L’amour est dans le Clos
BÉCANCOUR. Julie Dubé et Claude Benoit étaient censés se marier cette année. Ils se sont plutôt offert un cadeau de « prémariage ». Et pas n’importe lequel : un vignoble !
Ils sont en effet les heureux nouveaux propriétaires du vignoble Domaine du Clos de l’Isle de Bécancour. Ils l’ont acquis du fondateur, Daniel Harrisson, au tout début de l’été. Au projet, ils ont aussi greffé Les Hémérocalles de l’Isle, une entité intimement liée au vignoble depuis toujours. Les nouveaux propriétaires entendent continuer à faire rayonner ces attraits touristiques qui font la fierté des Bécancourois, tout en les mettant tranquillement à leur main.
« On était venu s’informer s’il était possible de se marier ici. On connaissait l’endroit pour y être venu 3 ou 4 fois. Durant la visite, on a demandé à M. Harrisson s’il était vendeur. Il a dit oui. »
Ils ont alors saisi la balle au bond. Claude, âgé de 59 ans, se cherchait un projet de retraite. Il l’avait soudainement sous les yeux. L’opportunité était trop belle pour la laisser passer, même si le couple s’était entendu pour emménager dans une petite maison nécessitant peu d’entretien pour profiter de leurs sorties en camping, un de leurs loisirs favoris.
Au final, c’est le camping lui-même qu’ils ont acheté, soit 23 acres de terrain ! Ce sont les campeurs de Terego, une organisation qui met en contact les propriétaires de véhicules récréatifs avec des entreprises agrotouristiques de partout au Canada, qui viennent plutôt leur rendre visite.
On était venu s’informer s’il était possible de se marier ici. Durant la visite, on a demandé si l’endroit était à vendre. On nous a dit oui.»
Julie Dubé
Retour à la terre
Pour les deux complices, il s’agit d’un retour à la terre puisqu’ils ont tous deux grandi sur une ferme ; lui, à Sainte-Brigitte-des-Saults et elle, à Yamaska. Ils se sont rencontrés à Drummondville, il y a 17 ans. « J’ai travaillé durant 20 ans comme préposée aux bénéficiaires. Puis, je suis devenue l’adjointe administrative de Claude, qui est comptable et planificateur financier. On forme une famille recomposée. Il a une fille de 24 ans et moi, deux garçons de 21 et 23 ans », raconte Julie.
Avec l’aide de Daniel Harrissson, avec qui ils partagent des valeurs similaires, et de trois précieux employés de longue date du vignoble et des Hémérocalles de l’Isle, ils apprennent à devenir viticulteurs. Pour l’instant, le volet des hémérocalles est encore piloté en bonne partie par M. Harrisson, question de faire une transition en douceur. Julie prendra la relève en temps et lieu. « Il est d’une aide précieuse. Il vient nous voir régulièrement. Ça facilite le transfert », se réjouit-elle, rappelant au passage que Daniel Harrisson a consacré environ 25 ans à son projet et qu’il n’avait pas de relève dans sa famille.
Dans le jus… de raisins !
Un premier été à la tête du vignoble vient de s’achever. Le couple a pu se faire la main avec l’entretien des vignes et l’accueil des touristes. La semaine dernière, il a complété l’embouteillage du vin de la cuvée 2022. Cette semaine, les vendanges commencent ! « On débute avec notre pinot noir », précise Claude Benoit. Suivront, peu après, les neuf autres cépages du vignoble.
« Les vendanges devraient durer trois semaines. On aura besoin d’environ 25 bénévoles pour bien planifier la récolte », ajoute-t-il.
La plantation compte 11 000 vignes. Elles fournissent suffisamment de raisins pour produire 12 000 bouteilles de vin par année : du blanc, du rouge, du rosé et du vin de vendanges tardives.
Daniel Harrisson les aide à toutes les étapes : « On filme ce qu’il nous dit pour être certain de ne rien oublier », souligne le couple, soucieux de bien faire les choses.
Les projets
Dès l’an prochain, Julie Dubé et Claude -Benoit planifient construire un nouveau chai (endroit où l’on entrepose le vin en tonneaux). Ils aimeraient par le fait même déplacer dans cette nouvelle bâtisse sa salle de transformation (vinification) et les activités d’embouteillage, qui se font actuellement dans le garage de la résidence.
« On est à l’étroit », fait savoir le couple, qui a déjà amorcé les premières étapes du projet.
Un bâtiment de deux étages est projeté. Au-dessus du chai, il y aurait une belle salle de réception, avec une vue imprenable sur le fleuve. « Pour l’instant, les réceptions se déroulent sous un chapiteau. Ce sont les organisateurs qui s’occupent de tout. Notre salle permettra d’en accueillir durant quatre saisons et de bonifier notre offre », indique Julie.
Leur mariage sera-t-il le tout premier événement à avoir lieu dans cette future salle ? « C’est ce qu’on souhaite ! », s’exclament en chœur les deux amoureux, le regard complice…