Budget fédéral: Ottawa creuse le déficit avec un plan de relance triennal de 100 G$

POLITIQUE. Le budget fédéral présenté hier (19 avril 2021) vise à finir la lutte contre la pandémie, à «guérir les blessures économiques découlant de la récession causée par la COVID et à créer plus d’emplois et de la prospérité», a annoncé la ministre des Finances, Chrystia Freeland.

Ce document de 864 pages intitulé « Une relance axée sur les emplois, la croissance et la résilience » est le premier budget du gouvernement fédéral depuis deux ans. Il prévoit que les programmes d’aide fédérale prorogés de 3 mois seront progressivement refermés d’ici le 25 septembre prochain.

Il s’agit de la subvention salariale d’urgence, de la subvention d’urgence pour le loyer et de la prestation canadienne de la relance économique (PCRE) qui passe de 500 $ à 300 $ par semaine à la mi-juillet. Ottawa a également annoncé la bonification de l’Allocation canadienne pour les travailleurs à 1,7 milliard de dollars par an en plus d’un ensemble de « microsubventions » de 4 milliards de dollars destinés aux PME ouvertes au virage numérique.

Du nouveau pour les aînés

Les aînés âgés de 75 ans et plus recevront un paiement unique de 500$ au titre de la pension de la sécurité de la vieillesse à partir de juillet 2022. De plus, les paiements réguliers connaîtront une bonification de 10% dans cette même tranche d’âge, pour un coût total de 12 milliards $ sur cinq ans.

«Nos aînés ont vécu une année très difficile et cette aide va les aider à participer dans la vie de notre pays avec la relance de notre économie», a soutenu la ministre qui a aussi prévu un programme d’aide aux organismes communautaires qui assistent les personnes âgées à faible revenu.

Avec environ 30 milliards de dollars de moins que dans les prévisions de la mise à jour économique de novembre dernier, le déficit fédéral est désormais de 354 milliards de dollars en 2020-2021. Il pourrait être réduit de moitié au cours de l’exercice 2021-2022 et simplifié au tiers l’année suivante selon la ministre des Finances. Mme Freeland a envisagé un déficit fédéral de 30 milliards de dollars en 2025-2026.

30 milliards sur 5 ans pour les garderies

Cette enveloppe servira à mettre en place un réseau national de garderies calqué sur le modèle québécois. Ottawa voudrait alléger les frais des services de garde de moitié en 2022 pour atteindre la moyenne de 10 dollars par jour partout au Canada en 2026.

«C’est la recette gagnante pour l’emploi et la croissance, qui permet aux mères et aux pères de travailler, augmentant ainsi notre main-d’œuvre et stimulant notre croissance», a soutenu Mme Freeland.

Il est prévu un investissement de plus de 8 milliards de dollars par an d’ici 2026 dans ce programme dont une partie sera consacrée aux provinces. Le fédéral a prévu de conclure un «accord asymétrique» avec le Québec pour apporter un appui à son programme sur les garderies dont les systèmes sont déjà huilés.

La ministre Freeland a indiqué que c’est une infrastructure sociale qui stimulerait l’emploi et la croissance.

«C’est une politique économique féministe. C’est une politique économique très sensée. Je fais cette promesse aux Canadiens, en tant que ministre des Finances et en tant que mère qui travaille. Nous allons y arriver», a-t-elle souligné.

Quant à l’augmentation des transferts canadiens en santé de 28 milliards que les provinces revendiquent, Ottawa a réitéré la réponse du premier ministre Justin Trudeau à savoir qu’elle sera examinée à la fin de la pandémie. Le gouvernement fédéral envisage ainsi d’ajouter un peu plus de 100 milliards de dollars d’investissements sur trois ans aux dépenses déjà estimées à 272 milliards en 2020-2021 et 76 milliards en 2021-2022.

Budget «intéressant» mais…

Le Bloc Québécois s’est réjoui de voir qu’un certain nombre de ses demandes ont été entendues. Le parti accueille favorablement, par exemple, la taxation des géants du Web à 3 % de leurs revenus (à condition que davantage de garanties soient offertes à la culture québécoise), le soutien au tourisme et à la culture à hauteur de 1 milliard $ et le prolongement des mesures fédérales de soutien aux personnes et entreprises à travers la pandémie.

Sous réserve de là où l’argent sera dépensé, le Bloc Québécois salue également les sommes allouées aux secteurs importants au Québec de l’aérospatiale, de l’électrification des transports, de la forêt et des pharmaceutiques.

Il reproche par contre au gouvernement fédéral de rester sourd aux deux principales revendications du Québec: la hausse des transferts en santé et un meilleur soutien aux aînés qui, selon lui, méritent mieux que ce que propose Ottawa. «Ottawa limite son soutien aux aînés à un paiement unique de 500$ l’été prochain pour les 75 ans et plus seulement, créant ainsi deux classes d’aînés», déplorent le chef Yves-François Blanchet et le député de Bécancour-Nicolet-Saurel, Louis Plamondon, qui réclamaient «une hausse significative de la pension de vieillesse dès 65 ans».

Le Bloc considère également que la hausse des prestations de maladie de l’assurance-emploi de 15 semaines à 26 est «trop peu tant qu’il ne s’agit pas de 50 semaines».