Pillage archéologique: «On est tous gardiens du patrimoine»

RÉGIONAL. La tendance au pillage archéologique va en augmentant depuis deux ou trois ans, fait savoir l’archéologue Geneviève Treyvaud. Deux raisons principales expliqueraient la situation, selon elle.

D’abord, il y a une multiplication des émissions de télévision faisant la promotion des chercheurs de trésors. Cela stimule l’imaginaire des gens, qui veulent ensuite les imiter.

Comme la région de Bécancour et de Nicolet-Yamaska est riche en histoire et moins développée que les zones urbaines de Montréal ou Québec, elle est propice aux découvertes. «[Les chercheurs de trésors] le savent. C’est une grande problématique quand on sait que l’an dernier, des Américains arrivaient dans la région en autobus et donnaient un montant d’argent à des agriculteurs pour pouvoir aller [fouiller] dans leurs champs, notamment en bordure de la rivière Saint-François», raconte Mme Treyvaud.

Ensuite, les gens pensent bien faire en acceptant que quelqu’un fouille leurs terres. Bien souvent, par contre, ils ignorent que cette personne, archéologue ou pas, n’a pas le droit de procéder sans avoir obtenu, au préalable, un permis et leur consentement écrit. «Ils sont simplement contents que des gens découvrent des choses historiques chez eux.»

Mais ce que les gens ne se réalisent pas, c’est que des responsabilités viennent avec la découverte d’artefacts. En effet, la Loi sur le patrimoine culturel stipule que «les biens et les sites archéologiques appartiennent au propriétaire du terrain sur lequel ils ont été trouvés» (et non à la personne qui les déniche). «Quand on a des artefacts sur notre terrain, on devient un peu un gardien du patrimoine national», illustre Geneviève Treyvaud.

La découverte de tels objets doit être déclarée aux autorités compétentes. Un formulaire à cet effet est disponible sur le site web du ministère de la Culture et des Communications du Québec. (https://www.mcc.gouv.qc.ca/index.php?id=5295)

Le gouvernement ne s’en empare pas. «Tu as le choix: les garder ou encore les remettre à un musée ou au Laboratoire et à la Réserve d’archéologie du Québec (LRAQ) pour qu’ils soient étudiés.»

Les autorités n’exproprieront pas non plus les propriétaires des terres où sont faites des découvertes. Si nécessaire, des fouilles plus approfondies seront menées, mais seulement au moment qui conviendra le mieux au propriétaire du site.

L’idée, c’est de s’assurer que le patrimoine ne s’évapore pas. «Je comprends qu’il y ait des gens qui n’en ont rien à faire du patrimoine culturel et archéologique. Par contre, s’ils trouvent des sites ou des objets sur leurs propriétés, qu’ils le mentionnent au ministère. C’est juste un papier à remplir», implore Geneviève Treyvaud.