La région se prépare à accueillir le  boom de la filière batterie

BÉCANCOUR. Quand « 10% du caucus et 20% du conseil des ministres » se déplacent à Bécancour pour une annonce, comme l’évaluait le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon la semaine dernière, on devine que c’est parce qu’elle est sérieuse…

À ces représentants gouvernementaux s’ajoutaient une bonne centaine d’intervenants économiques et d’élus locaux du Centre-du-Québec et de la Mauricie, venus se faire confirmer deux choses: la reconnaissance de la fameuse Vallée de la transition énergétique comme zone d’innovation, et l’effervescence déjà réelle de la filière batterie dans la région, plus particulièrement au parc industriel et portuaire de Bécancour.

La Vallée de la transition énergétique

La Vallée de la transition énergétique est une initiative conjointe de la Ville de Bécancour, la Ville de TroisRivières, la Ville de Shawinigan et l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Elle vise à doter la région d’un « écosystème entrepreneurial et collaboratif » entre les entreprises, les organisations et le monde du savoir, afin de contribuer à l’accélération de la transition énergétique du Québec et à la réduction de l’empreinte environnementale au sein des milieux urbains, industriels et portuaires.

Elle se spécialisera dans le développement de la filière batterie, dans l’électrification des transports et dans la décarbonation industrielle et portuaire, notamment en optimisant la production et l’utilisation de l’hydrogène vert.

Québec a octroyé une enveloppe de 8 M$ au projet le 29 mai pour soutenir les entreprises installées dans la zone d’innovation, mettre en place de nouvelles chaires de recherche, appuyer les projets de recherche, bonifier l’offre d’infrastructures porteuses et coordonner le tout.

Le recteur de l’UQTR, Christian Blanchette, a indiqué qu’à la masse critique de chercheurs déjà existante dans la région s’ajoutait l’expertise de sept autres universités et de trois centres collégiaux de transfert technologique, mobilisés dans un consortium de recherche. « Une zone d’innovation, c’est aller plus loin que de simplement créer une grappe industrielle. Ce ralliement entre les acteurs du savoir nous permettra de mailler la recherche, les villes et l’industrie », a-t-il témoigné.

Selon le directeur général de la Vallée de la transition énergétique, Alain Lemieux, « tous les éléments requis seront dorénavant disponibles pour renverser une trajectoire environnementale inquiétante ». 

La filière batterie

Le premier investissement dans la filière batterie a été annoncé par la même occasion, soit un prêt de 151,87 M$ à Ultium CAM, une société en commandite de General Motors (GM) et de POSCO Future M, pour la construction d’une usine de 600 M$ dans le Parc industriel et portuaire de Bécancour.

La structure d’acier est déjà visible en bordure de l’autoroute 30. Cette usine emploiera 200 personnes et sera mise en service en 2025. Elle fabriquera des composants de batteries pour véhicules électriques en lien avec le programme Ultium de GM, lequel vise à produire un million de véhicules électriques par an à partir de 2025.

Nouvelle ère

« C’est un peu le lancement officiel d’une nouvelle ère dans le développement économique du Québec », a comparé le ministre Fitzgibbon. « Depuis les grands barrages des années 60, il n’y a pas eu d’avancée plus importante que la filière batterie dans l’histoire économique contemporaine du Québec. » 

Le premier ministre François Legault parle quant à lui d' »un nouvel âge d’or économique » qui fera du Québec « un leader mondial de l’économie verte ».

Selon la mairesse de Bécancour, Lucie Allard, ce projet, qu’elle qualifie de « générationnel », marquera le Québec pour les années à venir. À propos de la reconnaissance de la Vallée de la transition énergétique, elle y est allée de la déclaration suivante: « Trois-Rivières, Shawinigan et Bécancour, c’est un mariage pour la vie! ».

De ce « mariage » résultent « une vision et un projet qui feront de notre région une vitrine mondiale de la transition énergétique », a-t-elle ajouté, le sourire aux lèvres.

Ce sourire, « c’est un sourire de 600 M$ », a pointé le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie François-Philippe Champagne, en référence à l’usine d’Ultium CAM, rappelant que c’est par Bécancour que le Québec « entre par la grande porte » dans l’industrie automobile et que s’écrit « une étape importante dans l’industrie du transport ».

Voici une partie du discours du premier ministre François Legault: