Les nombreux chapeaux d’Annie Désilets

Le 28 décembre 2012 marque la fin d’une ère. C’est à cette date que le réacteur de la centrale nucléaire Gentilly-2 a été mis à l’arrêt, sans possibilité de retour en arrière. Toutefois, l’histoire de Gentilly-2 est loin de se terminer ici. Bien que la centrale ne produise plus d’énergie nucléaire, un peu moins d’une quarantaine d’employés s’activent encore aujourd’hui au déclassement des installations de Gentilly-2 qui s’échelonne sur plusieurs décennies. Le Courrier Sud a eu la chance d’aller jeter un œil aux installations de l’intérieur, 10 ans plus tard, afin de découvrir quelques-uns de ses secrets – car n’entre pas là qui veut quand il le veut! – , mais surtout de rencontrer des gens passionnés qui occupent des postes uniques.

Annie Désilets, ingénieure de formation, a commencé sa carrière à Gentilly-2, en 2003. Elle a œuvré en fiabilité, en sûreté nucléaire et en affaires règlementaires avant d’obtenir le titre de cheffe surveillance.

Mme Désilets travaille en soutien aux opérations de déclassement aux côtés de son équipe qui comprend les conseillers en environnement, les coordonnateurs en déclassement, les techniciens en chimie qui réalisent l’échantillonnage et les analyses environnementales, et l’ingénierie de projet.

Son quotidien à Gentilly-2, c’est… « Beaucoup de réunions!, lance-t-elle en riant. Il y a beaucoup de projets en cours et il faut soutenir l’équipe de travail. Il y a un plan de déclassement, mais il faut prévoir comment ça va se passer dans les prochaines années. C’est de la gestion au jour le jour en même temps que de la gestion à long terme », explique Mme Désilets.

Comme tous ses autres collègues, ses tâches sont variées et son parcours est caractérisé par sa polyvalence. « Les gens qui sont restés, ce ne sont pas des gens hyperspécialisés dans leur domaine, mais des gens capables de faire plusieurs tâches et qui avaient des connaissances variées », croit-elle.

D’ailleurs, à la suite de la fermeture de la centrale nucléaire, certains employés se sont retrouvés face à des choix, et c’est là qu’Annie Désilets s’est retrouvée avec les affaires règlementaires entre les mains, en plus de continuer en sûreté nucléaire.

« Je m’occupais entre autres du renouvellement de notre permis de déclassement auprès de la Commission canadienne de sûreté nucléaire. Elle délivre un permis qui nous permet de réaliser les activités qu’on réalise présentement sur le site. Les affaires règlementaires, ce qui est le fun, c’est que les tâches sont variées, parce que ça inclut la réglementation sur l’environnement, la sûreté, la gestion des déchets radioactifs. Ça permet donc de toucher un peu à tout », explique-t-elle.

Le deuil d’un plan de carrière

Lorsque le gouvernement provincial a annoncé la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2, Annie Désilets était en congé de maternité. Elle se souvient que lorsqu’elle a appris la nouvelle, c’était par le biais de la radio alors qu’elle était assise en auto.

Les questionnements se sont bousculés. Sans craindre pour sa sécurité d’emploi, elle s’est toutefois demandé si elle ne devait pas revenir plus rapidement au travail afin de conserver sa place.

« J’étais au début de la trentaine. Dans la vingtaine, on essaie toutes sortes de postes, et quand on commence la trentaine, on sait ce qu’on aime et on se fait un plan de carrière. On voit où on veut être, ce qu’on veut faire et ce qu’on veut accomplir. La réfection, c’était plein de projets super stimulants, alors ça a été comme un petit deuil par rapport à ce que j’avais planifié et imaginé », avoue-t-elle.

Pour lire le portrait d’André Lalancette, coordonnateur au déclassement : Le centre nerveux de Gentilly-2.

Pour lire le portrait de Martin Deshaies, chef maintenance : « Ma carrière, c’était d’opérer un réacteur ».

Pour lire le portrait de Stéphan Chapdelaine, conseiller environnement : Le travail costaud de Stéphan Chapdelaine.