GoCAD dessin industriel: un démarrage d’entreprise en pleine pandémie

BÉCANCOUR. C’est un démarrage d’entreprise surréaliste qu’a vécu la Bécancouroise Julie Bélanger. Alors qu’elle s’apprêtait à aller cogner aux portes de clients potentiels pour leur offrir ses services en dessin industriel et modélisation 3D, les entreprises se sont mises à fermer les unes après les autres, à la demande des gouvernements. Dommage collatéral de la COVID-19…

Malgré tout, un ange veillait sur elle, estime la fondatrice de GoCAD. Dans les jours précédant la crise, Julie Bélanger avait reçu les trois imprimantes 3D nécessaires à son aventure entrepreneuriale. «Elles sont arrivées juste au bon moment», confie celle qui s’est retroussé les manches pour démarrer l’aventure autrement.

Julie Bélanger est diplômée en dessin industriel et avec l’aide d’En+reprendre Bécancour, elle vient de démarrer GoCAD, une entreprise offrant des services en dessin industriel et modélisation 3D. Elle réside à Bécancour depuis un peu plus de huit ans.

Elle s’est lancée tête première, avec l’aide de sa conjointe, dans la fabrication de visières de protection, d’abord pour les hôpitaux, puis, plus récemment, pour tous les autres corps de métiers où un tel équipement pourrait s’avérer utile: travailleurs agricoles, commis de plancher, pharmaciens, etc.

«Il y a beaucoup de grandes entreprises au Centre-du-Québec et en Mauricie qui se sont ralliées pour aider les hôpitaux. Je me suis dit que de mon côté, je pourrais combattre le virus à la base. Si on est capable de protéger nos travailleurs [dans leur milieu respectif], il y aura moins d’hospitalisations. Ça contribuera aussi à aplanir la fameuse courbe.»

Plans revus

Julie Bélanger a commencé à produire ses visières à partir de plans fournis par un contact Français. «J’ai fait sa connaissance par le biais de groupes internet en impression 3D. Il m’a appelée et on a parlé longuement. Il m’a donné des trucs sur la fabrication et m’a envoyé des fichiers d’impression qu’ils utilisaient en France. Comme j’étais en démarrage d’entreprise, j’ai utilisé le peu de fonds que j’avais pour acheter les filaments, les élastiques et les plastiques requis pour leur fabrication.»

Les premiers temps, Julie Bélanger pouvait produire une vingtaine de visières par journée de travail de dix heures. Elle a modifié les plans et retravaillé ses prototypes à quelques reprises, ce qui lui permet maintenant d’en produire une quarantaine en douze heures. «On a ramené tout ça à sa plus simple expression. Ça donne une visière souple, légère, confortable et plus rapide à imprimer.»

Ses premiers modèles ont été livrés à l’hôpital Sainte-Marie de Trois-Rivières, avec la participation d’Excellence Physio et Réadaptation, qui lui a fait un don d’élastiques pour aider. Ces derniers jours, elle a testé ses visières chez Cultures de Chez Nous, une entreprise agricole de Sainte-Brigitte-des-Saults qui l’a approchée pour voir de quelle façon elle pouvait l’aider à protéger ses travailleurs en prévision du dépaillage et des récoltes.

«Ils ont fait le test en serre pour voir si c’était résistant à la chaleur et à l’effort physique (mouvement et sueur). On en a profité pour vérifier qu’elles n’embuaient pas et qu’elles se nettoyaient bien. Ç’a été concluant», se réjouit la dessinatrice, dont les visières, dotées d’une structure délicate mais résistante, sont réutilisables.

«C’est important de préciser que ce ne sont pas des visières de sécurité qu’on peut utiliser contre les chocs ou les brûlures. C’est vraiment contre les éclaboussures, les éternuements, les postillons, etc. Elles sont antivirales et ont pour but de régir la contamination», précise Julie Bélanger, qui les vend presque au prix coûtant, soit moins de 5$ l’unité.

«On vend seulement parce qu’on veut être capable de continuer de produire et payer le matériel, explique-t-elle. Le reste, c’est du bénévolat. On n’a pas compté notre temps. J’aime mieux me rendre utile que de rester assise à regarder des séries à la télé.»

Julie Bélanger poursuivra son implication jusqu’à ce que la crise se résorbe, puis réactivera les démarches auprès de ses futurs clients. «Il faudra voir comment repartir la machine au niveau du dessin industriel et de la modélisation 3D», dit-elle.

En attendant, elle se concentre à aider la communauté. «On va suivre la vague au jour le jour», philosophe-t-elle, espérant simplement ne pas manquer de matériel, puisque les élastiques, le PVC et le PETG (matériel translucide utilisé pour les visières) sont des denrées rares à l’heure actuelle.

La visière de GoCAD