Quand le hasard change une vie…

SAINT-SYLVÈRE. Le plan de carrière de Dominic Mercier-Provencher s’est précisé à la suite d’un tirage au sort, il y a presque un an. Il deviendrait… producteur d’œufs!

Il est en effet le grand gagnant 2022 du Programme d’aide au démarrage de nouveaux producteurs d’œufs du Québec, qui permet à des jeunes de 18 à 40 ans de courir la chance de remporter un droit d’utilisation de 6000 unités de quota (poules pondeuses) à vie. Ce programme, initié par la Fédération des producteurs d’œufs du Québec, favorise la naissance de nouvelles entreprises agricoles dans le secteur des œufs de consommation.

Dans les mois précédant le tirage au sort, le résident de Saint-Sylvère avait présenté au concours un solide plan d’affaires faisant valoir le sérieux de sa démarche. « Ça faisait longtemps que je voulais trouver une façon de vivre de l’agriculture. Je regardais les opportunités quand j’ai pris connaissance du concours. J’ai alors examiné les critères et vu que je pouvais facilement cocher plusieurs cases! »

Avant de se lancer, il s’est assuré que ce domaine lui plairait : « J’ai visité des fermes. J’ai travaillé dans les poulaillers de mon employeur (la ferme Réséco de Saint-Wenceslas), participé à des colloques et à diverses formations… Bref, j’ai eu la piqûre! », raconte cet agronome de formation.

Toutes ces démarches ont été payantes au niveau du pointage, qui détermine les finalistes du programme. Il s’est retrouvé parmi les quatre candidats retenus, et c’est son nom qui est sorti du chapeau. À 28 ans, il pouvait maintenant passer du rêve à la réalité.

En construction

La suite s’est déroulée à la vitesse Grand V. Il a immatriculé son entreprise (Ferme Provicole), obtenu un prêt d’une institution financière, contacté son entrepreneur et ses fournisseurs et mis en branle la construction de son pondoir, qui lui coûtera un peu plus d’un million et demi de dollars.

Dans quelques semaines, il sera prêt à recevoir ses poules. Il en aura 10 800, en concordance avec le quota remporté jumelé à celui qu’il loue en supplément.

« À pleine capacité, le pondoir que j’ai construit pourra accueillir jusqu’à 14 600 poules. C’est considéré comme une petite ferme », mentionne le nouveau producteur. « Je devais prévoir tout de suite la croissance des dix ou quinze prochaines années parce que ce n’est pas possible de rallonger le poulailler en raison du système d’équipements en place. Alors si un jour je souhaite dépasser cette production maximale, il faudra construire une autre bâtisse », ajoute-t-il.

Dominic Mercier-Provencher a opté pour une installation automatisée comprenant quatre rangées doubles (dos à dos) de logements enrichis. Ces logements sont en fait des cages de huit pieds de largeur chacune, dotées d’un perchoir, d’un nid et d’un tapis pour les griffes, entre autres. Les poules auront un accès à volonté à la nourriture et à l’eau. Chaque rangée compte quatre étages.

« Le plancher des logements enrichis est incliné pour permettre aux œufs de glisser vers l’avant, sur la courroie à œufs. Chaque matin, je vais actionner cette courroie, qui transportera les œufs jusque sur un élévateur. Ce dernier les soulevera et les déposera sur le convoyeur. De là, ils seront transportés jusque dans ma salle de ramasse, où je pourrai faire mon inspection et un premier tri. »

Distribution

Le gros de sa production sera acheminé à un poste de classification situé à Saint-Zotique, tel qu’attribué par la Fédération des producteurs d’œufs lors du concours. « Ce classificateur va me rémunérer en fonction de la grosseur et de la qualité de mes œufs », explique Dominic Mercier-Provencher.

La population de Saint-Sylvère et des environs pourra aussi acheter des œufs sur place, en formule libre-service. Une petite salle de vente a été intégrée au bâtiment, de façon à ne pas compromettre la salubrité des lieux.

Au boulot!

Dominic Mercier-Provencher prévoit passer environ trois heures par jour dans son pondoir. Il fera une inspection chaque matin pour s’assurer que ses poules se portent bien. Puis, il s’affairera à ramasser les oeufs, à remplir les différents rapports requis et à nettoyer les lieux : balayer, récurer, sortir le fumier…

« Un des avantages du système de logements enrichis, c’est qu’en dessous, il y a un tapis à fumier que je peux actionner. Il amène les fientes vers ma fosse à fumier fermée, située à l’arrière du bâtiment. Ce système permet d’améliorer considérablement la qualité de l’air comparativement à des élevages sur litière. »

Portes ouvertes

Pour des raisons de biosécurité, peu de gens seront autorisés à entrer dans le pondoir. Et ceux qui pourront y mettre les pieds devront respecter des règles sanitaires très strictes. « Les poules sont des animaux fragiles. Les maladies se propagent rapidement, alors on veut à tout prix éviter ça. »

Pour donner la chance à un maximum de gens de voir son pondoir avant d’en restreindre officiellement l’accès, Dominic Mercier-Provencher tiendra deux journées portes ouvertes, les 10 et 11 novembre prochains, de 10h à 16h (son entreprise est située au 410 rang 12, à Saint-Sylvère). Puis, il procédera à la désinfection complète afin d’être en mesure d’accueillir ses poules dans la première semaine de décembre.

« Je vais les garder pendant 13 mois, pour ensuite les remplacer en totalité. Car après 12 à 14 mois, leur production chutera », explique-t-il.

Les premiers œufs de la Ferme Provicole devraient être ramassés vers la fin décembre.