Remettre la compassion au goût du jour

SAINT-PIERRE-LES-BECQUETS. Cette année, les élèves de l’École secondaire les Seigneuries ont expérimenté l’engagement communautaire en tant que bénévoles dans le cadre des « Sorties Compassion 101« , sorties offertes pour les initier à une diversité de réalités qui demandent de mettre de l’avant leur savoir-être.

« C’est en lisant un passage du livre Un sourire à la fois du clown humanitaire Guillaume Vermette sur l’urgence de mettre la compassion de l’avant que ce projet de sorties est né.  J’ai ciblé trois milieux à proximité permettant à nos jeunes de s’ouvrir à la différence, de démystifier des réalités comme la solitude dans les centres de soins hospitaliers de longue durée ou de comprendre les différents visages de la pauvreté au Québec », explique l’animatrice à la vie spirituelle et à l’engagement communautaire Marlène Dubois, initiatrice et organisatrice du projet qui s’est échelonné de décembre à mai.

En partenariat avec l’Association des personnes handicapées de la MRC de Bécancour, l’organisme Les Artisans de la Paix de Trois-Rivières ou le CHSLD Romain-Becquets de Saint-Pierre-les-Becquets, le but avoué était de sortir les jeunes de l’école pour les mettre directement dans le bain de l’engagement communautaire, puis de faire confiance à leurs capacités.

« Je pense que rien ne remplace le vécu. Cela laisse une empreinte tangible beaucoup plus grande qu’une animation en classe ou qu’un visionnement de vidéo. C’est souvent là où les préjugés tombent, où les liens se créent et où le cœur s’ouvre », affirme Mme Dubois, qui souligne la maturité des élèves lorsqu’ils vivent ce genre de sorties à l’extérieur de l’école.

En tout, cinq après-midis au CHSLD de Saint-Pierre-les-Becquets ont été offerts à différents groupes de 6 à 8 élèves qui ont pu donner réconfort et attention aux personnes âgées rencontrées.

« Ça fait chaud au cœur de voir les personnes âgées avec le sourire quand on arrive, parce qu’il y en a plusieurs qui n’ont presque pas de visite. On s’amuse beaucoup avec certains. On a même fait une simulation de mariage, c’était très festif et ça a mis de la joie dans leur journée », relate Rebeka Giroux, élève de 2e secondaire, ayant participé à plusieurs sorties.

Florianne Lafrance, élève de 1ère secondaire, exprime quant à elle que cet engagement lui a fait découvrir d’autres côtés d’elle-même. « J’ai découvert que j’étais capable de m’ouvrir facilement aux autres et d’être vraiment attentionnée. Ça m’inspire à continuer car je me sens à ma place », dit-elle.

Les élèves étaient préalablement formés par l’artiste clown Danaë Cusson, œuvrant pour la Caravane Philanthrope. La formatrice exprime sa fierté d’encadrer ce projet d’art bienveillant. « C’est magnifique de voir comment les jeunes enrichissent leur sentiment d’appartenance à leur communauté grâce aux arts et au clown relationnel. Cela crée un pont entre les générations ». Elle explique aussi qu’au-delà des enjeux reliés aux troubles cognitifs qui existent chez les aînés, les jeunes réussissent à faire émerger la mémoire affective, ce qui crée des liens significatifs passant par le cœur.

Deux autres groupes d’élèves ont aussi eu l’occasion d’aller servir le repas du midi à une centaine de personnes à la Tablée populaire de l’organisme des Artisans de la Paix, dans le quartier Sainte-Cécile à Trois-Rivières. Un bénévolat rempli de rencontres qui a permis aux élèves de prendre conscience de tout l’impact et de la mobilisation des organismes auprès des gens vivant en situation de pauvreté ou de précarité. « Ça fait du bien de voir un lieu où il n’y a pas de jugement, où tout le monde est là pour s’entraider, peu importe les difficultés que chacun vit », exprime Estelle Bergeron, participante de 4e secondaire.

« Les gens étaient beaucoup plus gentils que je pensais. C’est vraiment important que tout le monde puisse être aidé.  J’ai allumé sur plein de choses auxquelles je n’avais jamais réfléchi avant.  Je le referais n’importe quand, j’ai vraiment aimé mon expérience », renchérit Samuel Santerre, élève de 4e secondaire.

La coordonnatrice en intervention sociale des Artisans de la Paix, Charline Vaugois, explique qu’accueillir la population étudiante est un moment important de sensibilisation et de conscientisation pour l’organisme. « Ils font partie de la solution », ajoute-t-elle. 

Finalement, l’Association des personnes handicapées de la MRC de Bécancour a aussi fait découvrir son milieu de vie à un groupe d’élèves du secondaire, mais également à deux classes de 5eet 6e année des écoles primaires avoisinantes (écoles l’Oasis de Sainte-Françoise et le Phare de Deschaillons-sur-Saint-Laurent). « C’est important pour nous d’ouvrir régulièrement les bras à ce genre d’expérience de sensibilisation à la différence auprès des jeunes », mentionne France Laquerre, directrice de l’association.  

Lors d’avant-midis de partages et de jeux, les élèves ont vécu des échanges avec différents adultes vivant avec une déficience intellectuelle lors de la Semaine de sensibilisation à la déficience intellectuelle.  Les élèves du primaire ont mentionné qu’ils ont laissé derrière eux plusieurs préjugés qu’ils avaient, qu’ils ont trouvé que les participants étaient très attachants et qu’ils souhaiteraient revivre l’expérience.