Le centre nerveux de Gentilly-2

Le 28 décembre 2012 marque la fin d’une ère. C’est à cette date que le réacteur de la centrale nucléaire Gentilly-2 a été mis à l’arrêt, sans possibilité de retour en arrière. Toutefois, l’histoire de Gentilly-2 est loin de se terminer ici. Bien que la centrale ne produise plus d’énergie nucléaire, un peu moins d’une quarantaine d’employés s’activent encore aujourd’hui au déclassement des installations de Gentilly-2 qui s’échelonne sur plusieurs décennies. Le Courrier Sud a eu la chance d’aller jeter un œil aux installations de l’intérieur, 10 ans plus tard, afin de découvrir quelques-uns de ses secrets – car n’entre pas là qui veut quand il le veut! – , mais surtout de rencontrer des gens passionnés qui occupent des postes uniques.

Des écrans cathodiques, des boutons de toutes sortes, des voyants lumineux, une myriade d’indicateurs analogiques – des cadrans et des aiguilles à perte de vue; c’est dans cette salle de commande aux allures rétro, qui était autrefois le centre nerveux de la centrale nucléaire, qu’André Lalancette œuvre au quotidien.

André Lalancette est principalement coordonnateur au déclassement, mais également conseiller en radioprotection et formateur en sécurité radiologique. Grosso modo, sa tâche consiste à surveiller et inspecter les derniers systèmes qui sont encore en fonction à Gentilly-2, tels que les systèmes de ventilation, d’approvisionnement en eau et d’alimentation en électricité. Plus aucun système nucléaire n’est en fonction.

M. Lalancette s’affaire également à la préparation de la mise en retrait de ces équipements pour une mise en dormance sécuritaire.

Quitter Gentilly-2 pour mieux y revenir

André Lalancette est arrivé à Gentilly-2 en 2002 en tant qu’opérateur dans la salle des commandes, un poste similaire à celui qu’il occupe aujourd’hui. Le titre a changé et l’éventail des fonctions s’est élargi. C’est d’ailleurs un peu ce qui l’a ramené à Gentilly-2 il y a 5 ans, après avoir quitté en novembre 2012, peu de temps après l’annonce du déclassement : la variété!

« J’avais quitté Gentilly-2 pour un autre poste à Hydro-Québec en transport de l’électricité, mais je me suis rendu compte qu’on faisait rapidement le tour, explique l’électricien de formation. À Gentilly-2, on touche beaucoup à la mécanique, aux infrastructures et autres fonctionnements de systèmes, à l’électricité. On touche un peu à tout. C’est plus divertissant au quotidien et on a plus de choses à faire également. On se tient occupé en masse! »

« Je me rappelle où j’étais quand l’annonce s’est faite »

Le 20 septembre 2012, Pauline Marois, fraichement entrée au pouvoir, annonçait le déclassement de la centrale nucléaire Gentilly-2. André Lalancette devait sous peu occuper un nouveau poste qu’il venait de décrocher, un mois auparavant. Même si les employés sentaient que l’annonce s’en venait, M. Lalancette ne se cache pas d’avoir été un peu pris par surprise.

« Je me rappelle exactement où j’étais quand l’annonce s’est faite. Je m’en venais ici pour un quart de nuit. Je me suis levé à 16h et j’écoutais une chaine de média en continu quand on a vu Mme Nadeau et Mme Marois sortir du caucus du Parti Québécois et nous annoncer : nous fermons Gentilly-2.

M. Lalancette commençait sa nuit de travail quatre heures plus tard. On peut facilement imaginer les questionnements des employés ce soir-là. « Tout le monde s’est précipité dans le bureau du chef. Qu’est-ce qui se passe à Gentilly-2? Comment ça le réacteur fonctionne encore? Le quart de travail a commencé avec une bonne mise au point sur comment ça allait se passer », raconte le coordonnateur en déclassement.

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