Alpagas Beleska: De Kijiji à Grand-Saint-Esprit

GRAND-SAINT-ESPRIT. Sarah-Kim Béliveau rêvait d’un projet agricole bien à elle quand elle a vu, en 2020, un troupeau d’alpagas à vendre sur le site d’annonces classées Kijiji.

« Je ne connaissais rien aux alpagas! J’ai un diplôme d’études professionnelles (DEP) en production laitière… », raconte celle qui a grandi sur la ferme familiale, à Grand-Saint-Esprit, et qui y a travaillé une bonne partie de sa vie.

« Mon frère a pris la relève de la ferme laitière récemment, avec sa femme. De mon côté, je ressentais le besoin d’être davantage en contact avec des gens et d’avoir mon propre projet sur mon terrain. J’adore les animaux, alors c’était sûr qu’il fallait que ce soit en lien avec ça. Je voulais aussi pouvoir élever mes enfants sans devoir les envoyer à la garderie. »

Elle est donc allée voir les alpagas à vendre, à Portneuf. Elle a eu un coup de cœur. « J’en ai acheté 12, de toutes les couleurs! », souligne-t-elle.

Elle a aussi acheté le lama qui gardait le troupeau. « Les alpagas n’ont aucun moyen de défense et ont besoin de se sentir en sécurité. Autrement, ils vont développer des maladies. Alors, comme le lama faisait partie de leur environnement et qu’il leur apportait ce sentiment de sécurité, je l’ai rapatrié chez moi », explique celle qui s’est aussi procuré, par la suite, deux chiens de montagne des Pyrénées pour veiller sur le troupeau.

Tout bâtir, de A à Z

En raison de la pandémie et de la fermeture annoncée des régions, elle a dû emmener ses bêtes plus vite que prévu à la maison. Le temps de terminer leur enclos et leur abri, elle les a logés à l’arrière de la ferme familiale.

« Je n’avais pas vraiment de plan à ce moment-là », admet-elle. Mais plus la construction avançait, plus elle se voyait accueillir des visiteurs et gérer sa propre boutique de produits fabriqués avec la laine de ses animaux. C’est ainsi qu’est née son entreprise: Les alpagas Beleska.

« Ce n’était qu’un champ, avant », fait-elle remarquer en jetant un regard rempli de fierté sur ses installations. « Je ne pensais pas que ça allait devenir aussi touristique! Au début, je ne voulais que des animaux et c’est tout! »

Maintenant, Sarah-Kim Béliveau a 17 alpagas. « L’an passé, quelqu’un m’a approchée pour me vendre ses trois alpagas et un bébé. La personne trouvait que ses animaux seraient bien ici. Je les ai pris. »

Elle a aussi vécu sa toute première naissance à la ferme cet été. « C’est un rêve que je chérissais depuis le début. Ça s’est réalisé le 19 août. Ç’a été une belle réussite », exprime-t-elle, encore émue.

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Son entreprise a aujourd’hui le vent dans les voiles. Elle accueille de plus en plus de visiteurs. De novice en la matière, elle est devenue une experte. Les alpagas n’ont plus de secrets pour celle qui prend un grand plaisir à parler de sa passion lors des visites guidées qu’elle propose, principalement sur rendez-vous.

« Cette année, ça explose! », se réjouit-elle. « J’ai travaillé pour… »

Depuis cet été, elle reçoit des campeurs de Terego à sa ferme. Il s’agit d’une organisation qui met en contact les amateurs de VR avec des entreprises agrotouristiques chez qui ils peuvent séjourner durant une nuitée, simplement en se procurant des produits sur place. « J’ai reçu 35 campeurs. Ça m’a permis de faire plus de ventes l’été. Parce que c’est rare que les gens se procurent des produits chauds en plein mois de juillet! », souligne-t-elle.

Il faut mentionner que sa boutique regorge de tuques, foulards, mitaines, cache-oreilles et bas qui sont confectionnés avec la laine de ses alpagas par une équipe de tricoteuses locales (dont sa mère!), ou alors proviennent de fournisseurs écoresponsables. D’autres items, comme du sirop d’érable et du macramé, complètent l’offre.

Un labyrinthe comme autre produit d’appel

En nouveauté cette année, Sarah-Kim Béliveau a aménagé, en collaboration avec son frère, un immense labyrinthe dans un champ de maïs situé juste à côté de ses installations. « Il est en partie sur ma terre et sur celle de mon frère. Il m’a beaucoup aidée. Il a semé le maïs et m’a aidée à faire le tracé sur Excel, quand j’ai imaginé le projet. Chaque carreau égalait deux rangs de maïs. À la fin juin et au début juillet, j’ai arraché à la main les plants qui devaient être enlevés pour concrétiser le tracé. Ça m’a pris dix jours! »

Le parcours propose deux kilomètres de sentiers. Vu des airs, on reconnaît le logo de son entreprise. Pour que l’activité soit encore plus amusante, la jeune entrepreneure a décidé d’y organiser une chasse aux trésors: petits et grands doivent trouver une paire de bottes, des gants, une casquette, une fourche et une brouette dans le labyrinthe. Une fois que c’est fait, ils ont le choix de prolonger ou non leur activité dans une autre portion du champ, où ils doivent repérer des indices pouvant les aider à résoudre une charade.

« Ça va devenir tradition », annonce la productrice. « Le parcours va changer chaque année, de même que son emplacement, puisqu’on fait une rotation de culture. C’est important pour garder la terre en santé. »

À la fin de la saison, elle procédera au tirage d’un mignon alpaga tricoté par sa mère parmi tous les participants. « Je prévois offrir l’activité jusqu’au 29 octobre (les samedis et dimanches de 10h à 16h). Le 28, j’organise une activité d’Halloween. Tous les enfants qui viendront à la ferme déguisés recevront des bonbons (remis au lendemain s’il pleut). »

Par la suite, elle participera à quelques marchés de Noël avant de rouvrir sa boutique dans les semaines précédant Noël.