Élus malmenés: mêmes défis dans la MRC de Bécancour
BÉCANCOUR. «Oui, le rôle d’élu, c’est parfois rough et démotivant. Nos familles en ressentent les effets. On se remet même parfois en question, avoue le maire de Sainte-Françoise et préfet de la MRC de Bécancour, Mario Lyonnais, invité à réagir à la démission récente de deux maires de la région. «Il y a des périodes où c’est pire. Ça dépend toujours des dossiers.»
Pour avoir des échanges fréquents avec d’autres élus depuis plus de 30 ans, il affirme que «c’est comme ça un peu partout». La politique a aussi beaucoup changé au fil des ans, fait-il remarquer: «Les citoyens suivent davantage ça… Et certains jouent au boss».
Par exemple, les réseaux sociaux ouvrent maintenant grand la porte aux critiques: «[Ils] sont en voie de devenir des armes de destruction sociale. On biaise, on accuse, on démoralise, on démobilise. C’est dommage!», témoigne d’ailleurs le maire de la Ville de Bécancour, Jean-Guy Dubois, dans un billet publié sur Facebook à la suite de la démission d’Éric Descheneaux, maire de Pierreville.
«Ça détériore l’ambiance», souligne Mario Lyonnais. «Si les gens prenaient le temps de venir poser leurs questions au conseil [plutôt que de critiquer sur ce genre de tribune], ils auraient l’heure juste. Ils comprendraient mieux les décisions prises.»
Des décisions qui ne font pas toujours l’unanimité et qui peuvent mener jusqu’à des menaces, se désole Mario Lyonnais, qui ne cache pas en avoir été victime pas plus tard que l’été dernier par un citoyen frustré d’avoir reçu une contravention. Pourtant, toutes les décisions sont prises avec les meilleures intentions du monde, fait valoir Julie Pressé, mairesse de Fortierville. «Quand on augmente les taxes et qu’on chiale après nous, les gens devraient avoir en tête qu’on en paye, nous aussi! Ce n’est pas le fun pour nous non plus!»
«Il faut apprendre à dealer avec les autres et à mettre nos limites», ajoute Mme Pressé, qui affirme n’avoir jamais autant travaillé la notion du «lâcher-prise» que depuis son élection! «Ce n’est pas drôle, la démocratie! De plus en plus de gens revendiquent, prennent plaisir à s’obstiner.»
Elle a connu son lot de défis depuis son entrée en poste en 2017, elle qui a le «malheur» de ne pas être native du village et qui, de surcroît, est une femme encore loin de la retraite! «Ce n’est pas facile, admet-elle. Ça arrive qu’on n’ait pas les mêmes valeurs ou priorités, et qu’il y ait des frictions. On vit avec, en autant que le respect demeure d’un bord comme de l’autre.»
Elle déplore évidemment les agissements ayant mené à la démission des deux maires de la MRC voisine de la sienne: «La condescendance et la violence n’ont pas leur place», conclut-elle.