Reconstruction de la grande passerelle: un chantier sous haute surveillance

CHANTIER. L’évolution chantier de démolition et de reconstruction de la grande passerelle de l’Anse du Port sera surveillée de près au cours des prochains mois!

L’accès à cette infrastructure est déjà interdit depuis la semaine dernière et elle y demeurera au cours des prochains mois, soit jusqu’à la reconstruction complète de l’infrastructure. Les travaux devraient s’étendre jusqu’en avril 2018.

Si jamais ils devaient être retardés, que ce soit en raison d’un bris mécanique ou des conditions climatiques peu clémentes, les travaux seront terminés pour la saison estivale. La mairesse de Nicolet, Geneviève Dubois, assure d’ailleurs que le respect de l’échéancier sera surveillé de près. Il faut dire qu’avec environ 25 000 personnes qui la fréquentent chaque année, l’importance stratégique pour le tourisme et l’économie régionale de cet attrait est indéniable.

C’est l’entreprise Lambert & Grenier qui a obtenu le contrat pour ce premier bloc de travaux qui coûtera un peu moins de 1,1M$. C’est un montant légèrement inférieur à celui projeté par la Ville lors de sa demande de subventions.

Après la démolition par sections, les travailleurs devraient s’attaquer aux pieux en urgence notamment dans la partie la plus près du fleuve étant donné qu’ils doivent profiter d’un pont de glace pour réaliser les travaux.

Les pieux devront d’ailleurs être posés exactement au même endroit que les anciens pour ne pas déranger la faune et la flore. Pour s’assurer que la passerelle ne gondole pas avec le gel et le dégel, ceux-ci seront en acier, plutôt qu’en bois, et seront vissés dans le sol. Ce sont environ 400 poteaux qui seront à changer.

Par la suite, les sections du tablier devraient être construites dans le stationnement du parc écomaritime.  Elles seront ensuite transportées et installées au bon endroit, tout comme les différentes aires de repos.

Aucun changement ne sera apporté sur la configuration et la nouvelle passerelle sera identique à l’ancienne. C’est l’autorisation qu’a obtenue la Ville de Nicolet, sans quoi il aurait fallu faire d’autres démarches pour satisfaire aux demandes déjà exigeantes du ministère de l’Environnement.

Par la suite, au printemps, une autre étape du chantier sera réalisée avec la réfection du chalet de service voisin des installations. Celui-ci pourra accueillir un centre d’interprétation de la faune et de la flore du parc avec un volet maritime en lien avec le fleuve Saint-Laurent. Des panneaux d’interprétation pourraient aussi faire leur apparition.

Rappelons que ces travaux, totalisant une enveloppe budgétaire de 1,8 million de dollars, sont rendus possibles grâce à la contribution à parts égales du gouvernement du Canada (600 000 $), du gouvernement du Québec (600 000$) et de la Ville de Nicolet (600 000 $).

Plusieurs contraintes

Étant donné que les travaux de démolition et de reconstruction de la passerelle se feront dans un milieu particulier, plusieurs contraintes seront imposées à l’entrepreneur pour limiter l’impact du chantier.

D’abord, aucun des résidus de démantèlement ne pourra être laissé sur place. Ceux-ci devront être dégagés puis déposés dans des remorques et des conteneurs de débris de construction et transportés hors du site.

Même s’ils travaillent sur du sol et de l’eau qui sont gelés, les travailleurs devront réduire le plus possible l’empiètement dans la zone de façon à limiter au maximum la compaction du sol. Autant que possible, ils devront se promener sur la passerelle plutôt qu’aux abords.

Même l’huile utilisée dans leur machinerie devra être végétale lorsqu’elle se trouvera dans les milieux hydriques. Les manipulations de carburants, d’huiles ou autres produits pétroliers devront être effectuées à une distance minimale de 60 mètres des cours d’eau et des milieux humides et le matériel pour circonscrire un déversement accidentel devra être disponible en tout temps.

Des professionnels de la biologie et de la botanique ont déjà identifié des zones où se retrouvent des espèces à statut précaire et des espèces exotiques envahissantes afin de ne pas y circuler avec la machinerie. Ceux-ci devraient assurer une surveillance durant les travaux. Au besoin, ils demanderont d’assurer la restauration du milieu et ils effectueront un suivi dans la zone des travaux, et ce, sur un minimum de deux ans.

Une valeur écologique très élevée

Il faut dire que la valeur écologique du milieu traversé par la passerelle a été évaluée comme étant «très élevée» par le Groupe Synergis dans le cadre de la demande de certificat d’autorisation dont Le Courrier Sud a obtenu copie.

La passerelle traverse en fait cinq unités de végétation dans le cortège floristique, soit une érablière argentée, une saulaie de la baie, une saulaie de la dune, un marais et une prairie humide.

On y note la présence de deux colonies de lycope de Virginie (espèce susceptible d’être désigné menacée ou vulnérable), qui devront être contournées le mieux possible, ou encore une colonie de matteucie fougère-à-l’autruche (vulnérable à la cueillette commerciale).

Sur les 168 espèces d’oiseaux qui y ont été observés, plusieurs ont des statuts de protection fédérale et provinciale. On note aussi cinq espèces animales à risque dans le périmètre rapproché de l’étude, soit le dard de sable (menacée), le chevalier cuivré (menacée), le mené d’herbe (vulnérable), le fouille roche-gris (vulnérable) et l’elliptio à dents fortes (susceptible d’être désigné menacée ou vulnérable).