Des chiens attelés au plaisir!

GRAND-SAINT-ESPRIT. Depuis plusieurs années déjà, Olivier Lemire est à la tête d’une équipe d’athlètes bien particulière. Ces athlètes, ce sont ses chiens de traîneau.

Il en entraîne une vingtaine tout près de chez lui, à Sainte-Monique. C’est son père, Claude, qui lui a transmis sa passion. « On a des chiens Alaskan et EuroHound. C’est un mélange lointain de husky et de chien de chasse », décrit Olivier.

Ses chiens ont la bougeotte. Ils aiment courir.  « Trop, parfois! », s’exclame leur maître et musher (celui qui pilote l’attelage). « Il faut faire attention parce qu’ils pourraient en venir à dépasser leurs limites. Ils veulent bouger! Souvent, il faut les calmer. Ils sont prêts à foncer. »

On est loin du mythe selon lequel les chiens de traîneau sont forcés de travailler, insiste Olivier: « Ils ont ça en eux. D’ailleurs, lors des entraînements, ceux qui ne viennent pas sont jaloux… et ils nous le font savoir! ».

Les chiens sont traités aux petits oignons. Comme tout bon athlète de haut niveau, ils reçoivent les soins qui s’imposent et ont un régime alimentaire leur permettant d’être au sommet de leur forme. « Leurs pattes sont crémées avant chaque attelle. On leur fait des massages musculaires et on s’assure en tout temps qu’aucun chien ne court avec possibilité de blessure. Ce sont des chiens qui ont peu de gras et qui sont très musclés. On les pèse régulièrement pour éviter le surpoids et le sous-poids. Ils sont suivis par des vétérinaires, en plus d’être vaccinés et vermifugés régulièrement », précise Olivier Lemire.

Évidemment, tous ces soins ont un coût, mais pour Olivier, il s’agit d’un investissement dans un loisir qui le passionne au plus haut point: « Certains font de la moto, du bateau, du ponton ou de la motoneige. Moi, je fais des courses de chiens de traîneau! C’est un loisir coûteux, mais on oublie ça quand on est sur la ligne de départ! », philosophe-t-il, en plus de faire valoir les bons côtés qu’il y a à côtoyer des chiens. « Ils sont toujours joyeux et contents de te voir! ».

Les entraînements

Même si le père d’Olivier ne fait plus de courses depuis le début des années 2000, il continue de s’occuper des chiens, en plus de participer aux entraînements. « Le chenil est encore chez lui. Pour les entraînements, on s’est fait une piste semblable à une piste de formule Un. Elle passe chez des propriétaires voisins. Elle mesure 17 milles, soit environ 25 km. L’hiver, la neige doit être bien tapée. Ça demande quand même beaucoup d’entretien », raconte Olivier.

L’entraînement des chiens commence en octobre. « Il faut qu’il fasse moins de 10 degrés Celsius. On sort au moins deux fois par semaine. Comme il n’y a pas encore de neige à ce moment, on attelle les chiens à l’avant d’un quatre roues. Pour éviter les blessures, on y va progressivement. On commence par des tours de 2-3 kilomètres et on augmente la vitesse et les distances tranquillement. »

L’été, les chiens se délient les pattes dans le parc du chenil, sous supervision, deux ou trois fois par jour.

Les courses

Chaque année, Olivier Lemire participe à cinq ou six compétitions à travers le Québec. L’hiver dernier, il a réalisé l’un de ses rêves les plus fous: aller en Alaska pour participer au Open North American Championship Sled Dog Race de Fairbanks, la plus importante compétition de sprint en Amérique du Nord.

« J’ai fait l’aller-retour en camion avec mon handler (Andrew Thiffault). On a fait 15 000 km de route au total. » Sa famille et des proches sont venus les rejoindre en avion pour assister aux trois courses de la compétition (deux courses de 20 milles et une de 30 milles).

Au cumulatif, Olivier a terminé au huitième rang. Pour couronner cette toute première expérience déjà satisfaisante, il a reçu le titre de « Recrue de l’année » de même qu’une mention spéciale pour son esprit sportif. Le récipiendaire de cette mention était déterminé par les participants eux-mêmes. « Ç’a été de beaux moments. On a rencontré de belles personnes », témoigne M. Lemire, dont l’attelage a aussi figuré à la une du journal de Fairbanks.

Les projets

Olivier Lemire souhaite retourner concourir à Fairbanks dans trois ans. Il partira un peu plus tôt afin de prendre aussi part à une autre compétition de prestige à Anchorage.  

D’ici là, il continuera à évoluer sur le circuit québécois. Cette année, la course la plus éloignée de chez lui sera en Gaspésie. « Ce n’est pas si loin, quand tu es allé en Alaska! », termine-t-il en riant.

C’est un loisir coûteux, mais on oublie ça quand on est sur la ligne de départ!»

Olivier Lemire