Le rêve secret exaucé de Julie Pressé

FORTIERVILLE. «La passion, ça vaut plus que bien des années de métier.» Ce constat, c’est la mairesse de Fortierville, Julie Pressé, qui le formule. Il la définit, dit-elle.

En poste depuis l’année dernière, elle déroge des clichés souvent associés au rôle de premier magistrat. D’abord, parce qu’elle est une femme. Ensuite, parce qu’elle est jeune (42 ans). Et comme bien des jeunes, elle arbore fièrement quelques tatous. Son moyen de transport de prédilection l’été, quand il fait beau? La moto!

Établie à Fortierville depuis trois ans, elle a vite trouvé ses aises dans son petit coin de paradis. «Ici, c’est particulier», dit celle qui a grandi sur la rive-sud de Montréal avant de déménager, à quelques reprises, loin des grands centres. «Les gens se tiennent. L’esprit de communauté est fort. Tout le monde se parle. Les gens s’impliquent pour leur communauté et participent.»

Avant d’aboutir dans ce village de 700 âmes, Julie Pressé habitait à Manseau. Elle y a été conseillère municipale durant deux ans. C’est à cet endroit que s’est ancrée en elle sa passion pour le monde municipal.

C’est la fermeture de l’école du village qui l’a amenée à quitter la municipalité. Elle s’était battue pour que l’établissement devienne une école alternative, mais sans succès. Voyant que leurs enfants devraient désormais prendre l’autobus pour aller étudier, son conjoint et elle ont alors décidé de réaliser leur rêve d’acheter une fermette. Ils l’ont trouvée à Fortierville.

«J’ai toujours eu comme principe, dans ma vie, de ne jamais me mettre de barrière devant les opportunités qui se présentaient.»

– Julie Pressé

Ce choix, ils sont loin de le regretter, car ils ont trouvé un milieu de vie dynamique et stimulant. «Rapidement, c’est devenu clair que je voulais être conseillère municipale ici aussi. Quand j’étais en mesure de le faire, j’assistais aux séances du conseil. Chaque fois, je constatais que l’administration municipale manifestait une belle ouverture face aux projets des citoyens. Puis, le maire Normand Gagnon a annoncé qu’il ne solliciterait pas un autre mandat aux élections de 2017.»

Cette annonce a quelque peu bousculé ses plans. L’idée de briguer la mairie s’est doucement enracinée dans sa tête. «C’était dans mes rêves secrets, mais pour plus tard, admet-elle. Cependant, j’ai toujours eu comme principe, dans ma vie, de ne jamais me mettre de barrière devant les opportunités qui se présentaient.»

Ainsi, après avoir consulté son conjoint et sondé le terrain auprès des conseillers en poste sur leur intérêt à prendre la relève de M. Gagnon, elle est allée de l’avant. Elle a été élue par acclamation.

Des défis…

Évidemment, le rôle de maire ne s’apprend pas du jour au lendemain. Et dans un petit village, les ressources de soutien sont moins présentes qu’en ville. «En ville, il y a des directeurs pour tous les départements. Ici, il n’y a une directrice générale pour m’épauler. Elle m’est d’ailleurs d’une aide précieuse dans mon apprentissage», fait remarquer celle dont l’équipe d’employés municipaux compte quatre autres personnes, dont certaines travaillent à temps partiel.

«Tour repose sur nous. On doit donc détenir plus de connaissances quand on gère une petite municipalité qu’une grande ville», juge-t-elle, suggérant au passage que les maires des petits milieux devraient avoir accès à plus de formations en raison de leurs ressources limitées.

«Malheureusement – et ironiquement –, on n’a pas nécessairement les moyens de suivre ces formations! Il faudrait revoir les choses», réclame la mairesse, évoquant quelques pistes de solutions, comme établir les coûts des formations au prorata de la population, ou demander aux MRC d’en prendre la responsabilité.

Un autre gros défi, selon elle, se situe au niveau du développement. «Pour attirer des gens, ça prend des rues, des maisons, de l’emploi, de la vitalité; bref, des sous pour tout ça! Or, on en a peu. On est en outre freiné par toutes sortes choses, à commencer par les études qui n’en finissent plus. C’est très compliqué. Il faut se battre à tous les jours pour tenter de rivaliser avec les plus grandes municipalités.»

Conciliation travail-famille

Pas facile, non plus, de concilier travail et famille. Mais Julie Pressé a fait ce serment: «Je me suis promis de ne jamais oublier que je suis à la fois une mère, une femme et une mairesse. Si, un jour, c’est trop, je réviserai mes plans.»

Pour le moment, elle tente d’équilibrer le tout le mieux possible. Par exemple, elle utilise régulièrement sa moto pour se rendre à ses multiples réunions quand la météo le permet. Lorsque celles-ci sont à l’extérieur, elle en profite pour se gâter et manger dans un restaurant qu’elle apprécie. Si, en plus, ces réunions se tiennent à proximité de la demeure d’une amie, par exemple, elle trouvera un moment pour aller la voir.

«Je trouve ça super important à travers le brouhaha du quotidien. C’est comme ça que je trouve mon équilibre.»