Le secteur équin dans une situation précaire

RÉGIONAL. Les entreprises du secteur équin crient famine et disent vivre difficilement les restrictions que lui impose la Santé publique. Les coffres se vident et les propriétaires d’écoles et d’écuries réclament qu’on les aide.

Cheval Québec demande «la reprise immédiate des activités, peu importe le palier d’alerte de leur région administrative». Les chevaux et les entreprises équines sont à risque, explique Eve Marie Frappier, directrice générale de l’organisme. «Durant plusieurs mois, les écoles d’équitation n’ont pas pu offrir de cours en manèges intérieurs. Les propriétaires, les instructeurs sont privés de revenus. Et les coûts restent les mêmes. À l’inverse d’autres sports, notre équipement est vivant», souligne Mme Frappier.

Entretenir un cheval d’école coûte près de 300$ par mois et les écoles comptent en moyenne 10 chevaux. «Leur bien-être est assuré pour l’instant. Ce sont des passionnés, ils ne mettront pas en jeu la santé de leurs animaux».

Eve Marie Frappier, directrice générale de Cheval Québec.

Le Québec compte quelque 300 écoles d’équitation et 2 000 chevaux d’écoles. Les écoles et entreprises équestres étaient pourtant éligibles aux programmes d’aide mis en place par Ottawa et Québec depuis le début de la pandémie. Mais, ils «ne correspondent pas aux besoins des entrepreneurs équestres. En Ontario, le gouvernement a offert 3 M$ pour soutenir le secteur», précise Mme Frappier qui sait bien que le gouvernement est sollicité de toutes parts. «Le ministère de l’Éducation ne reconnaît pas la spécificité de notre sport. La pratique de l’équitation est faite de façon sécuritaire. On ne peut pas ranger notre équipement dans le garde-robe en attendant que les activités reprennent!»

Bernard Giles, propriétaire de la Ferme du Joual Vair de Bécancour, dans le secteur Sainte-Gertrude, siège au conseil d’administration de Cheval Québec. Il abonde dans le même sens. «Les conditions sanitaires sont strictes et rigoureuses. Nos activités se passent dans des espaces très vastes, comme des arénas, des manèges intérieurs. Il est plus que temps que la Santé publique nous ouvre la porte», estime M. Giles. «On fait aussi du tourisme international. Tout est en suspens sous condition de l’ouverture des frontières. La zone orange n’a rien changé quant au nombre de personnes qu’on peut accueillir et des activités qui nous sont permises. Ça affecte la main-d’œuvre. On coupe partout où on peut couper, sans affecter la santé des animaux, mais disons qu’on ne met pas le maximum de soins, comme avoir la visite fréquente des maréchaux ferrants pour entretenir les sabots», ajoute M. Giles, qui possède 28 chevaux.

Le prix du foin s’est d’ailleurs emballé. «Il a gagné 150%. Des entreprises plus jeunes auraient probablement besoin de prêts sans intérêts, par exemple», affirme M. Giles. «Ou d’une compensation pour la moulée», comme semble l’indiquer Eve Marie Frappier.

À l’Écurie Ginette Dubé de Bécancour, on ne semble pas trop s’en faire avec tout ça. L’écurie qui possède neuf chevaux attend simplement que la tempête passe et la levée des restrictions. Ginette Dubé ne dirait pas non à une aide sous la forme de subventions. Un prêt, ne l’intéresse pas. «Si j’ai de l’argent qui m’arrive tant mieux. On a de l’espace en masse et bien des choses à faire dans la maison. Ici il n’y a pas de pensionnaires qui entrent, c’est trop risqué, on ne sait pas d’où ils viennent. J’ai juste mes chevaux et je ne donne pas de cours. Je vais attendre que tout le monde soit en bonne santé. J’ai tout ce qu’il faut, des chevaux et du foin», assure Mme Dubé. «Mes chevaux vont dehors, ils ont de l’espace, je suis fonctionnelle depuis 35 ans. Mon forgeron, mon vétérinaire viennent de temps en temps», nous dit Mme Dubé.