Québec veut attirer des profs
NATIONAL. Afin de répondre aux besoins de main-d’œuvre dans le réseau de l’éducation, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, ainsi que le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et ministre responsable de la région de la Mauricie, Jean Boulet, ont annoncé aujourd’hui différentes mesures visant à attirer, à former et à requalifier un plus grand nombre de ressources d’ici 2026.
Ces actions s’ajoutent à celles déjà annoncées au cours des dernières semaines dans le cadre de l’Opération main-d’œuvre.
Favoriser le retour d’enseignants à la retraite
Dans le but d’attirer du personnel d’expérience dans le réseau scolaire, le gouvernement confirme qu’il souhaite pérenniser l’incitatif financier mis en place le 21 septembre 2020 dans le contexte de la pandémie, afin de favoriser un retour à l’enseignement du personnel retraité. Pour l’année scolaire 2020-2021, cet incitatif a permis d’attirer 700 enseignants retraités pour épauler le réseau de l’éducation. Des discussions sont en cours en ce sens avec les différents partenaires impliqués.
Ainsi, les enseignantes et enseignants ayant pris leur retraite sont désormais rémunérés selon l’échelle salariale qui prévalait lors de leur départ, et ce, dès leur premier jour de suppléance. Concrètement, un enseignant récemment retraité pourrait toucher, près du double de la rémunération maximale habituelle, soit une rémunération quotidienne maximale d’environ 412 $, comparativement au taux maximal habituel de 212,15 $, sans pénalité sur ses prestations de retraite.
Accorder des contrats de remplacement
Afin d’assurer une plus grande stabilité et de favoriser la rétention des enseignants, des contrats à temps partiel pourront être accordés à des enseignants qualifiés ou détenteurs d’une tolérance d’engagement, leur permettant de cumuler des tâches de remplacement et de suppléance jusqu’à concurrence d’une pleine tâche. Cette mesure facilitera notamment les remplacements d’enseignants titulaires en cours d’année. Elle a aussi pour objectif de rendre la profession enseignante plus attrayante, particulièrement chez les jeunes enseignants, qui composent principalement le groupe de suppléants occasionnels.
Devancer l’affectation du personnel enseignant disponible dès le mois de juin
En prévision de la rentrée scolaire 2022-2023, le gouvernement souhaite aussi accélérer le processus d’affectation du personnel enseignant afin de pourvoir un maximum de postes avant le 1er juillet et ainsi favoriser la rétention et la stabilité de ce personnel. En ce sens, le ministre de l’Éducation a fait parvenir au réseau une directive ministérielle afin d’inciter les intervenants locaux à devancer leurs séances d’affectation, ce qui permettra aux enseignants de connaître leur poste à l’avance en vue de la prochaine rentrée. Des discussions sont également en cours avec les organisations syndicales.
Bonifier l’offre de formation en service de garde dans le milieu scolaire
Puisque les besoins en main-d’œuvre sont aussi très importants du côté des services de garde en milieu scolaire, le gouvernement investira 22,6 millions de dollars sur cinq ans pour mettre en œuvre différentes actions afin de former davantage d’éducatrices et d’éducateurs. Par exemple, la formation en ligne sera encouragée de façon que les éducatrices et éducateurs déjà en emploi puissent compléter une attestation d’études professionnelles (AEP). Le réseau sera aussi soutenu pour le développement et la mise en œuvre de l’apprentissage accru en milieu de travail.
Une offre de services de francisation à visée professionnelle sera également élaborée afin de permettre aux futurs éducateurs et éducatrices récemment immigrés d’acquérir plus rapidement le lexique propre à ce métier et d’améliorer leurs compétences en communication orale dans un contexte d’intervention en milieu scolaire.
De plus, le gouvernement fera la promotion de la démarche de reconnaissance des acquis et des compétences (RAC) pour faciliter l’accès à la qualification pour les personnes ayant acquis de l’expérience dans le domaine, que ce soit au Québec ou à l’étranger. Ce mécanisme est déjà disponible pour les organismes scolaires et une offre de service est déployée dans la majorité des régions.
Ces mesures sont utilisées en complémentarité avec les mesures-phares de l’Opération main-d’œuvre, comme les bourses Perspective Québec et le soutien bonifié aux personnes sans emploi offert par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, qui permettent aux personnes intéressées de suivre des formations universitaires dans des domaines comme l’éducation et, selon certaines conditions, de recevoir une allocation de 475 $ par semaine pour la durée de leur formation.
La collaboration interministérielle est à l’honneur dans plusieurs des initiatives, comme les missions de recrutement d’enseignants à l’international qui permettront l’embauche de centaines d’enseignants pour la durée de l’Opération main-d’œuvre ou encore la reconnaissance des compétences de personnes immigrantes, qui sont mises en œuvre conjointement par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et le ministère de l’Éducation. Ces missions et la reconnaissance des acquis visent à recruter près de 1 500 personnes.
» Nous avons un grand besoin de plus d’enseignantes et d’enseignants dans nos écoles et le besoin est tout aussi important en ce qui concerne le personnel de service de garde. Ce sont des milieux de travail stimulants et je suis certain que les nouvelles mesures déployées dans le cadre de l’Opération main-d’œuvre contribueront fortement à encourager les gens à venir faire carrière dans le domaine de l’éducation. Nous continuerons sans relâche à valoriser ces professions si importantes et primordiales pour l’atteinte du plein potentiel de nos élèves « , a fait valoir le ministre Roberge.
» Ce qui fait la force de l’Opération main-d’œuvre, c’est que tous les ministères concernés ont mis l’épaule à la roue pour combiner leurs forces. Les mesures annoncées aujourd’hui s’intègrent à un ensemble de près de 80 mesures, comme les bourses Perspective Québec et le soutien à la formation pour les personnes sans emploi. Recrutement, formation, requalification, reconnaissance des compétences, recours ciblé à l’immigration, soutien à la qualité des milieux de travail et à l’amélioration des conditions de travail : voilà autant de moyens par lesquels l’Opération main-d’œuvre contribuera à répondre aux défis de la pénurie de main-d’œuvre, en particulier pour les services publics essentiels et les domaines stratégiques pour notre économie. J’invite toutes les personnes intéressées à faire le saut. Nous avons besoin de tous nos talents « , a ajouté le ministre Boulet.
Faits saillants
Plusieurs de ces mesures sont portées conjointement par les ministères qui participent à l’Opération main-d’œuvre, chapeautée par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale.
Rappelons que le gouvernement a annoncé, en novembre dernier, le déploiement des bourses Perspective Québec afin d’accroître le nombre de personnes qualifiées dans les professions en manque de main-d’œuvre dans les services publics essentiels et les domaines stratégiques pour l’économie du Québec. Les parcours d’études menant aux professions d’enseignants au préscolaire, au primaire et au secondaire ainsi que de techniciens en éducation spécialisée en font notamment partie. Ce programme comprend des bourses incitatives après chaque session réussie à temps plein :
1500 $ au collégial, soit une bourse totale de 9000 $ pour un programme de trois ans;
2500 $ à l’université, soit une bourse totale de 15 000 $ pour un programme de trois ans et de 20 000 $ pour un programme de quatre ans.