagnon s’éteint 12 février 1920.

Le 13 février 1920, à la lumière des blessures constatées sur le corps de Aurore Gagnon, le coroner Georges William Jolicoeur demande à Lauréat Couture, policier, de se rendre chez la famille Gagnon afin de récupérer le corps. L’autopsie pratiquée par le médecin légiste Albert Marois et le docteur Andronic Lafond se déroulera à la sacristie de l’église de Fortierville. Ils indiqueront au coroner «… que la mort de l’enfant ne pouvait être attribuée à un accident ou une maladie quelconque».

Le 21 avril 1920, Marie-Anne Houde, la belle-mère de Aurore Gagnon, est reconnue coupable de meurtre. Elle sera condamnée à la mort par pendaison par le juge Louis-Philippe Pelletier. Sa peine sera commuée en sentence à vie par la suite. Marie-Anne Houde est libérée le 3 juillet 1935 pour des raisons de santé. Elle décède du cancer le 13 mai 1936 à Montréal.

Devant le juge Désy, toujours à Québec, le procès de Télésphore Gagnon s’ouvre le 23 avril 1920. Le père d’Aurore Gagnon évita la potence en étant reconnu d’homicide involontaire. Malgré une condamnation à vie à purger au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul, il est libéré cinq ans plus tard pour «bonne conduite». À sa sortie de prison, Télésphore Gagnon revient vivre à Fortierville. Il est décédé le 30 août 1961 à l’âge de 78 ans.

Sources :

Éric Veillette. L’affaire Aurore Gagnon : Le procès de Marie-Anne Houde. Les éditions de l’apothéose. 2015. 436 p.

https://historiquementlogique.com/laffaire-aurore-gagnon-lintroduction/

Bibliothèque et archives nationales du Québec

http://blogues.banq.qc.ca/instantanes/2016/02/12/aurore-gagnon-lenfant-martyre/

Les grands mystères de l’histoire canadienne

https://www.canadianmysteries.ca/sites/gagnon/accueil/indexfr.html