La demande a quintuplé depuis 26 ans

BÉCANCOUR. Les demandes faites au service de distribution alimentaire d’Entraide Bécancour ont quintuplé depuis sa mise en place en 1997. D’une vingtaine de ménages au départ, ce sont maintenant plus d’une centaine d’entre eux qui se tournent vers l’organisme afin qu’il les aide à garnir leur garde-manger semaine après semaine.

« Il y a beaucoup de vulnérabilité. L’impact de l’inflation se fait sentir. Ça se traduit par une forte hausse des demandes. L’an dernier, on a desservi 119 familles », mentionne la directrice générale de l’organisme, Nathalie Pepin.

Le portrait de la clientèle a aussi changé. « Auparavant, il s’agissait de ménages dont la source principale de revenus était l’aide sociale, la pension de vieillesse ou l’assurance-emploi. Maintenant, on a des travailleurs à faibles revenus; des familles et des gens seuls, qui n’ont pas le loisir de partager le fardeau financier avec quelqu’un. Ils ont un manque à gagner au niveau du budget. C’est très difficile ces temps-ci », exprime Mme Pepin.

Elle souligne qu’au Québec, une personne sur dix ne parvient pas à combler ses besoins de base actuellement. Et près de la moitié des personnes âgées de plus de 60 ans n’ont pas un revenu suffisant pour vivre dignement. « Une fois que les gens ont payé la totalité de leurs dépenses fixes (loyer, électricité, assurances), ils manquent d’argent pour le reste. Souvent, ils vont couper dans le panier d’épicerie. À ce moment-là, ils se tournent vers la banque alimentaire. »

Entraide Bécancour dessert le territoire de la Ville de Bécancour, à l’exception du secteur du Plateau Laval, qui détient un service similaire par l’entremise du Centre du Plateau Laval. Le service est offert tous les mercredis, en collaboration avec Moisson Mauricie/Centre-du-Québec. Les denrées disponibles sont réparties équitablement entre les ménages inscrits.

« On joue un rôle essentiel, mais on est quand même confronté à des ressources limitées », souligne la directrice générale.

Innover

Diverses initiatives sont menées pour tenter de bonifier les paniers. Un beau succès d’Entraide Bécancour est son partenariat conclu l’an dernier avec le Marché Godefroy de Bécancour.

« Le dimanche, à la fin du marché, des producteurs nous remettent les aliments périssables qu’ils ont en surplus. C’est un geste de générosité grandement apprécié; d’autant plus que cette année, ils n’ont pas eu un été extraordinaire, avec les drôles de conditions météorologiques qu’on a connues! Malgré tout, ils ont continué à nous soutenir », se réjouit Mme Pepin.

Le Marché donne aussi de la visibilité à l’organisme. Par exemple, le 15 octobre dernier, l’équipe d’Entraide Bécancour a pu s’installer au Marché Godefroy pour y tenir une journée de sensibilisation sur l’insécurité alimentaire. Elle a pris la parole à trois reprises pour mettre en lumière l’impact de l’inflation, faire de la prévention sur le gaspillage alimentaire et promouvoir l’entraide. 

Soutenir

Nathalie Pepin rappelle par ailleurs que l’insécurité alimentaire pèse lourd sur la santé mentale. « Ça apporte un taux élevé de stress, d’anxiété », souligne-t-elle. « Au fil du temps, la détresse personnelle et sociale vécue par les usagers a malheureusement dépassé les compétences de nos bénévoles, bien qu’ils soient actifs et efficaces. » 

Pour soutenir la clientèle et l’équipe, l’organisme a donc embauché une intervenante psychosociale. « C’est la deuxième année qu’on offre ce support », mentionne Mme Pepin.

Ses interventions permettent d’offrir un moment de soutien émotionnel et de désamorcer des crises. Ce service ne remplace pas ceux offerts par le CIUSSS MCQ, mais constitue un point d’entrée: « On écoute et ensuite, on réfère au besoin ».

Depuis cet été, c’est Diane Choquette qui agit comme intervenante psychosociale chez Entraide Bécancour. Elle offre son écoute aux gens qui attendent leur panier dans un contexte se voulant moins intimidant, peut-être, que dans le bureau d’un professionnel. « On essaie d’accommoder des gens et d’anticiper les crises avant de les vivre. »

À son mandat s’ajoute celui de la gestion des cuisines collectives. Il est complémentaire à l’intervention psychosociale puisque son objectif premier est de briser l’isolement (en plus de permettre de faire des économies!). Diane Choquette veille à ce que chaque séance, qui dure trois heures et qui regroupe un maximum de cinq participants, une fois par mois, se déroule dans l’harmonie.