Conférence sur l’auto-autochtonisation abénakise

ODANAK.  Une délégation composée de membres de la Nation abénakise d’Odanak a participé à la conférence de l’Université du Vermont (UVM) intitulée Appartenance et droits autochtones dans le Nord-Est qui s’est tenue le jeudi 25 avril 2024 au Centre Davis de l’UVM. L’événement a marqué le troisième volet d’une série annuelle axée sur les questions autochtones dans la région.

Cette série de conférences a joué un rôle essentiel dans la promotion du dialogue et de la compréhension autour des enjeux liés à l’identité et aux droits autochtones. En avril 2022, des représentants abénakis de la Nation W8banaki d’Odanak ont partagé leur histoire sur le sol du Vermont pour la première fois en une génération, suscitant d’importantes discussions sur le patrimoine culturel et la reconnaissance. 

Les événements antérieurs, y compris la conférence d’avril 2023 sur la Souveraineté autochtone, le race shifting (auto-autochtonisation) et la responsabilité universitaire, ont approfondi les discussions autour des complexités de l’identité autochtone et les défis auxquels sont confrontées les communautés autochtones, dont le vol culturel et identitaire vécu par la Nation W8banaki.

« Cette conférence a offert une plateforme cruciale pour discuter des grands défis auxquels font face les communautés d’Odanak et de W8linak quant à la protection de nos droits et de nos identités, mentionne Rick O’Bomsawin, chef des Abénakis d’Odanak. Nous sommes reconnaissants d’avoir eu l’occasion de dialoguer de manière significative avec les personnes présentes lors de cet événement, dont les chercheurs et les étudiants. Nous devons avoir notre mot à dire sur ce qui concerne la Nation W8banaki, en dépit des frontières actuelles. C’est pour ça que nous sommes allés aux Nations Unies, pour que le monde entier nous entende ». 

Cette conférence, animée par Gordon Henry, professeur émérite d’anglais et d’études autochtones et amérindiennes à l’Université d’État du Michigan, a permis d’approfondir l’enjeu de l’auto-autochtonisation, en examinant les groupes autoproclamés dans la région du Nord-Est, y compris les quatre groupes au Vermont dont 98% de leurs membres ne détiennent pas d’ascendance abénakise, mais qui se prétendent comme tels.

Des chercheurs de premier plan, Pam Palmater et Darryl Leroux, ont apporté de l’information précieuse sur ces questions. Mme Palmater, éminente spécialiste autochtone et titulaire de la chaire en gouvernance autochtone à l’Université métropolitaine de Toronto, a exploré la souveraineté et les droits autochtones, y compris le droit de se déterminer l’adhésion à une communauté et Nation autochtone. 

Darryl Leroux, professeur agrégé à l’Université d’Ottawa, a discuté de ses recherches novatrices sur l’auto-autochtonisation de plusieurs groupes dans le nord-est de l’Amérique. Les contributions de Leroux à la conférence ont éclairé le phénomène de l’auto-autochtonisation et de la fraude identitaire et de ses impacts sur les communautés autochtones. 

« Je suis honoré de contribuer à cette conversation primordiale, a déclaré M. Leroux. En examinant les enjeux autour de l’identité autochtone, nous pouvons mieux comprendre ce que la fraude identitaire et culturelle engendre comme impacts auprès de peuples autochtones affectés, tels que les Abénakis d’Odanak et W8linak et encourager, je l’espère, les autorités gouvernementales à se pencher sérieusement sur la question et écouter les véritables peuples autochtones ». 

La conférence s’est terminée par un mot de conclusion énoncé par le chef Rick O’Bomsawin et d’un chant de la part de membres d’Odanak. 

La venue de la délégation à l’Université du Vermont s’est précédée par la participation d’une délégation à l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones, à New York, où un événement parallèle a été tenu afin de dénoncer la fraude identitaire et exposer les perspectives de jeunes Abénakis à ce sujet. (SP)