Des services à l’enfance bonifiés à Kiuna
ODANAK. Les enfants des étudiants de l’Institution Kiuna, à Odanak, ont désormais accès à plus de services spécialisés visant à faciliter leur développement global, leur intégration et leurs apprentissages.
Depuis l’inauguration des services à l’enfance Skamon, le 20 janvier dernier, cinq intervenants sont à leur disposition cinq jours par semaine pour les accompagner et accompagner leurs parents. Un neuropsychologue, une éducatrice spécialisée, une psychoéducatrice, un intervenant psychosocial et un psychothérapeute se partagent maintenant des locaux spécialement aménagés pour répondre aux différents besoins. Ils sont situés à même les résidences du collège.
«Une de nos intervenantes est une ancienne étudiante formée en éducation spécialisée à Kiuna, rapporte fièrement José-Tomas Arriola, intervenant psychosocial. Une autre est innue.»
La gamme de services offerts est variée. On parle d’évaluations et de mesures d’encadrement de troubles d’apprentissages, de suivis psychothérapeutiques pour difficultés affectives et de suivis en psychoéducation et éducation spécialisée.
Des services essentiels
Ces services à l’enfance sont essentiels, selon M. Arriola. «Les enfants qu’on dessert arrivent [généralement] de leur communauté d’origine. Ils sont déracinés. L’adaptation est compliquée. Souvent, ils passent d’une communauté où tous leurs camarades de classe sont innus ou atikamekws à une classe où tous les enfants sont Québécois. Ils ne parlent pas nécessairement français», mentionne-t-il.
Du côté des parents-étudiants, ils sont pris par les études et subissent du stress. Plusieurs ont besoin d’aide pour mieux épauler leurs enfants. «S’ils savent que leurs enfant sont bien pris en charge, ils pourront mieux se concentrer sur leurs études. Autrement, ils seront inquiets, vont rester dans leur communauté et n’étudieront pas. Ce genre de service est grandement facilitant, puisqu’on les outille également.»
En effet, Skamon s’avère un service parent-enfant. «L’enfant n’est pas laissé chez nous. On veut que le parent l’accompagne. L’idée, c’est de faire de l’habileté parentale en même temps», souligne M. Arriola.
Il précise toutefois qu’à certains moments, comme les journées pédagogiques, l’équipe de professionnels peut accueillir les enfants pour faire de la psychoéducation, de la stimulation express, de l’affirmation de soi, etc. «Les parents pourront les inscrire là plutôt que les envoyer au service de garde pendant qu’ils sont en classe.»
Aide fédérale
Actuellement, une cinquantaine d’enfants de 2 à 17 ans sont admissibles aux nouveaux services à l’enfance de Kiuna. «Pour le moment, il faut que l’enfant soit associé à un parent-étudiant, précise M. Arriola. Mais à long terme, on voudrait élargir le tout à la communauté [d’Odanak].»
Notons que la mise sur pied des services à l’enfance «Skamon» a été rendue possible grâce à une subvention de 230 000$ tirée du Principe de Jordan, un programme fédéral qui vise à s’assurer que les enfants des Premières nations vivant hors communautés aient accès à des services publics de santé dans un délai plus que raisonnable.
Pourquoi «Skamon»?
«Skamon» est un mot qui veut dire «maïs» en langue abénakise. Faisant écho à l’usage traditionnel des plants de maïs par les Abénakis, les services à l’enfance Skamon se veulent un tuteur de croissance et de résilience pour les enfants, ainsi que les parents-étudiants qui les accompagnent.