Jean-Claude Dubuc: 50 ans en affaires

DESCHAILLONS. Des « Bonjour! », Jean-Claude Dubuc en a adressé des dizaines de milliers au cours des 50 dernières années! « Je fais le tour des gens dans le magasin tous les matins pour les saluer! Je dis bonjour à tout le monde, même à ceux que je ne connais pas! »

Cette anecdote peut sembler anodine à première vue, mais elle démontre bien le type d’approche ayant contribué à façonner l’ambiance chaleureuse du Metro Deschaillons au fil des ans.  » C’est important pour moi « , explique simplement le propriétaire, qui poursuit la tradition du haut de ses 75 ans.

Même si ses trois enfants ont repris graduellement les rênes du commerce et de son autre marché d’alimentation, à Sainte-Croix-de-Lotbinière, il demeure grandement actif dans l’entreprise. Il s’informe des ventes le lundi matin (même lorsqu’il est en Floride, l’hiver!), fait quelques commissions et demeure une référence en cas de force majeure. L’été, il cultive des fraises et du maïs destinés à ses marchés d’alimentation, pour le plus grand bonheur de la clientèle. « J’ai une ferme à 5 km d’ici. »

L’histoire

Jean-Claude Dubuc est devenu épicier après qu’une connaissance le lui ait tout bonnement suggéré. « Après avoir travaillé sur des fermes, j’ai été embauché par un grossiste en alimentation. Je travaillais avec un monsieur de Parisville qui avait eu une épicerie. Il me disait souvent Pourquoi tu n’en n’achètes pas une? Tu aimerais ça! À ce moment, j’avais peut-être 20 ans. J’étais jeune, je n’avais pas d’argent pour acheter ça, mais l’idée a fait son petit bonhomme de chemin. » 

Quelques années plus tard, son frère et lui se sont associés afin de reprendre l’épicerie de Simon Auger, à Deschaillons-sur-Saint-Laurent. La décision s’est prise rapidement, raconte Jean-Claude Dubuc: « Un jeudi ou un vendredi, j’ai demandé à Simon (Auger) si son commerce était à vendre. Il m’a dit oui. Le mardi suivant, on était chez lui pour parler de financement. La banque fédérale de développement a accepté de prêter 60% de la somme. J’ai investi tout mon argent de poche, et le manque à gagner a été avancé par Simon. Il m’a dit que dans un an, on allait pouvoir le rembourser. Il avait raison », raconte M. Dubuc, qui est devenu propriétaire de l’épicerie, avec son frère, en juillet 1973. 

Dans les mois suivant la transaction, la municipalité a avisé les frères Dubuc que leur commerce serait exproprié en raison de la construction de la route 132. « Ça faisait 20 ans que ça se parlait! En mars 1974, le maire et deux conseillers sont venus cogner à la porte du magasin pour nous dire qu’ils refaisaient la rue et qu’il faudrait déplacer le magasin. J’ai répondu que l’épicerie n’était pas à nous, mais à la Banque fédérale de développement, et que c’était avec elle qu’ils devaient jaser. La discussion n’a pas été longue! Ils sont revenus une deuxième fois, en offrant un montant d’argent que j’ai refusé. La troisième fois, j’ai mis mes conditions: un terrain et une bâtisse neuve, avec un nombre de pieds carrés équivalent. Ç’a été correct. »

J’étais jeune, je n’avais pas d’argent pour acheter une épicerie, mais l’idée a fait son petit bonhomme de chemin»

Jean-Claude Dubuc

La construction a commencé peu après et le 1er juillet 1974, l’épicerie ouvrait dans la nouvelle bâtisse (qui abrite aujourd’hui la pharmacie du village). Le commerce y a pris place deux ans, sous la bannière Transkébec, avant de déménager de nouveau sur un terrain acquis de la Caisse populaire. « À ce moment-là, la bannière Metro commençait à m’intéresser. Un dénommé monsieur Champagne m’a alors invité au Salon de l’alimentation à Montréal, au kiosque de Metro, et c’est là que ça a parti. »

Ce deuxième déménagement a permis à l’épicerie de doubler sa superficie. « On est passé de 3000 pieds carrés à 6000 en 1976, avec l’arrivée de Metro. Par la suite, le magasin a continué de progresser. »

La relève

En 2002, un agrandissement majeur se dessine. « J’ai 55 ans à ce moment. Mon comptable me demande si j’ai pensé à la relève du commerce avant d’investir pas loin de 3 M$. J’ai donc demandé à mes enfants si ça pouvait les intéresser. Je leur avais ouvert un compte plusieurs années plus tôt, et je leur ai demandé s’ils voulaient des parts de l’entreprise avec cet argent. Ils ont dit oui. »

À ce moment, le plus jeune, Michael, a 15 ans. Ses deux sœurs sont de jeunes adultes. Audrey a 18 ans et Mylène 21 ans, environ.

Le 11 octobre 2002 a lieu la première pelletée de terre du projet. « On a ouvert le 23 mars 2003. Deux ans plus tard, les jeunes ont voulu qu’on agrandisse encore! On a alors ajouté près de 5000 pieds carrés. Depuis, notre magasin totalise 15 000 pieds carrés! »

Le frère de M. Dubuc a quitté l’entreprise au moment de ce dernier agrandissement, vers 2005.

« Il n’y a jamais vraiment eu de discussions sérieuses avec mon père à savoir si on embarquait ou pas », raconte Michael Dubuc. « Ça s’est fait tout seul, du moins dans mon cas. »

Sa sœur aînée était infirmière. L’autre étudiait en sciences et en comptabilité. Elles ont bifurqué dans l’entreprise familiale sans pression, mentionne Jean-Claude Dubuc. « C’était important pour moi que tout le monde soit à l’aise là-dedans. »

À cette deuxième génération de gestionnaires, il laisse une entreprise en bonne santé, et il en est bien fier…