«Le Québec m’a adoptée» – Ana Maria Vera

MANSEAU. Entre les tâches ménagères et la rentrée des animaux à l’écurie, la
« supposée » retraitée Ana Maria Vera est fort occupée à Manseau. Ayant adopté son petit-fils qui a maintenant sept ans, la mamie maman est reconnaissante d’avoir elle aussi été choisie par le Québec au plus fort de la sanguinaire dictature de Pinochet qui a secoué le Chili à partir de 1973.

« Avec mon ancien mari, je suis venu au Québec en 1978. On n’a été expulsé. J’étais étudiante en architecture. C’était ma première année à l’université », se rappelle-t-elle. Une arrivée en terre québécoise au début du mois de mars qui marquera la Sud-Américaine qui n’avait jamais vu de la neige de sa vie. Arrivée à Montréal, elle demeurera un temps à Hull en se mettant rapidement au travail. « J’ai été embauché dans une manufacture. Je devais rembourser mon billet d’avion », rapporte Ana Maria Vera qui demeure à Manseau depuis 2007.

Il faut savoir que de 1974 à 1978, des centaines de Chiliens immigreront grâce à un programme qui permet aux personnes retenues d’obtenir un prêt pour payer leur billet d’avion. Avec cette mesure, près de 600 immigrants d’origine chilienne, dont Anna Maria Vera, s’installent au Québec chaque année à cette époque.

« On a été reçu par la Croix rouge internationale. J’ai eu des cours de français pendant six mois », souligne reconnaissante la vaillante femme qui retournera aux études dans le domaine social après la naissance de ses quatre enfants et un divorce. Ne se tournant jamais les pouces, avec conjoint Robert St-Aubin, Ana Maria s’est mise à l’élevage des alpagas, un mammifère domestique de la famille des camélidés. Appréciés pour sa laine plus douce, plus chaude, plus résistante et plus légère que celle des moutons, on retrouve notamment des alpagas au Chili.

« On vient de la même place », dit-elle en éclatant de son rire à l’accent latino-américain qui ensoleille. « Je lave la laine et je tricote des foulards, des bas, des chapeaux pour la famille. Je ne mets pas de teinture je garde la couleur naturelle », précise une Ana Maria Vera qui tout en demeurant attachée à son Chili a aussi adopté le Québec. « Je suis ici depuis 42 ans. En m’accueillant ici, on m’a sauvé la vie. Merci les Québécois pour la joie de vivre, la liberté et les rigodons », conclut-elle en avant la musique!