Bars et restaurants, un bouc émissaire?

Restaurants Canada voit d’un très mauvais œil la re-fermeture des activités de restauration dans plusieurs régions du Québec, tel qu’annoncé le 28 septembre dernier par le gouvernement provincial. L’association considère qu’il s’agit d’un ultime coup dur pour une industrie qui a dépensé des sommes colossales pour s’adapter aux mesures de distanciation sociales et assurer la sécurité de ses employés et clients.

Sylvain McMurray, propriétaire du Pur Sang Steakhouse de Bécancour, se désole que les bars et les restaurants soient les premiers à fermer, tout comme les derniers à rouvrir. « On a toujours été la bête noire, c’est malheureux. Je trouve ça déplorable dans le contexte actuel, parce que les cas ne viennent pas des restaurants. Oui, on a vu des places que ça a été festif et où il y a eu des débordements, où les propriétaires n’ont pas respecté les consignes, mais j’ai l’impression que ceux qui ont fait attention et qui ont mis les mesures en place payent pour ça aujourd’hui », déplore M. McMurray.

Restaurants Canada affirme d’ailleurs que tout le travail accompli par leurs membres durant l’été afin de se conformer aux exigences de la santé publique a porté ses fruits, et que depuis le début de la pandémie, les restaurants du Québec n’ont pas été une source importante de transmission du virus.

« Malgré des efforts colossaux, il semble qu’on ait décidé que la restauration fait partie des coupables et qu’on doit en faire un bouc émissaire. C’est une décision malheureuse qui ne semble pas cadrer avec les orientations de relance économique du gouvernement », indique David Lefebvre, vice-président affaires fédérales et pour le Québec chez Restaurants Canada.

« L’industrie de la restauration a l’impression que peu importe ce qu’elle aurait pu faire, ça n’aurait jamais été assez de toute manière. La décision de refermer les salles à manger semble n’avoir aucun lien avec les conditions réelles d’éclosions dans les restaurants et cela la rend encore la décision plus difficile à avaler », pouvait-on lire par voie de communiqué de Restaurants Canada.

Heureusement, du côté du Pur Sang Steakhouse, la première fermeture au printemps n’a pas eu raison de la grilladerie, et le service de take out a permis à Sylvain McMurray de faire survivre son entreprise. Par contre, il affirme que si une seconde fermeture survenait, dépendamment de sa durée, il pourrait être obligé de revoir son modèle d’affaires.

« Je dirais que depuis la réouverture, l’achalandage a été plus que bon. Je dirais même qu’il y a eu des semaines qui ont été meilleures que pratiquement à pareille date l’année passée. De notre côté, on n’a pas à se plaindre, et jusqu’à dernièrement ça se passait très bien. Par contre, cette semaine, le téléphone sonne et on commence à avoir des annulations de réservations », témoigne le restaurateur.

« Il y a un nuage à l’horizon, nos collègues de Montréal et Québec viennent de se faire fermer, alors on se croise les doigts. J’ai tout de même l’impression que notre tour s’en vient. Ce serait de jouer à l’autruche que de croire qu’on va rester ouvert et que tout va bien aller. Mais on est prêt à ça! », conclut le propriétaire du Pur Sang Steakhouse.