Troquer le micro pour le fourneau

NICOLET. Peut-être que son visage est inconnu de certains, mais beaucoup reconnaitront le nom et la voix de Marc Bossé. Après une longue carrière à la radio à Trois-Rivières et à Victoriaville, l’homme de 58 ans a fait un virage à 180 degrés dans sa carrière. Depuis janvier dernier, il est cuisinier à temps plein à la Résidence St-Joseph de Nicolet.

À quelques occasions depuis ses débuts à la radio en 1983, Marc Bossé a vécu des périodes sans que la radio ne soit dans sa vie et, chaque fois, il se demandait s’il devait tirer un trait sur cette carrière. « J’avais toujours la cuisine derrière la tête. Ça m’a toujours passionné. J’ai quelques amis chefs à qui j’ai donné des coups de main à l’occasion de gros événements et j’apprenais beaucoup », raconte-t-il. Cependant, même si on lui a offert à quelques reprises des emplois en restaurant, il a refusé, peu friand à l’idée de travailler les soirs de fin de semaine.

C’est finalement à l’automne 2022 que les étoiles ont commencé à s’aligner pour un changement de carrière. Il a commencé par donner un coup de main pour la confection des déjeuners à la Résidence St-Joseph alors qu’il comblait le quart de travail de sa fille de 15 ans. Il faut dire que sa conjointe travaille également à la résidence depuis l’été dernier!

« Je suis allé faire le dimanche de mon ado et le gestionnaire m’a ensuite proposé de retourner travailler quelques dimanches de plus, pour finalement m’offrir du temps plein peu avant les fêtes! Je me suis dit : Pourquoi pas! C’est là que ça va se faire!« , ajoute Marc.

« Mes amis chefs me demandaient quand j’allais faire le saut. Ils ont tous dit : Enfin! Il est venu nous rejoindre dans la gang!« , lance-t-il.

Des priorités chamboulées

Marc Bossé a étudié la radio à Jonquière et y a par la suite consacré sa vie professionnelle. À quelques reprises, il s’est questionné et a réalisé que ses priorités avaient changé. « Tu te donnes pour la radio, mais tu te demandes toujours si tu as assez donné et si tu reçois assez en retour. C’est un milieu qui est un peu difficile et qui peut être assez intransigeant, plaide l’ancien animateur. Je voulais donc aller à un endroit où j’allais donner, mais également recevoir, à travers les gens. »

« Je ne ressens plus le besoin de me prouver à travers la radio. Sans prétention, j’ai l’impression après 40 ans d’avoir fait le tour et de ne plus avoir rien à prouver. Je veux donc en profiter pour plonger dans cette seconde passion qui trainait en arrière et que j’ai failli laisser de côté ».

Après quelques mois à la résidence, Marc Bossé peut confirmer qu’il reçoit en effet beaucoup par le contact avec les résidents. Au service des déjeuners, alors qu’il est la première personne que les résidents croisent, ils en profitent pour échanger des sourires, discuter et même prendre des nouvelles des membres de la famille! « On devient une grande famille et c’est comme si j’avais plein de grands-parents!, lance-t-il. À la radio, tu es seul ou en présence d’un ou deux collaborateurs en studio, mais tu parles à des gens qui sont virtuels. Tu sais qu’il y a des gens, mais il n’y a jamais de rétroaction. »

« La plupart des résidents sont des Sœurs grises et des Frères de la Charité. Ce sont des gens très sympathiques avec une belle joie de vivre, et ce sont des gens qui ont donné pas mal toute leur vie, qui ont aidé les autres. Maintenant, c’est à mon tour de les aider à ma façon et de leur faire profiter de leur retraite en les servant un peu! C’est une belle aventure que je vis! »

Il faut dire que la famille de Marc l’a encouragé à faire le pas vers un changement de carrière et à écouter ses envies. « Quand tu sens que quelque chose t’appelle et que c’est fort, qu’il y a une opportunité qui arrive, il faut la saisir, parce que ça n’arrive pas toujours deux fois! Si tu n’es pas 100% heureux dans ce que tu fais ou que tu l’as déjà été davantage, c’est peut-être signe qu’il faut aller faire quelque chose ailleurs, et cet ailleurs est peut-être juste là sous tes yeux! », conclut-il.