Un hommage touchant pour toute une communauté

FORTIERVILLE.  « Si on peut dire que ça prend tout un village pour élever un enfant, on peut aussi dire que quand un enfant décède, c’est tout le village qui le pleure… » C’est avec cette phrase en tête que Marjolaine Mainville, l’artisane derrière Les Tricotins de Marjo-Laine, a créé un tableau tout en laine et en feutrine en guise d’hommage à une tragédie qu’elle a vécue, entourée de sa communauté.

« Le 27 février 2018, j’ai donné naissance à mon petit Arthur. Tous au long de la grossesse, il était sous haute surveillance. Au moment de l’accouchement, il a rapidement été pris en charge par l’unité de néonatalité du CHU de Québec, raconte Mme Mainville. Malheureusement, sa malformation cardiaque était trop importante et inopérable. Après 6 jours de combat, il était temps pour nous de le laisser partir. C’était le 5 mars 2018. »

Marjolaine Mainville souhaite représenter, à l’aide de ce tableau, que lors de la perte d’un enfant, ce n’est pas que les parents qui souffrent. C’est la famille élargie, les amis, le personnel soignant et toute la communauté. « Personne ne reste indifférent », dit-elle.

« Malgré la peine ressentie, nous avons été témoin du chagrin des autres, et heureusement de leur soutien aussi. Nous avons vu une infirmière quitter son quart de travail en larmes, car elle savait qu’elle ne reverrait plus son champion. »

« Nous avons entendu mon père pleurer pour la première fois au téléphone quand j’ai dû l’appeler pour lui demander d’appeler la famille pour les aviser qu’on devait laisser partir Arthur. »

« Nous avons entendu ma belle-mère pleurer au téléphone et l’avons sentie impuissante face à notre chagrin. »

« Nous sommes reconnaissants que notre cousine, celle qui devait être la marraine d’Arthur, change ses plans et reste avec mes enfants une nuit de plus pour nous les amener à l’hôpital le lendemain matin. Nous avons vu aussi ma gardienne quitter son domicile pour aller installer ses bancs d’enfants dans l’auto de notre cousine et nous éviter un aller-retour. »

« Nous avons été témoin de la générosité de l’hôpital qui nous a laissé une chambre pour la nuit, pour que nous restions proches de notre Arthur et qu’il ne parte pas seul dans son berceau. Ils nous ont aussi permis que nos enfants entrent dans l’unité et soient présents pour les derniers moments. Ils nous ont offert un soutien psychologique, une photographe et de l’intimité. »

« Nous sommes reconnaissants que mes parents fassent la route pour venir nous rejoindre à l’hôpital et s’occupent de nos enfants, afin que nous puissions nous concentrer sur Arthur. »

« Nous avons vu mon 18 mois ne pas trop comprendre ce qui se passe, essayer de donner la suce au bébé et trouver tous les fils et tuyaux très intéressants, mon 4 ans faire le muet et ma grande de presque 8 ans nous montrer qu’elle aurait fait une super grande sœur en lui donnant une bonne dose d’amour elle aussi. »

« Nous avons vu une infirmière pleurer en tenant le petit corps inanimé de notre bébé en ayant comme mission (ingrate) d’aller le porter à la morgue. »

« Nous avons contemplé notre cousin, qui devait être le parrain, faire une surprise aux enfants en se cachant chez nous avant notre retour et faire rire les enfants toute la soirée. Après près de deux semaines dans le silence hospitalier, les entendre rire faisait chaud au cœur! »

« J’ai créé toute une cohue à la pharmacie du village quand une employée, contente de me revoir après mon accouchement, me demande des nouvelles d’Arthur. J’ai dû leur annoncer qu’on revenait de l’hôpital après lui avoir dit un dernier au revoir. Clients et employés étaient visiblement très touchés et déstabilisés. »

« Nous avons eu l’aide d’une amie pour l’organisation avec le salon funéraire. Les filles des Loisirs m’ont aidé à préparer la salle, un curé pour faire la petite cérémonie religieuse. Ma belle-sœur, enceinte jusqu’aux oreilles, nous a préparé un montage vidéo de toutes les photos et les images amassées d’Arthur qu’on a fait jouer en boucle pendant la cérémonie. Beaucoup de gens sont passés lui rendre un hommage. Nous avions droit à un témoignage de soutien de la part des concitoyens à chaque sortie. »

« Nous avons vite remarqué que notre peine, bien qu’immense, était partagée par plusieurs. C’est pour cette raison que nous lui avons donné comme deuxième prénom Cupidon : il aura brisé des cœurs en peu de temps! »

Un don à la communauté

Le tableau d’une dimension de 52 pouces par 27 ½ pouces a été pensé pour être affiché dans un endroit où il pourra rendre hommage au réseau de soutien.

Marjolaine Mainville est à la recherche d’un endroit pour accueillir et afficher l’œuvre. Il est possible de la contacter via sa page Facebook Les tricotins de Marjo-Laine.