De Broadway à Los Angeles, en passant par Bécancour

BÉCANCOUR. Épater des millions de téléspectateurs américains fait maintenant partie des exploits de Philippe Dumas. Avec toute une équipe technique à ses côtés, le Bécancourois a permis de propulser la troupe de danse ukrainienne Light Balance Kids en finale de la populaire émission America’s got talent.

La particularité de cette troupe? Elle est composée de 13 jeunes danseurs – des enfants de 11 à 13 ans – qui font littéralement plonger les spectateurs dans un univers déjanté, créé à l’aide de costumes lumineux, de blacklights (néons), d’effets spéciaux et de projections vidéo.

La troupe a approché Philippe Dumas en janvier dernier pour qu’il collabore à cet ambitieux projet. Elle avait vu, un mois plus tôt, les miracles qu’il était capable d’accomplir en création vidéo à Broadway, où il réalisait un contrat. «On a commencé notre première collaboration comme ça», raconte celui qui, à ce moment, était en voie d’intégrer les fonctions de directeur général du Moulin Michel de Gentilly.

La grande aventure

Ce qui n’était qu’un essai au départ s’est finalement transformé en folle aventure ponctuée d’émotions fortes. Celle-ci s’est terminée lors de l’épisode ultime, le 18 septembre, avec un top 10.

«Ce n’était vraiment pas sur ma bucket list, mais je suis content de l’avoir vécu. Ça va faire quelque chose de drôle à raconter à mes petits-enfants!» – Philippe Dumas

«C’était inattendu! Au départ, on voulait juste voir comment ça allait se développer avec notre performance à l’audition. À ce moment, je ne me sentais pas nécessairement comme un participant. À mesure que les étapes ont passé, j’ai été de plus en plus impliqué dans l’idéation et la création», fait savoir celui qui a agi comme codirecteur artistique lors des trois dernières performances du groupe et comme directeur de création des portions vidéo. Des rôles clés étant donné que l’aspect spectaculaire de la chose reposait en bonne partie sur ses épaules…

Au total, cinq productions originales ont été réalisées dans le cadre de la compétition. L’équipe a d’abord donné vie à Ironman lors des auditions. Elle a ensuite fait une incursion dans l’univers du basketball lors de l’émission qui l’a menée en quarts de finale. Une performance qui lui a d’ailleurs valu un «Golden Buzzer»; un privilège dont peut se servir chaque juge une seule fois pendant la saison pour faire passer directement un candidat à la ronde suivante.

Philippe Dumas entouré des jeunes danseurs de Light Balance Kids.

«C’est le moment un peu kitch de l’émission, rigole Philippe Dumas, sans aucune malice. C’est le moment où, au ralenti, on voit le juge appuyer sur le bouton doré et les confettis tomber. Généralement, on sourit quand on voit ça à la télé, mais pour vrai, quand c’est arrivé, je dois avouer que j’ai eu des petits frissons! C’était drôle à vivre!»

Après cet épisode chargé d’émotions, l’équipe a fait danser des squelettes. En demi-finale, elle a plongé les gens dans l’univers des Avengers. Puis, l’aventure s’est terminée avec une joyeuse chorégraphie d’aliments issus de la restauration rapide.

«On a réussi un tour de force pour la finale. On a vraiment tout fait en sept jours seulement, rapporte Philippe Dumas avec enthousiasme. Lors des étapes précédentes, on avait une idée de ce qu’on allait faire pour l’étape suivante. Des [portions] de numéros étaient prêtes. Ce n’était pas le cas ici.»

Les coulisses

Le professionnel compare la préparation de tels numéros à celle d’un film d’animation. «Le travail se fait en amont. On crée un storyboard qui va déterminer ce qui va se passer, tableau par tableau. Ensuite, on le divise en actions. Chacune d’elle est répertoriée, image par image, dans le time code [un genre de ligne du temps qui indique à quel moment est posé chaque geste]. »

Il en résulte une liste d’une centaine d’événements time codeauxquels sont intégrés les effets visuels souhaités. «Concrètement, le contenu vidéo est synchronisé avec tout ce qui se passe sur scène: chorégraphie, mouvements, musique, costumes. C’est un travail de précision qui fait que si le danseur arrive une demi-seconde trop tard à l’endroit où il doit être, ça paraît.»

Tout est joué 12 heures avant la présentation. «Une fois qu’on livre le contenu vidéo, on ne peut plus reculer. Les dés sont jetés.»

L’équipe a travaillé fort pour livrer des numéros exceptionnels. Elle était composée de deux chorégraphes, deux techniciens dédiés aux costumes lumineux et d’un directeur artistique, en plus des 13 danseurs, accompagnés de leurs proches. Philippe Dumas s’ajoutait en support à tout ce beau monde en mettant toute sa créativité et son expérience à leur service, et en coordonnant le travail des quelques studios montréalais qui ont collaboré, à distance, au projet.

Fierté

Ce n’est que de la fierté qui ressort de cette expérience, qui s’est conclue par une grande fête au cours de laquelle Paula Abdul a dansé avec les jeunes, dans un numéro hors concours. Aucune pointe de déception ou de regret sur quoi que ce soit n’est palpable. «On a présenté les spectacles qu’on voulait.»

Philippe Dumas a passé plus d’un mois à Los Angeles. Maintenant que cette incursion dans les hautes sphères du show-business américain est terminée, il est de retour à Gentilly, où il entend bien mettre son énergie créative au service du Moulin Michel. «Je veux susciter de l’engouement autour du Moulin, dit-il. Je suis là pour ça et j’ai plusieurs cordes à mon arc. Je compte bien m’en servir.»

Cliquez ici pour voir Light Balance Kids en action lors de la grande finale