Entre fleuve et brebis: Quand la vaisselle fait toute une différence…

-SAINT-PIERRE–LES-BECQUETS. Quand Marie-Eve Lanteigne a décidé d’ouvrir un bar laitier à Saint-Pierre-les-Becquets, il y a sept ans, elle avait une vision bien claire de l’entreprise qu’elle souhaitait gérer : ce serait une entreprise écoresponsable. Tout un défi, avouons-le, compte tenu qu’habituellement, ce genre de commerce génère de grandes quantités de déchets !

Or, dès le départ, la propriétaire d’Entre fleuve et brebis a trouvé une façon ingénieuse de le relever : l’utilisation de vaisselle en porcelaine de seconde main. « C’est joli et ça fait vraiment une différence de manger dans de la vraie vaisselle, dit-elle. C’est beaucoup plus agréable ! »

Les clients désirant une commande pour emporter peuvent quant à eux amener leurs propres contenants, s’ils le souhaitent. Sinon, elle leur fournit de la vaisselle recyclable et compostable.

« Au départ, certains clients étaient étonnés de voir qu’on utilisait de la vraie vaisselle. Je me suis d’ailleurs souvent fait demander pourquoi… et s’ils devaient repartir avec ! », sourit Mme Lanteigne, qui ne s’est jamais lassée d’expliquer sa démarche. « Maintenant, les gens sont rendus habitués. Ils nous disent dès le départ s’ils consommeront leur commande sur place ou pas. »

Pour les employés, l’emploi de vaisselle en porcelaine dans l’établissement nécessite un peu plus de manipulation puisqu’ils doivent la laver, mais ils s’en accommodent : « Ils sont conscients de l’impact qu’on peut avoir sur l’environnement et sont très heureux de notre choix », affirme Marie-Eve Lanteigne.

Compostage

Les restants de nourriture et de crème glacée sont pour leur part compostés. Certains servent aussi à gâter les animaux de la fermette située à l’arrière du commerce (poules, lamas et brebis).

Cette fermette appartient à Marie-Eve Lanteigne et à son conjoint, qui cultive une terre biologique tout près de là. « Il fait pousser des céréales, en plus d’être producteur maraîcher. Il cultive principalement des tomates. L’été passé, d’ailleurs, j’ai commencé à servir des crêpes sucrées à la crémerie. Cet été, je vais aussi proposer des crêpes salées (tomates, fromage et jambon, notamment). J’utiliserai les tomates bios de mon chum dans mes recettes. »

Cette collaboration entre les deux entreprises familiales pourrait évoluer dans les prochaines années, espère Mme Lanteigne. « On est loin d’être rendu là, mais ce serait chouette un jour d’utiliser nos céréales pour faire la farine que j’utiliserais dans mes crêpes ! », rêve-t-elle à voix haute, sourire dans la voix.

Achat local

Il faut dire que l’utilisation de produits locaux est bien ancrée dans la philosophie de Mme Lanteigne. « Par exemple, on sert des sundaes à la confiture de bleuets cuisinée ici-même, à Saint-Pierre-les-Becquets. On encourage aussi les produits de la Tomaterie en proposant des sundaes préparés avec son caramel aux canneberges et en vendant -quelques-uns de ses produits. C’est super populaire ! », raconte Marie-Eve Lanteigne, qui prend grand soin de sélectionner, en tout temps, des produits ayant le moins d’impact écologique possible. « J’utilise toujours de la crème glacée faite avec du lait de vache 100 % québécois. Aussi, le café que l’on sert est 100 % biologique et équitable. »

« C’est important d’encourager le village, de participer à son économie, ajoute-t-elle. On veut que des familles viennent s’installer ici et favoriser les emplois dans le coin. »

Elle-même et son conjoint ont fait le choix de s’établir à Saint-Pierre-les-Becquets il y a neuf ans. Elle est originaire de Trois-Rivières et lui, du Lac -Saint-Jean. « On a démarré nos entreprises pas longtemps après… puis on a fondé notre famille », raconte cette mère de quatre enfants.

« Quand on a démarré la ferme, c’était important qu’elle soit bio. Moi, je voulais vraiment que mon commerce soit rassembleur. J’aspirais vraiment à ce qu’il ait un impact social. La première année, c’était davantage les familles qui venaient, mais dès les 2e et 3e années, de plus en plus de clients ont commencé à venir seuls, manger et jaser sur la terrasse. C’est beau ! J’ai l’impression que les gens sont contents d’avoir ça ici. »

L’endroit est d’ailleurs des plus chaleureux. La crémerie Entre fleuve et brebis propose en effet une vue imprenable sur le fleuve Saint-Laurent, étant située directement sur la route 132. « C’est une route magnifique, propice au tourisme. Les années m’ont donné raison d’ouvrir mon commerce ici ! »

Marie-Eve Lanteigne ne regrette pas d’avoir troqué une éventuelle carrière en biologie contre son petit coin de paradis. « En demeurant à Saint-Pierre-les-Becquets, il fallait que je fasse 45 minutes de route pour avoir un emploi en recherche en biologie. Je ne me voyais pas faire ça sur le long terme avec des enfants. C’était aussi un non-sens pour moi de faire autant d’auto. Présentement, je travaille de chez moi ; la crémerie est juste à côté. J’ai une qualité de vie incroyable, avec de bons amis et de bons voisins. »

Cet article a été rédigé dans le cadre de la campagne « Nicolet-Bécancour résolument durable », initiée par la SADC de Nicolet-Bécancour en collaboration avec la Fondation Alcoa. L’organisation souhaite mettre en lumière les entreprises du territoire qui portent des initiatives écoresponsables.