Quitter la métropole pour devenir vignerons

BÉCANCOUR.  Vincent Laniel, Laurence Veri et Félix Poirier sont trois jeunes Montréalais qui caressaient le même rêve depuis quelques années déjà: celui de devenir vignerons. Alors que depuis trois ans ils s’occupaient dans le jour de 400 vignes plantées chez les parents de Félix, afin de se faire la main, le soir ils parcourraient le web à la recherche d’une terre pour enfin vivre leur passion à plus grande échelle.

Le plaisir que Vincent, Laurence et Félix ont eu en prenant soin de ces vignes a été révélateur: « C’était suffisant pour changer l’orientation de nos vies », révèle Félix.

C’est finalement l’hiver dernier, grâce à leurs contacts dans le monde viticole, qu’ils ont entendu parler d’un vignoble à vendre à Bécancour, dans le secteur de Précieux-Sang: celui du Domaine Les Pignons verts. Le coup de foudre s’en suivit.

« Les anciens propriétaires nous ont fait faire le tour en raquettes, et on n’arrêtait pas de se regarder entre nous en se disant à quel point c’était beau! », se remémore Vincent Laniel. « On n’en revenait pas!, poursuit Laurence Veri. On n’avait même pas vu les vignes, car elles étaient sous la neige, mais on a eu un coup de cœur! »

Les terres du vignoble s’étendent des deux côtés de la route; c’est également cette petite parcelle en bordure de la rivière Bécancour qui a su séduire les entrepreneurs.

« Le site était quand même important pour nous. On ne tenait pas à faire du vin au point d’être sur un terrain au bord de l’autoroute 20 avec « pas de vue », par exemple. On avait besoin de se sentir bien où on allait s’établir », mentionne Vincent.

C’est ainsi qu’est née l’entreprise Les Vins Très-Précieux-Sang le 30 juin dernier, en plein milieu de la saison agricole dans lesquels les trois nouveaux vignerons se sont fait catapulter. D’ailleurs, tous trois ne s’en cachent pas, mais cette première saison au vignoble a été rock ‘n’ roll! En plus d’apprendre le métier au fur et à mesure que l’été avançait, des locataires habitaient encore à ce moment la maison dont allait bientôt prendre possession Vincent Laniel. « Au début, on se disait qu’on allait faire ça une fois par semaine, qu’on allait faire l’aller-retour entre Montréal et Bécancour, mais rapidement on a perdu le contrôle! », lance-t-il en riant.

Un de leurs défis depuis que Laurence, Félix et Vincent ont pris possession du vignoble a été de rendre conforme et salubre le bâtiment qui sert à fabriquer le vin. « Il n’y avait rien de fini à l’intérieur. À partir de la mi-juillet, on s’est lancé dans les travaux. Tous les fournisseurs du coin ont senti notre urgence et se sont assurés que tout soit prêt pour la visite de l’inspecteur. Ils ont fait de la place dans leur horaire. À Montréal, je ne suis pas certain que ça aurait été possible… mais ici, tout le monde avait envie que ça marche pour nous! », souligne Vincent, reconnaissant.

La première cuvée des Vins Très-Précieux-Sang

Les amateurs de vins pourront goûter la première cuvée des Vins Très-Précieux-Sang au plus tard l’été prochain. Vincent Laniel confirme que, malgré le gel qui a frappé la région en mai dernier, ce sont près de 5 tonnes de raisins qui ont été récoltées. « On a eu de la chance ailleurs dans la saison qui a compensé le gel. Il n’a pas plu, alors cela nous a évité les maladies fongiques. Ça a été une année exceptionnelle! », estime Félix Poirier.

Les Vins Très-Précieux-Sang devraient produire de 4000 à 4500 bouteilles, alors qu’ultimement, ils pensent être en mesure de produire de 8000 à 10 000 bouteilles annuellement. D’ailleurs, dès la saison prochaine, ils planteront un hectare supplémentaire à celui qu’ils possèdent déjà. En ce moment, leur terre nourrit 3800 vignes.

« Ça demeure petit quand même, mais c’est ce que nous voulons tous les trois. On ne veut pas être dans le jus au point où on n’a pas le temps de faire d’autres projets », explique Vincent. « Ou même de profiter du paysage », ajoute Laurence. Ils souhaitent un jour ajouter des arbres fruitiers à leur vignoble.

Et à quoi peut-on s’attendre de leur vin?  « On ne sait pas! », lancent-ils en chœur, avec humour. « On est certifié bio et on fait des vins nature, c’est-à-dire que nos vins sont uniquement constitués de raisins. Ça peut sonner simple dit comme ça, mais il y a généralement des ajouts dans le vin. Ce sera également des vins à l’acidité bien présente, parce que c’est ce que les vins du Québec donnent, et on en est très fiers. Les Vins Très-Précieux-Sang seront des vins de soif et de plaisir! », illustre Vincent.

La moitié de leur production de 2022 sera vendue aux bars et restaurants de la région, et les autres bouteilles pourront être achetées sur leur site web.

Vincent, Félix et Laurence sont tombés en amour avec le nom du secteur, Précieux-Sang, qui s’appelait auparavant Très-Précieux-Sang-de-Notre-Seigneur. Ce nom fait référence au sang du Christ, représenté par le vin lors des célébrations religieuses. Cette coïncidence ne pouvait pas être ignorée par les trois vignerons!