Vaste mobilisation contre un projet pétrolier à Odanak

ODANAK. L’entreprise Original Traders Energy (OTE) projette de construire et d’exploiter sur le territoire d’Odanak un « microcentre de mélange », c’est-à-dire une station-service conçue pour mélanger des produits chimiques et pétroliers dans de l’essence destinée à être vendue à des détaillants des Premières Nations.

Le projet pourrait générer, pour la communauté d’Odanak, des redevances d’environ 750 000$ par an, sans compter le loyer qui serait perçu pour l’utilisation du terrain ciblé, situé dans le parc d’affaires. Dix-huit emplois seraient également créés (chauffeurs de camion, opérateurs et personnel de gestion).

Lors de l’assemblée générale annuelle du 22 septembre dernier, le Conseil des Abénakis d’Odanak envisageait d’aller de l’avant avec ce projet puisqu’une majorité d’élus y étaient favorables. Or, cette décision est loin de faire l’unanimité dans la communauté.

Une mobilisation s’est même orchestrée au cours des derniers jours pour empêcher la réalisation de ce projet jugé « défavorable à l’environnement » par plusieurs membres de la communauté. Il en a résulté la mise sur pied de la « Coalition Odanak ».

« Un tel projet va à l’encontre des valeurs de la Nation Abénakise d’Odanak. Nous qui sommes les gardiens et protecteurs de notre territoire, nous refusons d’hypothéquer l’avenir de notre communauté mais, avant tout, l’avenir de nos enfants », clame haut et fort Jacques T. Watso, conseiller au Conseil des Abénakis d’Odanak et porte-parole de la coalition.

Pour les membres de la Coalition Odanak, les retombées projetées par OTE n’ont rien de si alléchant, considérant le fait que « le taux de chômage est présentement très bas à Odanak » et qu’il s’agit de « l’une des communautés les mieux administrées au Canada, avec une excellente santé financière ».

 En ce qui concerne le terrain convoité, il pose problème au groupe d’opposants. Il se situe sur une artère névralgique, soit la route 132, et avoisine le Collège Kiuna, seul et unique centre d’études collégiales des Premières Nations au Québec et seule institution d’enseignement supérieur de tout le comté de Nicolet-Bécancour. « Ce projet suscite d’importants questionnements concernant le risque pour nos étudiants, nos employés et nos activités », partage la directrice du collège, Prudence Hannis.

Incohérence?

Par ailleurs, la Coalition Odanak trouve paradoxal le fait que dans sa résolution donnant le feu vert au projet d’OTE, le Conseil des Abénakis d’Odanak mentionne qu’il souhaite recevoir davantage d’informations. Selon elle, « entamer un processus d’évaluation environnementale sur un projet sans avenir est incohérent ». Cela constituerait « une perte de temps et d’argent qui gagneraient plutôt à être investis dans la transition énergétique, la préservation des ressources naturelles et des emplois non polluants », estime-t-elle.

Les opposants au projet d’OTE soulignent également à grands traits le fait que depuis longtemps, la communauté d’Odanak cherche à protéger la faune et la flore sur son territoire à travers différents projets de protection, de conservation et de mise en valeur des milieux naturels, tout en rappelant que le Canada vise la carboneutralité pour 2050. « Nous avons collectivement la responsabilité de contribuer à atteindre cet objectif, et ce n’est certainement pas en autorisant des projets axés sur les énergies fossiles que nous y parviendrons », signifient les membres de la Coalition Odanak, qui souhaitent également qu’à l’avenir, le processus encadrant l’implantation de nouveaux projets soit mieux défini.

« Notre génération et celle des plus jeunes sont hyper-conscientisées par rapport à l’environnement. On ne veut pas de projet pétrolier chez nous! », martèle Jessica Ann Watso, représentante jeunesse de Femmes Autochtones du Québec, Nation Abénakise.

Le mouvement de contestation continue de prendre de l’ampleur. En effet, la Coalition Odanak a invité tous les membres de la bande d’Odanak, sur et hors communauté, tous les citoyens issus des Premières Nations et Allochtones habitant la communauté, de même que des alliés de tous horizons à joindre leurs voix à la sienne pour dire non au projet d’OTE à Odanak.

Pour se faire entendre, la Coalition organise une marche le 9 octobre à 13h, juste après la fin de la période de mises en candidature des élections du conseil de bande. Le départ se fera au 59 rue waban-Aki.