Sainte-Monique divisée concernant l’avenir de l’église
SAINTE-MONIQUE. Depuis que l’église est placée entre les mains d’un agent immobilier, la municipalité de Sainte-Monique accélère ses démarches afin d’acquérir le bâtiment pour la somme symbolique de 1$. «On ne veut pas laisser passer notre chance», martèle la mairesse Denise Gendron.
Or, une telle acquisition est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté. Pour cette raison, l’assemblée publique du 14 septembre – la première ouverte au public depuis le confinement – a été particulièrement houleuse.
Une soixantaine de citoyens étaient présents à l’église pour entendre les élus et assister au dépôt d’une pétition contre le projet à venir de la municipalité. Lors de la séance, les élus souhaitaient notamment faire le point sur les principaux projets en cours, mais c’est finalement le dossier de l’église qui a pris toute la place.
«On voulait prendre le temps d’informer les gens des dossiers qu’on a menés ces derniers mois parce que la COVID nous a empêchés de bien communiquer avec eux», indique la mairesse, qui a finalement présidé une séance où «la charge émotive» était «épouvantable». «Dès le départ, en plus, les gens n’entendaient pas bien, et je n’entendais pas bien leurs question. Ce n’était vraiment pas facile».
L’écoute, dans tous les sens du terme, n’était donc pas au rendez-vous, déplore Mme Gendron, regrettant aussi le fait que le conseil municipal ait été accusé de ne pas s’occuper des «vrais dossiers», comme l’eau et les chemins. «Tout ce que [les gens présents] voulaient, c’était qu’on décide d’abandonner le projet (acheter l’église). Mais ça ne marche pas comme ça, la démocratie. Il faut que les décisions soient prises dans un état d’esprit calme et réfléchi. Pour le bien des citoyens et de Sainte-Monique aussi», dit-elle.
Même si plusieurs personnes sont contre l’acquisition de l’église par la municipalité (il y aurait 150 signataires à la pétition), Denise Gendron fait valoir que de nombreuses autres sont en faveur. Ou du moins, plusieurs veulent entendre la présentation du projet qui pourrait voir le jour dans l’église avant de se faire une tête.
«On va laisser retomber la poussière et continuer de monter le projet parce que je pense que Sainte-Monique, ça vaut au moins ça. S’ils ne veulent pas du projet lors de la soirée de présentation, il n’y en aura pas et c’est tout. On restera dans notre processus de dévitalisation.»
Craintes
Il faut dire que l’une des craintes des opposants n’est pas nécessairement en lien avec la nature du projet à venir. Ils redoutent plutôt que la municipalité s’embarque dans un gouffre financier étant donné l’état de l’église, dont la devanture s’enfonce dans le sol. Un autre argument fait valoir que ce n’est pas dans le mandat d’une municipalité d’être gestionnaire de projets.
«On a fait faire des études [sur la structure du bâtiment] et on nous dit que rien n’est catastrophique; que notre église peut durer encore 100 ans», souligne la mairesse, qui ne souhaite toutefois pas rendre publiques ces études pour des raisons de sécurité (elles contiendraient des photos qui ne doivent pas tomber entre les mains de personnes malintentionnées). «Si l’on a des besoins particuliers à un moment donné, il y aura des subventions disponibles.»
La suite
La rencontre de présentation du projet sera le point tournant dans ce dossier. Car pour que la vente soit autorisée par l’évêché, le projet doit être viable et obtenir l’approbation d’une majorité de paroissiens.
Cette rencontre devrait avoir lieu en novembre, avance Mme Gendron, qui souhaite laisser passer le temps des récoltes pour donner la chance au plus grand nombre de citoyens d’être présents. D’ici là, la municipalité continuera de monter son projet. Un processus qu’elle fait de concert avec des agents de développement de la MRC de Nicolet-Yamaska.
En gros, il serait question d’aménager une salle multifonctionnelle dans la nef et des chambres au jubé pour y héberger des touristes.
Du côté de la Fabrique
Pendant que le débat s’enflamme du côté de Sainte-Monique, la Fabrique poursuit ses démarches en vue de désacraliser l’église. Une étape cruciale consiste à exhumer un défunt enterré sous le bâtiment. «Ça n’a pas bougé depuis un mois et demi. L’avocat au dossier était censé nous revenir en août ou septembre», fait savoir le président d’assemblée de fabrique, Michel O. Lemire.
En ce qui concerne l’agent immobilier chargé de la vente du bâtiment, il aurait fait faire deux visites à des particuliers «plus ou moins intéressés»: «Il n’y a pas d’offre. Il ne s’attend pas à en recevoir avant deux ans», mentionne M. Lemire.